| | Br�ve post�e le Jeudi 20 Novembre 2003 Temp�te sous la Coupole
Depuis le 10 mai 1981, Val�ry Giscard d�Estaing s�ennuie.
Successivement futur chef de la droite fran�aise, futur candidat � un retour � l��lys�e, futur Talleyrand au Quai d�Orsay, futur Pr�sident de l�Europe unie, Giscard n�en finit pas de s�imaginer un avenir. Aujourd�hui, il voudrait donc ajouter une nouvelle teinte aux trois couleurs r�publicaines devant lesquelles, en 1974, il �tait si fier de poser pour la photographie royale� pardon pr�sidentielle. Mais l�ancien chef d��tat ne pouvait pas choisir le rose (trop socialiste), l�orange (trop service de t�l�phonie mobile) ou le jaune (trop vaticanesque). Son choix se porta donc sur le vert, celui de l�habit des Immortels.
Mais certains de ceux-ci devinrent verts de rage � l�annonce de cette nouvelle. Et le d�bat politique alors s�invita dans le sanctuaire des lettres : jeudi 13 novembre 2003, dans le Figaro litt�raire, le secr�taire perp�tuel honoraire de l�Acad�mie fran�aise Maurice Druon d�non�ait ainsi une candidature plus politique que litt�raire. Giscard a eu beau envoyer son projet de constitution pour l�Europe aux locataires du Quai Conti, on ne peut s�emp�cher de se rappeler que le m�me homme avait commis un roman aux passages platement �rotiques (Le Passage), loin des M�moires d�espoir de De Gaulle, ou m�me de La Paille et le grain de Mitterrand. Et m�me si les �crivains ne sont pas les seuls � si�ger � l�Acad�mie, et m�me si Pierre Messmer occupe d�j� le fauteuil n�13 et Roger-G�rard Schwartzenberg brigue le si�ge de Georges Vedel, et m�me si Giscard laissera s�rement une marque europ�enne dans l�Histoire, sa candidature semble �tre celle d�un homme en qu�te de reconnaissance, au moment o� l�honneur d��tre le premier � Pr�sident � de l�Europe unie semble s��loigner, et alors qu�il semblait avoir laiss� entendre au Conseil constitutionnel (o� il peut si�ger de droit en tant qu�ancien Pr�sident) son arriv�e prochaine.
Et l�on se souvient aussi que Val�ry Giscard d�Estaing pose sa candidature au fauteuil de L�opold S�dar Senghor, aux fun�railles duquel Jacques Chirac et Lionel Jospin n�avaient pas daign� se rendre, trop pris (peut-�tre) par leurs campagnes �lectorales. Un ancien Pr�sident de la R�publique pour succ�der � un �crivain dont la mort fut presque oubli�e par cette m�me R�publique ? Et Val�ry Giscard d�Estaing s��tait-il rendu, lui, aux fun�railles de S�dar Senghor, au S�n�gal ?
Olivier Stroh
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