|
Peut-on taper sur un membre ? Par
membre, j'entends une chose large. Que l'on soit directeur litt�raire, petit votant d'un grand prix ou journaliste, �tre membre est la meilleure mani�re d'�tre publi� sans encombre. Comprendre sans mauvaises critiques. A croire que
tous les Ecrivains en qu�te de su�ons moelleux se lanceraient dans une occupation de membre pour se prot�ger. Ou le contraire forc�ment : on publie parce que l'on est membre. Les �diteurs se disent s�rement : "tiens avec lui,
on ne risque rien sur la presse". Et voil�, peu importe le contenu, l'essentiel �tant ce qu'on en tire.
Dernier exemple en date : Assouline. On ne peut pas taper sur Assouline, c'est physiquement, mat�riellement
impossible. Le seul assez pervers pour s'en �tre sorti, c'est Fr�d�ric Bgbd (comme on dit, il para�t). Il a avou� les mains presque dans le dos : "J'aurais aim� dire du mal du livre d'Assouline mais puisqu'on ne peut pas le
faire, je suis d�sol� de dire que j'ai aim� le livre !". Quel brio. Il arrive � rester fid�le � la sacro-sainte loi du "on ne peut pas taper sur un membre" et � sa r�putation, genre incorruptible, en laissant
comprendre que l'on ne peut pas en dire du mal et que lui en disant le bien qu'il en pense laisse planer un doute (donc, petit pervers). La critique du membre est sportivement d�licate, seuls les meilleurs s'en sortent.
Les
grands critiques et directeurs litt�raires sont aussi des �crivains. Dans le genre "quand je publie, vous �tes cern�s", on ne fait pas mieux. La question n'est pas de discuter de la valeur de leurs romans, mais de savoir
s'il est possible ou non de critiquer quelqu'un d'�tabli. Avec de telles tentacules, on crierait au g�nie m�me si n'�taient publi�es que des pages blanches. Certes, il y a des nuances dans le blanc. Le livre de l'un d'entre
eux a �t� pr�c�d� d'une rumeur �v�nementielle pour rapidement plonger dans de petits ricanements de couloirs. Ouf, ouf. La premi�re semaine a �t� des plus �logieuses avant que je ne surprenne un grand critique (�tant moi-m�me petit
membre, je ne peux me permettre de citer son nom� C'est que j'ai de l'ambition !) l�cher : "S'il avait �t� un inconnu publiant chez Anne Carri�re, il n'aurait pas eu une ligne ! ". Et � qui, il disait tout �a le
critique ? A Olivier Nora. (Au passage, je pr�cise que le journal dirig� par le th�oricien de la "th�orie Anne Carri�re" (sortant le jeudi et qui commence par un E) s'�tait fendu d'une critique �mue et �mouvante sur le
roman en question). D'o� la r�ponse de Nora : "Si tu n'avais pas aim�, il fallait avoir le courage de le dire". Ah, voil� le vilain mot. Le courage. Seulement, le courage se fait petit dans le filet d'un membre.
Enfin, au cas o� je n'aurais pas �t� assez clair, j'enfonce le clou avec une autre anecdote. Pascale Clark qui publie un livre sur la vaginite (pas lu) est membre de France inter et officieuse de la c�r�monie dite de la
revue de presse. Mouvement fondamentaliste de 4 millions d'auditeurs. Ca, c'est du membre. Une grande journaliste d'un grand hebdomadaire (je ne citerai pas son nom pour les raisons pr�c�demment d�crites, mon histoire
d'ambition...) me dit : "Son livre ferait presque de Maryse Wolinski un grand Ecrivain ". Ouh, j'ai sursaut� devant la violence du comparatif. Et l� d'ajouter : "Mais, je crois que nous allons devoir en parler".
Sans commentaires.
Enfin, pour conclure, je note que tout le monde se d�cha�ne sur Paul Sma�l. Dans le monde des membres, le pseudo a bon dos. M�me si tout le monde sait que c'est JA L�ger, puisqu'il prend un pseudo et qu'il
ne veut rien admettre le bougre alors il se prend des casseroles � tout va. Pr�t � parier qu'avec le m�me livre publi� sous son vrai nom, il aurait eu droit � une presse de membre.
Donc, pour les membres qui r�vent d'avoir
un jour de vrais critiques, tentez le pseudo ! DF |
|
|