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Prix de Flore : le prix des branch�s Manuel Carcassonne m'a dit du S�vign�
qu'il �tait l'anti-prix de Flore. En effet, la r�ception-cocktail un peu guind�e du Lut�tia, qui couronne la remise de la r�compense � la meilleure correspondance publi�e de l'ann�e, n'a
strictement rien � voir avec la fiesta joyeuse et explosive organis�e tous les ans depuis 1994 au Flore par les patrons du Caf� et par le cercle d'amis qui compose le jury.
Le prix de Flore est venu remplacer un autre prix, autrefois instaur� en tant que parodie de la kyrielle de prix litt�raires qui rythment
le monde de l'�dition tous les automnes. Et ses concepteurs de se prendre � leur propre jeu : l'organisation est de plus en plus �labor�e, les d�lib�rations croissent en longueur et en d�clarations passionn�es, le
" pot " du Caf� de Flore attire de plus en plus de monde. Premier �tage, rez-de-chauss�e et m�me terrasse couverte sont bond�s, on se marche dessus, toujours en riant, les mains poisseuses du rhum des cr�pes
flamb�es, on se reconna�t, on se bise, on fait connaissance puis on s'aper�oit que, Mon Dieu ! le monde est petit�
Les curieux s'agglutinent devant les vitres d�s 19h30 pour entrevoir quelques t�tes connues, de Jennifer Kouassi � Jean-Paul Enthoven, et entendre quelques
miettes du concert ; ils ne quittent leur poste d'observation qu'une fois les invit�s repartis et les privil�gi�s envol�s vers la Closerie des Lilas pour le traditionnel repas. Une aire enti�re du restaurant est
place ch�re et gard�e : une table " Figaro ", une table " Amazon ", une table " Grasset ", une table " Technikart "� Les fid�les se retrouvent et
se rassemblent. Puis se dispersent. Beno�t Duteurtre et Michel Houellebecq s'amusent, Jean-Jacques Schuhl se balade entre les tables, Nicolas Rey passe de l'une � l'autre, radieux ; d'autres, qui sortent de
La Dame aux Cam�lias ext�nu�s, soupirent d'aise.
Ce ne sont ni les 40 000 francs, et encore moins le verre de Pouilly grav� au nom de l'heureux �lu qui d�terminent du futur succ�s du vainqueur. Si l'obtention du
prix de Flore est aujourd'hui tr�s pris�e par les �crivains autant que par leurs �diteurs, c'est qu'il couronne une t�te jeune de pr�f�rence ; un encouragement en somme, qui tend � symboliser qu'une �toile est en
train de na�tre, qu'on l'a rep�r�e et qu'on l'invite � poursuivre sous le patronat bienveillant de l'�lite intellectuelle et branch�e parisienne. Vincent Ravalec, prix de Flore 1994 pour son Cantique de la racaille (Le
Dilettante), a continu� le chemin brillant qu'on lui pr�disait alors. Il est partout, du cin�ma au roman et aux nouvelles en passant par les livres d'enfants illustr�s ; les projets fusent et n'ont pas le temps d'infuser que
d�j� l'artiste est reparti sur autre chose. Virginie Despentes poursuit �galement sa lanc�e d'apr�s Les Jolies Choses (Grasset), sous des feux de rampe allum�s aussi bien pour le talent qu'on ne peut lui nier
que pour les censures, dont elle a �t� victime. D'autres, tels que Jaenada avec Le chameau sauvage, embraient sur de nouveaux �crits, certes beaucoup moins m�diatis�s mais tr�s attendus par tout le milieu litt�raire.
Cette ann�e le prix �tait parrain� par Amazon.fr, le jury compos� des
habituels : Fr�d�ric Beigbeder, Jacques Braunstein, Carole Chr�tiennot, Manuel Carcassonne, Mich�le Fitoussi, Jean-Ren� Van Der Plaetsen, Fran�ois Reynaert, Jean-Pierre Saccani, Bertrand de St Vincent, Fr�d�ric
Tadd�i, Christophe Tison, Philippe Vandel, Arnaud Viviant.
Le vainqueur : Nicolas Rey pour son deuxi�me roman M�moire Courte (�ditions Diable Vauvert), apr�s Treize Minutes. Les trois autres
concurrents en lice : Yann Moix pour Anissa Corto (Grasset) et qui �tait son principal adversaire, Jean-Jacques Schuhl pour Ingrid Caven (l'Infini) qui ne l'�tait plus depuis le Goncourt, et Christine Angot pour
Quitter la Ville (Stock) � qui ne l'a jamais vraiment �t�. Remise du prix par le pr�sident d'honneur Miroslav Slijegovic, discours de celui qui l'emporte,
la f�te bat de son plein jusqu'� 23h et Fr�d�ric Vignale de prendre photo sur photo pour enrichir ses sites d'auteurs. Une des soir�es les plus anim�es de l'ann�e au Caf� de Flore, m�me si Pierre-Louis semblait
d�plorer une certaine lenteur dans la mise en route de l'ambiance g�n�rale, et disait avoir trouv� les discussions au bar de la Closerie, aux environs de deux heures du mat', plus proches de " l'esprit " Flore.
En attendant le mois de novembre prochain, qui
r�compensera un autre jeune auteur de talent, vous pouvez toujours aller lire les nouvelles �crites sur la soir�e elle-m�me par les laur�ats des ann�es pr�c�dentes (une tradition du prix de Flore). Des textes
que vous pouvez consulter dans nos in�dits, ou sur le site du Flore (www.cafe-de-flore.com) qui vous permettront de saisir quelques impressions et fragrances per�ues par les vainqueurs lors de leurs triomphes�
lire la
nouvelle de Houellebecq sur la soir�e de la remise de son prix
Jessica L. Nelson |
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