Anissa Corto

Yann Moix
Editions Grasset©, 2000

quatri�me de couverture

"Tu vois Maria, je l'ai termin�, mon livre. C'est un peu gr�ce � toi. Les nuits  que j'ai pass�es � �crire Anissa Corto sont des nuits o� je n'ai pens� qu'� ton regard par-dessus mon �paule. J'ai tent�, � chaque phrase, de deviner tes exclamations, ton �tonnement, tes doutes. Il m'est arriv� de te retrouver �  S�o Paulo, pour �crire aupr�s de toi. Aupr�s de toi, je n'�crivais pas beaucoup.


J'ai tr�s peur de ta r�action � pr�sent. Ce que je pensais �tre immense, parcouru par tes yeux, va s'excuser d'avoir �t� �crit. C'est trop  tard. Mon style va se retrouver en slip au milieu de la cour. Tout est l�, en place, imprim�, fig�, d�finitif, tout est l� qui t'attend et te craint.


J'essaie de gagner du temps, mais tu es peut-�tre d�j� en train de  regarder la couverture, d'ouvrir le livre, d'isoler quelques bribes au passage, pr�levant, � la mani�re des chimistes, les �chantillons qui te suffiront pour juger l'ensemble. Je ne peux plus reculer ; il ne me reste qu'� te  faire face. Ou a fuir.


Je n'ai pas essay� de faire le malin. Tu n'aurais pas �t� dupe ; j'ai voulu suivre ma pente naturelle, sans jamais forcer les mots, sans jamais chercher � impressionner quiconque, et surtout  pas toi. Tu verras, je serai tour � tour path�tique et excessif, lyrique et n�vros�. Comme dans la vie. Je serai tour � tour moi-m�me. Anissa Corto, ce n'est pas Madame Bovary, d'accord, mais c'est moi.


Voil�, je me  tais. Je te laisse. Comme chaque fois que je sors un livre, je me sens minuscule ; surtout � c�t� de mes ma�tres, les grands, les morts, que je salue debout sur mon escabeau.


Je t'aime.

       Yann"

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