Entretien avec André Schiffrin the new press
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Dans une brève interview accordé à Zone, André Schiffrin,
fondateur de la maison d'édition indépendante The New
press et auteur de l'édition sans éditeurs et le
contrôle de la parole (Ed. La Fabrique), parle de l'édition
américaine. Entretien
Zone littéraire - Vous décrivez dans vos ouvrages une vision
apocalyptique de l'édition aux USA: rentabilité à tous crins,
baisse de la qualité... Cinq ans après "l'édition sans éditeurs",
Qu'en est il ?
AS: Nous sommes en plein dans la deuxième phase de
concentration, lorsque les grands groupes se consolident en
éliminant les éditeurs "sérieux" en leur sein. Le phénomène est
d'ailleurs en train de se reproduire en France, comme au
Seuil-La Martinière. Avec un ou deux ans de retard, comme
toujours. La situation dans ce groupe reflète celle aux USA, où
chaque livre doit être rentable.
Qu'est ce qui forge la culture littéraire aux USA ? Qu'apprend
on aux écoliers ?
L'Amérique vit dans la culture occidentale. De fait, la culture
commence avec les grecs et les romains. Mais il y a aussi les
classiques américains, comme Mark Twain. Edgar Allan Poe a
quant à lui toujours été plus apprécié en France, à cause de
Baudelaire. Tout comme, actuellement, quelqu'un comme Paul
Auster. Il y a une américanophilie étonnante en France.
Beaucoup d'auteurs américains sont très appréciés. On peut
également citer l'exemple de Jérôme Charyn.
Les USA sont ils ouverts aux autres littératures?
Le grand changement est qu'on enseigne moins les langues
vivantes, les américains ne sont donc pas vraiment tournés vers
la littérature étrangère. C'est directement lié à la politique
isolationniste du gouvernement. Je sors actuellement "la
maitresse de Brecht" [de Jacques-Pierre Amette, prix
Goncourt 2003, Ed. Albin-Michel, ndlr]. Je ne me fais pas
d'illusions, j'ai très peu de chances d'avoir un papier dans un
journal, le Goncourt ne change pas grand chose. Le plus grand
éditeur de littérature française après the New press, sont les
presses universitaires du Nébraska, qui ont traduit Houellebecq.
C'est vous dire.
La liste des best sellers du New York times présente une
majorité de romans policiers (James Patterson, Sue Grafton,
Nicholas Sparks, aux trois premières places), qu'en pensez
vous?
Ca ne change jamais beaucoup. L'évolution la plus importante a
eu lieu sur les non-fiction books [les essais, ndlr]: les
best-sellers sont maintenant des livres pro- ou anti-Bush. Il y a
quelques temps, les grands groupes n'osaient pas faire de
critiques du président. C'était une décision politique, pas
commerciale. Les seuls qui ont édités des livres sur le sujet,
c'était nous.
Propos recueillis par Laurent simon
Zone Littéraire correspondant
André Schiffrin
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
fondateur de la maison d'édition indépendante The New
press et auteur de l'édition sans éditeurs et le
contrôle de la parole (Ed. La Fabrique), parle de l'édition
américaine. Entretien
Zone littéraire - Vous décrivez dans vos ouvrages une vision
apocalyptique de l'édition aux USA: rentabilité à tous crins,
baisse de la qualité... Cinq ans après "l'édition sans éditeurs",
Qu'en est il ?
AS: Nous sommes en plein dans la deuxième phase de
concentration, lorsque les grands groupes se consolident en
éliminant les éditeurs "sérieux" en leur sein. Le phénomène est
d'ailleurs en train de se reproduire en France, comme au
Seuil-La Martinière. Avec un ou deux ans de retard, comme
toujours. La situation dans ce groupe reflète celle aux USA, où
chaque livre doit être rentable.
Qu'est ce qui forge la culture littéraire aux USA ? Qu'apprend
on aux écoliers ?
L'Amérique vit dans la culture occidentale. De fait, la culture
commence avec les grecs et les romains. Mais il y a aussi les
classiques américains, comme Mark Twain. Edgar Allan Poe a
quant à lui toujours été plus apprécié en France, à cause de
Baudelaire. Tout comme, actuellement, quelqu'un comme Paul
Auster. Il y a une américanophilie étonnante en France.
Beaucoup d'auteurs américains sont très appréciés. On peut
également citer l'exemple de Jérôme Charyn.
Les USA sont ils ouverts aux autres littératures?
Le grand changement est qu'on enseigne moins les langues
vivantes, les américains ne sont donc pas vraiment tournés vers
la littérature étrangère. C'est directement lié à la politique
isolationniste du gouvernement. Je sors actuellement "la
maitresse de Brecht" [de Jacques-Pierre Amette, prix
Goncourt 2003, Ed. Albin-Michel, ndlr]. Je ne me fais pas
d'illusions, j'ai très peu de chances d'avoir un papier dans un
journal, le Goncourt ne change pas grand chose. Le plus grand
éditeur de littérature française après the New press, sont les
presses universitaires du Nébraska, qui ont traduit Houellebecq.
C'est vous dire.
La liste des best sellers du New York times présente une
majorité de romans policiers (James Patterson, Sue Grafton,
Nicholas Sparks, aux trois premières places), qu'en pensez
vous?
Ca ne change jamais beaucoup. L'évolution la plus importante a
eu lieu sur les non-fiction books [les essais, ndlr]: les
best-sellers sont maintenant des livres pro- ou anti-Bush. Il y a
quelques temps, les grands groupes n'osaient pas faire de
critiques du président. C'était une décision politique, pas
commerciale. Les seuls qui ont édités des livres sur le sujet,
c'était nous.
Propos recueillis par Laurent simon
Zone Littéraire correspondant
André Schiffrin
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
Last modified onmercredi, 01 juillet 2009 00:02
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