Rencontre avec Amélie de Bourbon Parme
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A la genèse du livre ?
Interpellée de voir que j'étais très "liée" à cette histoire que je connaissais... L'histoire de Louis XVII est très impersonnelle, elle a été reprise par bon nombre d'écrivains et d'historiens. Or je n'avais pas étudié ma généalogie en détail, et je ne savais pas que je descendais de Marie-Thérèse et de Louis XVII. Donc le lien familial est apparu très net à la lecture du journal. L'information circule assez mal dans la famille, je ne savais pas par exemple que mon oncle et ma tante avait donné un peu de sang et de cheveux pour les analyses scientifiques... ce lien c'est accentué par le fait que le cœur de Louis XVII est vieux de plus de deux siècles et que ce n'est pas juste une comparaison que l'on fait entre des personnes vivantes. Il y a un vrai décalage et une évidence telle que je me suis sentie la nécessité de faire part de cette histoire : moi vivante, alors que Louis XVII était mort depuis deux siècles et que l'affaire n'était pas classée et pourtant enterrée...
Cette envie d'écrire était-elle présente depuis longtemps ?
J'avais déja le désir d'écrire un livre, et celui là a vraiment été ma première tentative. J'ai toujours voulu être journaliste et j'appréhendais de me retrouver face à moi-même. Ma rencontre avec Philippe Sollers à été décisive et m'a énormément donné d'énergie et de confiance en moi pour me lancer. Il m'a demandé de lui donner à lire les 20 premières pages, puis il m'a rappelée le jour même en me disant qu'il était très ému et que c'était très bien. J'ai archivé le message sur mon répondeur car c'était un moment exceptionnel !
Le fait d'entrelacer des considérations présentes, de mélanger l'historique au romanesque était un choix d'écriture de départ ?
C'était une façon de faire apparaître de manière concrète et littéraire toute l'anecdote historique qui est à l'origine du livre. Je voulais que tout d'un coup le présent déborde dans le passé et vice versa, puisque ce sont des personnes vivantes qui ont permis d'identifier un cœur si âgé. La coupure entre le passé et le présent a été complètement effacée. Il y a une telle remise en cause de notre façon de voir les choses, de penser de manière chronologique que c'est ce que j'ai décidé de faire apparaître, de façon un peu désordonnée. Il fallait dire que le présent n'est finalement pas aussi présent que le passé et que tout peut se retrouver, se mélanger.
Et puis je voulais aussi montrer que l'histoire n'est pas toujours pour les manuels scolaires, avec des frises chronologiques, mais que l'histoire est bel et bien vivante. C'était également une manière d'échapper à la prison, de prouver qye quelque chose de confiné dans l'espace et dans le temps est lié à un nombre de choses incalculables. Dont moi en particulier. Ce dont je n'ai cessé de m'émerveiller tout au long du livre ; un sentiment sincère avant tout...
T'es-tu heurtée à des difficultés pour les recherches historiques et scientifiques ?
J'ai fait beaucoup de recherches en bibliothèque, à la Sorbonne. J'ai pris les premières biographies qui avaient été faites de Louis XVII et qui avaient bénéficié de témoignages de personnes encore vivantes, dont les fameux gardiens du Temple. C'était important d'avoir une base réelle pour que je puisse m'en échapper tout en restant très proche de la réalité, c'était le principe du livre. Quand j'ai essayé de comprendre comment les événements s'étaient vraiment déroulés (car il y a des détails non expliqués, donc il faut parfois romancer).
Comment a été accueillie l'idée d'écrire un livre sur Louis XVII dans ta famille ?
Ma démarche est vraiment personnelle face à cette histoire. Je n'ai pas eu d'échos particuliers, les membres de ma famille ne sont peut- être pas très à l'aise avec l'idée d'une démarche à la fois historique et intime, ce n'est pas dans la norme de dire " je ". Il me semble que, intellectuellement, cela ne les intéresse pas de se mettre en scène face à l'Histoire. Je le répète, ma démarche a été solitaire, absolument pas sponsorisées par les Bourbon Parme...
Il n'a pas été évident pour moi de me confronter à un événement cruel et symbolique, et de ne pas prendre parti ; c'est là que l'on voit les limites entre un livre historique polémique et un roman qui a une stricte ambition littéraire.
Est-ce que tu penses que les scientifiques ont pleinement réalisé l'enjeu de ces expertises ?
Oui, les scientifiques ont pris beaucoup de précautions. Ils ont été choisis en raison de leur impartialité historique, car l'histoire est encore trop imprégnée dans l'imaginaire des gens et il fallait y aller en douceur. Il s'agissait d'experts Belges et Allemands. Rigueur et l'objectivité étaient nécessaires dans cette histoire d'émotions...
Ces analyses ont fait suite à une réhabilitation plus officielle de Louis XVII ?
Il a été demandé à ce que soit fait un monument funéraire avec une commémoration, or ce n'est que le Président de la république qui peut l'autoriser et Chirac a dit qu'il était d'accord s'il était réélu ! Il y a aussi des royalistes fervents qui veulent faire un enterrement en bonne et due forme.
D'autres projets littéraires ?
Oui. J'ai commencé quelque chose d'autre, ce ne sera pas une histoire aussi pointue que celle-ci mais se sera avec un décor historique, des personnages qui ont existé, et cela se déroulera en Italie. J'aimerais continuer avec Gallimard par la suite...
Je n'ai pas envie d'employer le terme de roman historique au sujet de mon prochain livre car il me semble un peu péjoratif, alors ne le qualifiez pas comme tel s'il-vous-plaît...
Promis !
Marie-Cécile Rauber
Zone Littéraire correspondant
La sacre de Louis XVII
Amélie de Bourbon Parme
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
Interpellée de voir que j'étais très "liée" à cette histoire que je connaissais... L'histoire de Louis XVII est très impersonnelle, elle a été reprise par bon nombre d'écrivains et d'historiens. Or je n'avais pas étudié ma généalogie en détail, et je ne savais pas que je descendais de Marie-Thérèse et de Louis XVII. Donc le lien familial est apparu très net à la lecture du journal. L'information circule assez mal dans la famille, je ne savais pas par exemple que mon oncle et ma tante avait donné un peu de sang et de cheveux pour les analyses scientifiques... ce lien c'est accentué par le fait que le cœur de Louis XVII est vieux de plus de deux siècles et que ce n'est pas juste une comparaison que l'on fait entre des personnes vivantes. Il y a un vrai décalage et une évidence telle que je me suis sentie la nécessité de faire part de cette histoire : moi vivante, alors que Louis XVII était mort depuis deux siècles et que l'affaire n'était pas classée et pourtant enterrée...
Cette envie d'écrire était-elle présente depuis longtemps ?
J'avais déja le désir d'écrire un livre, et celui là a vraiment été ma première tentative. J'ai toujours voulu être journaliste et j'appréhendais de me retrouver face à moi-même. Ma rencontre avec Philippe Sollers à été décisive et m'a énormément donné d'énergie et de confiance en moi pour me lancer. Il m'a demandé de lui donner à lire les 20 premières pages, puis il m'a rappelée le jour même en me disant qu'il était très ému et que c'était très bien. J'ai archivé le message sur mon répondeur car c'était un moment exceptionnel !
Le fait d'entrelacer des considérations présentes, de mélanger l'historique au romanesque était un choix d'écriture de départ ?
C'était une façon de faire apparaître de manière concrète et littéraire toute l'anecdote historique qui est à l'origine du livre. Je voulais que tout d'un coup le présent déborde dans le passé et vice versa, puisque ce sont des personnes vivantes qui ont permis d'identifier un cœur si âgé. La coupure entre le passé et le présent a été complètement effacée. Il y a une telle remise en cause de notre façon de voir les choses, de penser de manière chronologique que c'est ce que j'ai décidé de faire apparaître, de façon un peu désordonnée. Il fallait dire que le présent n'est finalement pas aussi présent que le passé et que tout peut se retrouver, se mélanger.
Et puis je voulais aussi montrer que l'histoire n'est pas toujours pour les manuels scolaires, avec des frises chronologiques, mais que l'histoire est bel et bien vivante. C'était également une manière d'échapper à la prison, de prouver qye quelque chose de confiné dans l'espace et dans le temps est lié à un nombre de choses incalculables. Dont moi en particulier. Ce dont je n'ai cessé de m'émerveiller tout au long du livre ; un sentiment sincère avant tout...
T'es-tu heurtée à des difficultés pour les recherches historiques et scientifiques ?
J'ai fait beaucoup de recherches en bibliothèque, à la Sorbonne. J'ai pris les premières biographies qui avaient été faites de Louis XVII et qui avaient bénéficié de témoignages de personnes encore vivantes, dont les fameux gardiens du Temple. C'était important d'avoir une base réelle pour que je puisse m'en échapper tout en restant très proche de la réalité, c'était le principe du livre. Quand j'ai essayé de comprendre comment les événements s'étaient vraiment déroulés (car il y a des détails non expliqués, donc il faut parfois romancer).
Comment a été accueillie l'idée d'écrire un livre sur Louis XVII dans ta famille ?
Ma démarche est vraiment personnelle face à cette histoire. Je n'ai pas eu d'échos particuliers, les membres de ma famille ne sont peut- être pas très à l'aise avec l'idée d'une démarche à la fois historique et intime, ce n'est pas dans la norme de dire " je ". Il me semble que, intellectuellement, cela ne les intéresse pas de se mettre en scène face à l'Histoire. Je le répète, ma démarche a été solitaire, absolument pas sponsorisées par les Bourbon Parme...
Il n'a pas été évident pour moi de me confronter à un événement cruel et symbolique, et de ne pas prendre parti ; c'est là que l'on voit les limites entre un livre historique polémique et un roman qui a une stricte ambition littéraire.
Est-ce que tu penses que les scientifiques ont pleinement réalisé l'enjeu de ces expertises ?
Oui, les scientifiques ont pris beaucoup de précautions. Ils ont été choisis en raison de leur impartialité historique, car l'histoire est encore trop imprégnée dans l'imaginaire des gens et il fallait y aller en douceur. Il s'agissait d'experts Belges et Allemands. Rigueur et l'objectivité étaient nécessaires dans cette histoire d'émotions...
Ces analyses ont fait suite à une réhabilitation plus officielle de Louis XVII ?
Il a été demandé à ce que soit fait un monument funéraire avec une commémoration, or ce n'est que le Président de la république qui peut l'autoriser et Chirac a dit qu'il était d'accord s'il était réélu ! Il y a aussi des royalistes fervents qui veulent faire un enterrement en bonne et due forme.
D'autres projets littéraires ?
Oui. J'ai commencé quelque chose d'autre, ce ne sera pas une histoire aussi pointue que celle-ci mais se sera avec un décor historique, des personnages qui ont existé, et cela se déroulera en Italie. J'aimerais continuer avec Gallimard par la suite...
Je n'ai pas envie d'employer le terme de roman historique au sujet de mon prochain livre car il me semble un peu péjoratif, alors ne le qualifiez pas comme tel s'il-vous-plaît...
Promis !
Marie-Cécile Rauber
Zone Littéraire correspondant
La sacre de Louis XVII
Amélie de Bourbon Parme
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
Last modified onlundi, 04 mai 2009 21:48
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