| | Amette, Goncourt du centenaire
Les 21 octobre 2003 remplacent les 3 novembre. C�est ce jour-l� que les jur�s du prix litt�raire le plus prestigieux, le prix Goncourt, devaient d�cerner leur r�compense. Mais comme pour marquer sa jeunesse l�ann�e de son centenaire, le prix Goncourt a �t� d�voil� avec quinze jours d�avance.
Goncourt plus vite que les autres
Le roman de Jacques-Pierre Amette, La Ma�tresse de Brecht (Albin Michel), a ainsi obtenu la distinction au cinqui�me tour de scrutin par sept voix contre deux pour Windows on the world (roman de Fr�d�ric Beigbeder, publi� par Grasset) et une � Dans la guerre d�Alice Ferney (Actes Sud). Le jury a d�embl�e affirm� que � la r�compense voulue et cr��e par Edmond de Goncourt [�] sera donc en 2003 particuli�rement attrayante et comment�e �. Dont acte.
Ainsi les jur�s ont-ils justifi� leur v�locit� en pr�tendant qu�il leur �tait � apparu dommage que l��crivain b�n�ficiaire de cette distinction exceptionnelle ne soit peut-�tre pas, � cause d�un ordre des dates et d�alternance, notre pr�f�r� parce que ce dernier aurait d�j� �t� choisi par un autre jury. C�est pourquoi nous avons pris la libert� de faire conna�tre quelques jours en avance notre choix. � Cet �pisode burlesque renvoie � la difficult� de ces prix litt�raires qui, s�ils visent � magnifier l��criture, instillent dans le monde des lettres une donn�e qui lui est essentiellement �trang�re : la comp�tition. Apr�s celle entre les auteurs, 2003 innove en organisant celle des prix, dans une mise en abyme de plus en plus d�rangeante.
Mais la r�compense se voulait cette ann�e � attrayante � (sic). Quand Edmond de Goncourt (que l�on ne tiendra pas na�vement pour un auteur �loign� des mondanit�s, des distinctions et de tout ce qui gravite autour de la litt�rature, sans en �tre) cr�a sa distinction, le seul et unique but �tait de d�cerner un prix � au meilleur volume d�imagination en prose �. Or, le choix du qualificatif � attrayant � renvoie � la balance que La Ma�tresse de Brecht est cens�e effectuer avec le pr�c�dent Goncourt, Les Ombres errantes (Grasset) de Quignard. L�an dernier, le jury avait choisi un auteur m�connu du grand public mais reconnu pour sa ma�trise de la langue (et m�me d�j� entr� dans l�histoire litt�raire); cette ann�e, le prix renoue avec une conception plus instantan�e de la litt�rature en distinguant un roman qui ne subira pas la critique de l�herm�tisme, susceptible m�me de trouver un large lectorat.
Les amours contrari�es de Maria Eich
Dans son roman La Ma�tresse de Brecht, Jacques-Pierre Amette, critique litt�raire du Point depuis trente ans, invente une ma�tresse de plus � l��crivain Bertold Brecht, actrice que celui-ci engage pour jouer Antigone au sein du Berliner Ensemble qu�il dirige, apr�s plusieurs ann�es d�exil, dans la RDA d�apr�s-guerre. La com�dienne, nomm�e Maria Eich, sera cependant approch�e par la Stasi pour espionner l�auteur et devra alors se partager entre son travail d�actrice et ses missions d�espionne. Entre sa relation d�amante officielle de l�auteur g�nial et odieux et son amour passionn�, platonique, pour l�officier qui l�a recrut�e, Hans Trow.
Amette joue l� avec les difficult�s de cette femme d�assumer les r�les qu�on lui demande de jouer. La dissection d�une relation qui en cache une autre.
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