#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Seulement S�gur


Le roman d'amour est un art. Le r�ussir rel�ve de l'exploit.
Avec Seulement l'amour, Philippe S�gur revient l� o� on
ne l'attendait pas et signe un roman majeur dans cette rentr�e
hivernale. Entretien avec la po�tique de l'auteur toulousain...



Apr�s Po�tique de l��gorgeur, qu�est-ce qui a motiv�
l��criture d�un roman sur l�amour ?


�a faisait longtemps que je voulais �crire sur l�amour. Et ce
pour plusieurs raisons. D�abord je voulais payer mon tribut aux
lectures qui ont marqu� ma jeunesse, les classiques comme
des nouvelles d�Edgar Allan Poe ou des nouvelles de Villiers de
l�Isle-Adam telle que Vera. Ce sont des textes qui m�ont
marqu� il y quelques ann�es. Je voulais rendre ce que j�avais
re�u. Ensuite, il fallait marquer une diff�rence avec les histoires
d�amour. Il y a une tradition dans les romans d�amour que je
voulais mettre en sc�ne avec une distance. D�crire un amour
comme une image d�Epinal sans compl�tement y adh�rer, c�est
pour moi, l�impulsion de l��criture. Et pour cela il faut creuser
des th�mes. La dualit� m�int�resse. D�abord celle entre
Hippolyte et Mado, puis celle d�Hippolyte et Hippo qui, avec vingt
ans d'�cart, ont du mal � se comprendre.

La musique est extr�mement pr�sente tout au long du
roman, est-ce qu�elle pr�c�de l��criture ou au contraire elle
l�illustre ?


La bande originale du livre, c�est une alchimie qui se fait. Pour
Depeche Mode, j�ai cherch� le morceau avec un caract�re
hypnotique. J�aime le groupe depuis le d�but alors j�ai fouill�
dans leur discographie. C�est all� tr�s vite pour Something to
do
, en plus la pochette correspondait alors� Pour d�autres
sc�nes comme celle o� Hippo est soulag� apr�s l��chographie,
la musique des Happy Mondays a dict� l��criture. La
musique est essentielle pour moi et pour le livre. Comme
beaucoup, j�archive mes souvenirs en fonction de la musique.

Vous situez l�intrigue de Seulement l�amour autour du
milieu hospitalier et vous en tirez un bilan parfaitement juste de
ce que le monde m�dical peut avoir de contradictoire...


C�est une continuit� de Po�tique de l��gorgeur. Je n�avais
pas termin� avec �a. Il fallait poursuivre. Le monde de l�h�pital
est passionnant. C�est un milieu o� les m�decins sont dans
une grande contradiction. La dimension de l�h�pital est tragique.
Il y a une certitude d�s le d�part. Celle que tout est perdu. Une
id�e qui n'est gu�re encourageante quand il s'agit d'entrer dans
un h�pital ou un cabinet m�dical. L�h�pital est une bulle dans la
soci�t�. Elle ne veut pas en entendre parler. Il faut � tout prix se
pr�server du risque. En tant que professeur de droit, il y a un lien
entre h�pital et universit�. J�ai rencontr� des m�decins et
rapidement j�ai compris que l�administration fonctionnait de la
m�me mani�re que dans l�universit�. Travailler sur le rapport du
pouvoir dans ces institutions m�int�ressait.

Votre narration est tr�s visuelle, on la devine issue du
cin�ma. Qu�est-ce qui vous a ainsi inspir� ?


C�est difficile de ne pas tenir compte du cin�ma aujourd�hui. Je
ne sais pas s�il est possible d��crire comme avant, quand il
n'existait pas. Il ne faut pas oublier que le lecteur voit aussi des
films. C�est pour cela que je visualise souvent les sc�nes. Le
cin�ma, c�est l�art de l�ellipse, et c�est en cela que c�est
remarquable pour la litt�rature. Plusieurs cin�astes m�ont
marqu�, voire influenc�. Davis Lynch, pour son fantastique de
l�ordinaire, il a une v�ritable capacit� de visionnaire. Pour moi
l��criture doit �tre visionnaire, non pas sur le plan proph�tique,
mais elle doit donner une vision de quelque chose. Alfred
Hitchcock est �galement majeur, pour sa ma�trise de l�image. Il
sait ce qu�il veut avant, il a d�j� le sc�nario dans la t�te, ce qui
permet une parfaite ma�trise du r�cit. Enfin Woody Allen, parce
que c�est un grand pessimiste d�une l�g�ret� magnifique. Il sait
d�crire les rapports humains.

Vous abordez la th�matique de la destin�e : le sort du
personnage principal, Hippolyte, est-il scell� ?


Pour moi le destin n�existe pas, tout est affaire de choix. La
r�alit� parall�le va conduire Hippolyte � penser que c��tait
in�vitable. Schopenhauer l�illustre de mani�re pertinente. On ne
peut prendre sans l�cher. Exister, c�est marcher sur une ligne.
Si on refuse de faire des choix, on tente de faire de la ligne une
surface. Or il est impossible de convertir une ligne en surface.
C�est la manifestation de la volont�. La formulation m�me du
destin n�a pas de sens. Tout est une question de choix, de
carrefours multiples. Nous avons tous notre propre vision du
monde, j�en propose une au lecteur. Ce sont les
soubassements de l��criture.

Propos recueillis par Charles Patin O'Coohoon


 
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