#113 - Du 15 novembre au 08 d�cembre 2008

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Cavalier de l'apocalypse


Les f�tes pascales sont � peine termin�es que rebelote un nouveau proph�te d�barque� mais pour annoncer la fin du monde cette fois. Avec ce deuxi�me roman, Julien Blanc-Gras fait de ce h�ros malgr� lui le t�moin d�un monde qui ne plus tr�s bien. Petit manuel � l�usage de ceux qui ont des aspirations divines�

Votre premier roman empruntait certaines de vos exp�riences � l��tranger. Votre deuxi�me est r�solument tourn� dans la fiction puisqu�il s�agit de la fin du monde�

Mon premier roman provenait d�un voyage que j�avais fait durant un an apr�s mes �tudes en Am�rique. J�aurais normalement du chercher un travail apr�s mes �tudes mais je voulais voyager. Je suis revenu avec plein d�histoire et je voulais les raconter. Ca a donn� Gringoland. Avant je n�avais jamais eu le fantasme de devenir �crivain. J�ai tent� le coup en envoyant le manuscrit par la poste et miracle un �diteur l�a pris. Donc je me suis dit je vais continuer, j�avais naturellement envie de raconter des choses. Pour le deuxi�me, j�ai voulu faire quelque chose diff�rent, pas autobiographique. V�rifier si j��tais vraiment �crivain, et pas seulement un mec qui sait raconter sa vie. Je voulais construire une histoire totalement imaginaire.

Comment devenir un Dieu vivant est-il un manuel pour r�ussir

J�aime les titres � rallonge comme �a avec ce c�t� absurde. Breton disait que � comme � �tait le plu beau mot de la langue, alors en le poussant � l�extr�me c�est devenu Comment devenir un Dieu vivant.

Vos deux exergues rendent hommages � Edgar Morin et Bob Marley avec Three Little Birds. Par rapport � l�actualit�, vous avez �t� visionnaire�

J�ai vu I am Legend au cin�ma il n�y a pas longtemps et Three Little Birds est la chanson du film, que fredonne le h�ros dans une Am�rique post-apocalyptique. L�autre raccord dans l�actualit�, c�est l�exergue d�Edgar Morin que les semaines derni�res ont remis au gout du jour avec les d�clarations de Sarkozy sur la la�cit�. Un hasard assez marrant.

Pourquoi �tes-vous partis de la situation la plus improbable qu�est la fin du monde.

Je vois le livre comme moyen de traduire l��tat du monde � un instant. Quand je vois ou lis les informations tous les matins, je trouve que le monde n�est pas en super forme. La question qui m�habite est comment on se positionne par rapport � �a. J�ai l�impression que le monde ne va pas bien, j�essaye de transcender par l�amour l�histoire de l�apocalypse. Prendre le th�me qui fait peur et en faire quelque chose de dr�le et de l�ger car c�est quelque chose de tr�s lourd qui p�se sur mes �paules. Et si j�arrive � faire rire les gens avec �a, c�est bien car c�est un peu l�ambition du livre.

Vous vous appuyez �galement sur la forte pr�sence des m�dias. Votre h�ros s��l�ve d�ailleurs gr�ce � la t�l�vision�

Je ne vois pas comment aujourd�hui, on peut raconter une histoire sur le monde sans �voquer le pouvoir des m�dias. C�est quelques choses qui structure tellement les perceptions de chacun. Et c�est assez nouveau dans l�histoire de l�humanit�. Ca s�acc�l�re tellement, on voit bien les �carts entre nous et la g�n�ration de nos parents. Je voulais partir de la normalit�, le quotidien et petit � petit basculer dans le burlesque pour arriver au grand n�importe quoi tout sauf r�aliste. Je voulais avoir une trajectoire narrative exclusivement ascendante, et gratifiante pour lecteur, puisque c�est dr�le de faire �voluer un personnage jusqu�au d�lire. Un d�calage entre le sujet et le ton.

Vous adopt� l�humour pour d�samorcer le catastrophisme de l�apocalypse ?

On comprend assez bien que c�est humoristique, de toute fa�on les gens qui ne le comprennent pas que, je ne suis pas s�r qu�ils vont appr�cier le livre.

Quels sont vos influences ?

J�ai �t� influenc� par Chr�tien de Troyes. S�rieusement c�est Desproges, un �crivain, un vrai. Je crois qu�il a influenc� le style de pas mal de gens, dans la presse notamment. Il a montr� qu�on pouvait maltraiter et varier la langue fran�aise en la respectant. Pour mon premier roman Gringoland, qui �tait un carnet de voyage, Kerouac et C�line qui sont les plus beau auteurs sur le voyage. Sinon, Houellebecq pour le fond, les th�matiques post-humaine vaguement d�pressive, avec cette lucidit� d�sabus� sur les gens et la soci�t�. Je crois que c�est l��crivain majeur de cette g�n�ration. Et puis la litt�rature am�ricaine. Palahniuk et une auteur que j�aime particuli�rement. Octavia E. Butler qui a �crit la Parabole des talents et la parabole des semeurs dans une Californie apocalyptique sur fond de religion.

Votre roman est marqu� �galement par la question religieuse. C�est important pour vous ?

Je ne suis d�aucune confession mais je suis fascin� par la question religieuse et son histoire. C�est le socle de nos cultures. Le textes religieux m�int�ressent car ils en disent beaucoup sur les hommes. Le retour flagrant au religieux est assez flippant. Dieu revient fort et pas de la meilleure mani�re. Je regarde le monde et je suis persuad� que l�esp�ce humaine est en mutation et que l�histoire s�acc�l�re. La question qui m�obs�de qu�est ce qui arrivera demain. L�autre id�e est celle du globalisme avec la th�se que la terre est un �tre vivant r�sonne assez cruellement de nos jours avec le r�chauffement climatique entre autre. En faisant la synth�se de toute ces choses, j�essaie de trouver des pistes sur ce qu�on deviendra�

Pour vous d�marquer des autres sorties, vous avez d�velopp� un marketing original�

Je me suis dit que ce serait sympa de faire des petites bandes annonces. Nous les avons tourn�es tr�s rapidement pour amener les gens vers l�univers du livre. Je pensais que ce n��tait pas grand chose mais il y a eu un chouette buzz. Mon �diteur a aussi offert un beau site internet commentdevenirundieuvivant.com. On fait souvent aux auteurs le reproche de faire du marketing ne suis pas contre l�id�e de la promotion. On passe deux ans � �crire un bouquin, c�est chiant, long, douloureux parfois alors vu ce qu�est l��dition aujourd�hui o� le livre passe deux semaines sur la table et puis plus rien, on se dit que ce c�t� marketing sert � montrer que le livre existe. Ensuite faire les �missions de t�l� d�bile, hors de question, de toutes fa�ons ils n�invitent jamais les �crivains.

Propos recueillis par Charles Patin O'Coohoon


 
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