Dantec ressuscité
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Nouvelle maison d’édition et nouveau départ pour l’écrivain français en fuite aux Amériques. Avec Les Résidents, son onzième roman, il taille dans le vif et redevient (presque) grand public.
On avait laissé la figure sèche et noire de Maurice G. Dantec il y a quelques années, empêtré stylistiquement et juridiquement avec son précédent éditeur. Après sa période de « pavés géopolitiques » – Villa Vortex, Grande jonction… –, Satellite Sisters, par sa concision, a marqué un tournant. Tous ses personnages iconiques, Hugo Cornélius Toorop, Andreas Schaltzmann… y étaient conviés en une grand-messe baroque dont le romancier a le secret. Avec Les Résidents, le virage est achevé. Commence un nouveau périple, fait d'incises et d'incisives, portée par une narration allégée de certaines des considérations parano-religieuses typiques chères à l’auteur. Suffisamment en tout cas pour réhabiliter l'attrait de lecture sans censurer le style Dantec. Reste les habituelles hallucinations de l’écrivain sur les armes, la technologie meurtrière, les sociétés secrètes… Les Résidents est focalisé autour d’un trio de désaxés : Sharon, Novak et Vénus, qui arrivera plus tard dans le récit. Tous trois sont des tueurs dont les capacités seront utilisées par les services secrets américains… Le tout sous les regards de ses amis musiciens et écrivains : U2, David Bowie, Depeche Mode mais aussi Burroughs. On n’ira pas plus loin pour ne pas déflorer l’ensemble, jouissif et bien mené pour qui aime Dantec. Mais Dantec a toujours été clivant, n'est-ce pas ? Invitez-vous donc sans hésiter à la sauterie ! ❙
Les Résidents
Maurice G. Dantec,
Ed. Inculte, 440 p., 23,90 €