Faut il offrir les prix à Noel ?
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Qui n’a pas déjà séché sur un cadeau avant de se jeter, soulagé, sur le premier bandeau rouge venu en librairie ? L’assurance d’un succès ? Pas si sûr.
En ce fatal hiver 2006, combien de malheureux avaient croulé sous le poids du Goncourt, Les Bienveillantes de Jonathan Littell, trouvé au pied du sapin ? Il était alors de bon ton d’expliquer à quel point on avait adoré ce pavé, dévoré en une nuit ses trépidantes 912 pages. Quelques mois après les fêtes, les langues se déliaient et l’on déclarait que c’était notre prochaine lecture – encore sur la table de nuit cinq ans après – ou, pour les plus honnêtes, qu’il nous était tombé des mains.
Il faut donc craindre de nouvelles victimes du Goncourt 2011, encore un premier roman pavé (632 pages), L’Art français de la guerre d’Alexis Jenni, encore chez Gallimard. Mais cette fois les critiques n'ont pas attendu pour dire leur préférence pour d'autres romans plus digestes, écartés à leur surprise dès les premiers tours. En l'occurrence Limonov d'Emmanuel Carrère (POL), consolé avec le prix Renaudot, qui relate le destin de l’écrivain ukrainien à la réputation sulfureuse et, à travers lui, la chute de l’URSS. Mais aussi Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan (JC Lattès), sensible récit parti de la mort en 2008 de sa mère, un suicide « en quelque sorte » et dont elle retrace l’existence. Alors les prix, oui, mais bien choisis. Et les autres aussi !