Nos vies hâtives
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Nos vies hâtives est un livre kaléïdoscope, on l'ajuste pour y voir une peinture de la hâte du siècle et c'est vingt-six prismes comme autant d'histoires entrelacées que l'on est amené à découvrir.
Si l'on oriente le prisme, on y voit des personnages vrais qui nous sont familiers, bien que tous différents : des secrétaires mesquines, des retraités nostalgiques, un rocker starisé, un fêtard repenti ... Mais plus que de dépeindre des types, Dantzig nous entraîne à la découverte de couples branchés, de l'absurdité d'une entreprise qui s'américanise, des strates du milieu des attachés de presse, de l'ingratitude de la haute couture, bref la fourmilière de la vie.
L'auteur dénonce et griffe à la façon de Lafontaine dans ces fables de la vie moderne, il nous apprend qu'il ne faut jamais se fier aux apparences et creuse en profondeur pour en exhumer l'hypocrisie latente.
Il écrit comme il pense pour nous raconter ce siècle, las de ne pas réussir à se poser pour goûter aux joies simples. Il passe du coq à l'âne, de digressions en digressions comme s'il y avait trop à dire et pas assez de temps.
Dantzig conjugue avec brio une peinture parfois dramatique et pathétique, et des maximes cinglantes d'un observateur que l'on ne dupe plus : "Le bonheur c'est une occupation, la gaieté une distraction". Ou encore : "La gentillesse est détestée pour une raison simple : en sa présence toute une humanité méfiante se demande si on ne se moque pas d'elle". Dantzig est un pro de la description imagée, il a les talents du physiognomoniste et cela entraîne bien souvent le lecteur dans un irrépressible fou rire ; les portraits de la secrétaire aux "lourds yeux de cocker et lèvres dégoûtées d'hindou raciste" et du président du tribunal "au coup de vautour et à la bouche amère de tortue" sont des moments d'anthologie.
Si parfois certains textes semblent obscurs, c'est peut-être qu'il les dédit à la façon de Stendhal, aux "happy few", à ceux qui seront capables de dépasser le mirage, d'aller en deçà des apparences .
A la lecture de Nos vies hâtives, on sourit souvent, se désespère parfois, se désole de s'y reconnaître, croqué sous le fusain de ce peintre de la vie moderne .
Marie Rauber
Nos vies hâtives
Charles Dantzig
Ed. Grasset
289 p / 18 €
ISBN: 2246608910
Si l'on oriente le prisme, on y voit des personnages vrais qui nous sont familiers, bien que tous différents : des secrétaires mesquines, des retraités nostalgiques, un rocker starisé, un fêtard repenti ... Mais plus que de dépeindre des types, Dantzig nous entraîne à la découverte de couples branchés, de l'absurdité d'une entreprise qui s'américanise, des strates du milieu des attachés de presse, de l'ingratitude de la haute couture, bref la fourmilière de la vie.
L'auteur dénonce et griffe à la façon de Lafontaine dans ces fables de la vie moderne, il nous apprend qu'il ne faut jamais se fier aux apparences et creuse en profondeur pour en exhumer l'hypocrisie latente.
Il écrit comme il pense pour nous raconter ce siècle, las de ne pas réussir à se poser pour goûter aux joies simples. Il passe du coq à l'âne, de digressions en digressions comme s'il y avait trop à dire et pas assez de temps.
Dantzig conjugue avec brio une peinture parfois dramatique et pathétique, et des maximes cinglantes d'un observateur que l'on ne dupe plus : "Le bonheur c'est une occupation, la gaieté une distraction". Ou encore : "La gentillesse est détestée pour une raison simple : en sa présence toute une humanité méfiante se demande si on ne se moque pas d'elle". Dantzig est un pro de la description imagée, il a les talents du physiognomoniste et cela entraîne bien souvent le lecteur dans un irrépressible fou rire ; les portraits de la secrétaire aux "lourds yeux de cocker et lèvres dégoûtées d'hindou raciste" et du président du tribunal "au coup de vautour et à la bouche amère de tortue" sont des moments d'anthologie.
Si parfois certains textes semblent obscurs, c'est peut-être qu'il les dédit à la façon de Stendhal, aux "happy few", à ceux qui seront capables de dépasser le mirage, d'aller en deçà des apparences .
A la lecture de Nos vies hâtives, on sourit souvent, se désespère parfois, se désole de s'y reconnaître, croqué sous le fusain de ce peintre de la vie moderne .
Marie Rauber
Nos vies hâtives
Charles Dantzig
Ed. Grasset
289 p / 18 €
ISBN: 2246608910
Last modified ondimanche, 28 août 2011 19:43
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