Sérénissime Assassinat
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"Masqué d'une cagoule, et vêtu de noir, le joueur de bunraku faisant agir ses marionnettes, ne cesse d'être visible au public qui oublie son implacable ingérence comme on oublie celle de toute fatalité".
Des lectures sérénissimes.
Et, en effet, le lecteur oublie totalement l'auteur au fur et à mesure qu'il est pris dans le tourbillon polyphonique du roman. A partir de la mort mystérieuse des femmes successives d'Alvise Lanzi, se noue une trame complexe qui a pour cadre et pour héroïne - voire anti-héroïne, la Venise de la fin du XVIIIe siècle.... Et pour permettre à cette ville de s'exprimer, différentes figures qui la composent, se parlent, écrivent des lettres ou des rapports. Les regards sont différents, les observations aussi.
Complexité des voix, qui lèvent une partie du voile recouvrant des secrets inavouables, tout est mystère... On s'espionne, on se trahit, on escroque, on assassine sur fond de bal, de carnaval et de pique-nique. Chacun s'avance masqué, et découvrir ce que cache un masque peut conduire à la mort. Pourtant les personnages n'hésitent pas à jouer à ce jeu dangereux, qui, croient-ils, protégeront leur passion et autres coupables activités...
Venise se complaît dans le cloaque puant de sa décadence, symbolisé par la présence des mouches. Des rideaux au cerveau humain, elles se nichent partout, elles pondent. Leur présence auprès des malades signifient clairement que la malade va mourir, ou que l'homme retrouvé est bien mort....
On est à la fois désemparé par la multiplicité des personnages, dégoûté par les descriptions pour le moins réalistes des agonisants en pleine décomposition, fasciné par cette peinture exceptionnelle de la Cité des Doges, qui vit ses derniers instants de liberté, consciente qu'elle ne pourra résister à l'ogre corse qui se dirige inéluctablement vers elle. On ne peut que saluer très bas l'art du joueur de bunraku.
Constance De Ayala
Sérénissime Assassinat
Gabrielle Wittkop
Ed. Verticales
122 p / 10 €
ISBN: 2843350204
Des lectures sérénissimes.
Et, en effet, le lecteur oublie totalement l'auteur au fur et à mesure qu'il est pris dans le tourbillon polyphonique du roman. A partir de la mort mystérieuse des femmes successives d'Alvise Lanzi, se noue une trame complexe qui a pour cadre et pour héroïne - voire anti-héroïne, la Venise de la fin du XVIIIe siècle.... Et pour permettre à cette ville de s'exprimer, différentes figures qui la composent, se parlent, écrivent des lettres ou des rapports. Les regards sont différents, les observations aussi.
Complexité des voix, qui lèvent une partie du voile recouvrant des secrets inavouables, tout est mystère... On s'espionne, on se trahit, on escroque, on assassine sur fond de bal, de carnaval et de pique-nique. Chacun s'avance masqué, et découvrir ce que cache un masque peut conduire à la mort. Pourtant les personnages n'hésitent pas à jouer à ce jeu dangereux, qui, croient-ils, protégeront leur passion et autres coupables activités...
Venise se complaît dans le cloaque puant de sa décadence, symbolisé par la présence des mouches. Des rideaux au cerveau humain, elles se nichent partout, elles pondent. Leur présence auprès des malades signifient clairement que la malade va mourir, ou que l'homme retrouvé est bien mort....
On est à la fois désemparé par la multiplicité des personnages, dégoûté par les descriptions pour le moins réalistes des agonisants en pleine décomposition, fasciné par cette peinture exceptionnelle de la Cité des Doges, qui vit ses derniers instants de liberté, consciente qu'elle ne pourra résister à l'ogre corse qui se dirige inéluctablement vers elle. On ne peut que saluer très bas l'art du joueur de bunraku.
Constance De Ayala
Sérénissime Assassinat
Gabrielle Wittkop
Ed. Verticales
122 p / 10 €
ISBN: 2843350204
Last modified ondimanche, 28 août 2011 19:39
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