Pascal Fioretto : Saint Germain règle ses comptes
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Tour à tour drôle ou bien vu mais aussi un peu facile, Et si c’était niais le livre de pastiches des mastodontes de la littérature française (Jean d’Ormesson, Amélie Nothomb, Marc Levi, Bernard-henri levy ou frédéric Beigbeder, entre autres) jette un pavé opportuniste dans la mare. Peut-on caricaturer ce qui est déjà caricatural ? Pascal Fioretto, qui n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà commis le Gay Vinci code, s’explique pour Zone avec drolerie.
Vous êtes vous-même journaliste, et surtout nègre littéraire. Faire des pastiches, c’est une forme de revanche ?
Oui, en quelque sorte ! La position de nègre implique d’être dans l’ombre, mais elle permet de d’observer la scène littéraire de façon privilégiée. Il faut bien avouer que notre intention était de foutre un peu le bordel dans le microcosme parisien, et je dois dire que les réactions sont inespérées. Les auteurs que j’ai pastichés ont été interrogés par les medias [RTL, l’express, NDLR] qui leur ont demandé de se justifier. Je crois que les journalistes se sont fait plaisir, ils doivent en avoir marre de lire du Marc Levi qui, fondamentalement, doit les gonfler. Quant au bandeau rouge « la rentrée littéraire assassinée », c’est évidemment une idée de mon éditeur, le marketing, c’est sa partie.
Quels ont été les auteurs les plus faciles à pasticher ? Pas ceux que vous portez le plus dans votre cœur, on l’imagine…
Les plus faciles à pasticher ont été Christine Angot [Anxiot dans le texte] et Pascal Sevran [cruellement dépeint en Pascal Servan, NDLR]. Il faut vraiment être malheureux pour être aussi méchant. Et cette manière qu’a Pascal Sevran de se poser en arbitre des élégances ! Moi qui suis un gentil, j’ai du mal à les comprendre. Pour le pastiche de Christine Angot, c’était extrêmement simple : il suffit de ne rien raconter et de disséminer des points au milieu de chaque phrase. Je vous rappelle tout de même que je me suis farci les livres de tous les auteurs que j’ai pastiché et j'en ai aimé certains. J’ai fini la lecture d’Anna Gavalda avec la goutte au nez et celle de Nothomb avec l’idée qu’elle est un peu cette copine de lycée surdouée et un peu barge que l’on a tous eu. Quant à Grangé, cela me fascine : il essaie de faire du baroque et tombe dans le kitsch à chaque fois. On sent constamment qu’il a envie de faire un film de ses livres, qui sont d’ailleurs de très bons scénarios.
Et les plus difficiles ?
A contrario les plus exigeants à pasticher ont été Nothomb et d’Ormesson. J’ai eu dans les deux cas beaucoup de mal à trouver un angle d’approche intéressant. Pour « Jean d’O », il s’agissait d’imiter son style champagne en le "ballonnant" : pas évident. Surtout que j’ai une certaine affection pour son œuvre. Quant à Nothomb, elle a traversé deux périodes. La première partie est plus auto-centrée et narcissique, la deuxième, qui a d’ailleurs subi la désaffection de son public, est plus romancée. Je me suis plutôt attaché à la Amélie Nothomb des débuts.
Quelle sera la suite des évènements ?
Je suis un peu parano, alors je m’attends à ce que Christine Angot ou Pascal Sevran me foutent leur poing dans la gueule. Pour la suite des opérations, je ne sais pas encore, mais il manque tout de même Houellebecq à mon tableau de chasse ainsi que quelques intouchables, comme, pourquoi pas, Pascal Quignard ou JMG Le Clézio. Ils seront certainement moins faciles à dégommer que Bernard-Henri Levy. Je voulais tout de même ajouter qu’en décrivant ce faux monde littéraire dans Et si c’était niais ?, j’ai l’impression d’être bien en dessous de la vérité quand on regarde cette rentrée littéraire surplombée par les guéguerres entre Camille Laurens et Marie Darieussecq, avec le pauvre POL au milieu, et le procès entre Mazarine Pingeot et la famille Courjault, pour son livre sur les infanticides. Tout cela est charmant ! Il n’y vraiment qu’en France que cela existe, les journalistes étrangers s’en amusent d'ailleurs beaucoup.
Propos recueilli par Laurent Simon
(C) Portrait : Stéphanie Aguado
Pascal Fioretto, Et si c’était niais, Ed. Chiflet&Cie;
Laurent Simon
Pascal Fioretto
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
Vous êtes vous-même journaliste, et surtout nègre littéraire. Faire des pastiches, c’est une forme de revanche ?
Oui, en quelque sorte ! La position de nègre implique d’être dans l’ombre, mais elle permet de d’observer la scène littéraire de façon privilégiée. Il faut bien avouer que notre intention était de foutre un peu le bordel dans le microcosme parisien, et je dois dire que les réactions sont inespérées. Les auteurs que j’ai pastichés ont été interrogés par les medias [RTL, l’express, NDLR] qui leur ont demandé de se justifier. Je crois que les journalistes se sont fait plaisir, ils doivent en avoir marre de lire du Marc Levi qui, fondamentalement, doit les gonfler. Quant au bandeau rouge « la rentrée littéraire assassinée », c’est évidemment une idée de mon éditeur, le marketing, c’est sa partie.
Quels ont été les auteurs les plus faciles à pasticher ? Pas ceux que vous portez le plus dans votre cœur, on l’imagine…
Les plus faciles à pasticher ont été Christine Angot [Anxiot dans le texte] et Pascal Sevran [cruellement dépeint en Pascal Servan, NDLR]. Il faut vraiment être malheureux pour être aussi méchant. Et cette manière qu’a Pascal Sevran de se poser en arbitre des élégances ! Moi qui suis un gentil, j’ai du mal à les comprendre. Pour le pastiche de Christine Angot, c’était extrêmement simple : il suffit de ne rien raconter et de disséminer des points au milieu de chaque phrase. Je vous rappelle tout de même que je me suis farci les livres de tous les auteurs que j’ai pastiché et j'en ai aimé certains. J’ai fini la lecture d’Anna Gavalda avec la goutte au nez et celle de Nothomb avec l’idée qu’elle est un peu cette copine de lycée surdouée et un peu barge que l’on a tous eu. Quant à Grangé, cela me fascine : il essaie de faire du baroque et tombe dans le kitsch à chaque fois. On sent constamment qu’il a envie de faire un film de ses livres, qui sont d’ailleurs de très bons scénarios.
Et les plus difficiles ?
A contrario les plus exigeants à pasticher ont été Nothomb et d’Ormesson. J’ai eu dans les deux cas beaucoup de mal à trouver un angle d’approche intéressant. Pour « Jean d’O », il s’agissait d’imiter son style champagne en le "ballonnant" : pas évident. Surtout que j’ai une certaine affection pour son œuvre. Quant à Nothomb, elle a traversé deux périodes. La première partie est plus auto-centrée et narcissique, la deuxième, qui a d’ailleurs subi la désaffection de son public, est plus romancée. Je me suis plutôt attaché à la Amélie Nothomb des débuts.
Quelle sera la suite des évènements ?
Je suis un peu parano, alors je m’attends à ce que Christine Angot ou Pascal Sevran me foutent leur poing dans la gueule. Pour la suite des opérations, je ne sais pas encore, mais il manque tout de même Houellebecq à mon tableau de chasse ainsi que quelques intouchables, comme, pourquoi pas, Pascal Quignard ou JMG Le Clézio. Ils seront certainement moins faciles à dégommer que Bernard-Henri Levy. Je voulais tout de même ajouter qu’en décrivant ce faux monde littéraire dans Et si c’était niais ?, j’ai l’impression d’être bien en dessous de la vérité quand on regarde cette rentrée littéraire surplombée par les guéguerres entre Camille Laurens et Marie Darieussecq, avec le pauvre POL au milieu, et le procès entre Mazarine Pingeot et la famille Courjault, pour son livre sur les infanticides. Tout cela est charmant ! Il n’y vraiment qu’en France que cela existe, les journalistes étrangers s’en amusent d'ailleurs beaucoup.
Propos recueilli par Laurent Simon
(C) Portrait : Stéphanie Aguado
Pascal Fioretto, Et si c’était niais, Ed. Chiflet&Cie;
Laurent Simon
Pascal Fioretto
Ed.
0 p / 0 €
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Last modified onjeudi, 18 juin 2009 23:27
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