26 Novembre 2006

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La v�rit� selon Dominique


Qu'il soit l'�l�ment de sc�nes de liesse dans tout le pays ou qu'il inspire la cr�ation dans la litt�rature, le football est omnipr�sent et provoque le plaisir, toujours. Avec La V�ritable histoire du football...(Gallimard), Dominique Noguez revient sur quelques v�rit�s et livre un floril�ge de r�v�lations plus caustiques les unes que les autres. D'un mythe litt�raire, il fait une r�alit� de la rencontre de Lautr�amont et Rimbaud. Et tente de rendre hommage � des auteurs, un peu oubli�s, tels Raoul Ouffard, Maxime Petitdoigt� Entretien

Comment en �tes-vous arriv� � faire un livre sur des r�v�lations aussi bien footballistiques que litt�raires, sociologiques que culturelles ?

Il y a plusieurs fa�ons de faire un livre. En y pensant pendant vingt ans et en l��crivant d�un coup, furieusement, en quinze jours. Ou bien une ligne par jour, sans y penser, le matin � jeun, etc. La mienne est la fa�on 58 bis. Ayant d�j� �crit quelques livres du m�me
genre (Les Trois Rimbaud, S�miologie du parapluie, etc.), relevant des m�mes lubies, j�oserais presque dire de la m�me m�thode (parodier les savoirs dominants, retoucher le pass�, d�crire l�avenir comme s�il �tait advenu), j�avais depuis longtemps envie d�en faire un quatri�me, qui aurait regroup� plusieurs � �tudes � de la m�me farine. J�y aurais mis avant tout un � Montaigne au bordel �, �tude sur le contenu -invent� par mes soins- d�un quatri�me livre des Essais, qui aurait donn� son nom � l�ensemble. J�ai commenc� � �crire plusieurs textes de critique-fiction de ce type ou � orienter dans cette perspective diverses commandes. En 2005, apr�s une �tude sur Lautr�amont et Rimbaud qui m�a donn� beaucoup de mal, j�ai d�cid� de publier tout ce qui �tait pr�t, sans attendre le texte sur Montaigne (que je n�arrivais pas � �crire, peut-�tre parce que, comme son nom l�indique, je m�en faisais une montagne�). Et j�ai choisi comme titre global celui d�une histoire quelque peu fantaisiste du football �crite en 1998, qui me paraissait, dans son extravagante pr�tention (� La V�ritable Histoire� �), se d�noncer clairement comme plaisanterie. Pour plus de s�ret�, j�ai ajout� � et autres r�v�lations � (autre pr�tention qui ne peut qu�aiguiser gaiement le scepticisme du lecteur) et plac� une citation de Borg�s en exergue. Voil� l�affaire.

Ouvrir le livre par des r�v�lations, comme celle sur les origines du foot, permet-il d'aborder des th�mes plus s�rieux comme l'enseignement en Seine-Saint-Denis� ?

L�invention de la balle au pied par l�enfant de Charleville Victor P�nard �dont je montre que Platon et Descartes avaient eu la merveilleuse intuition chacun de son c�t� me semble � peine moins s�rieuse que la description de la traite des enseignants en Seine-
Saint-Denis. Cette traite, cens�e se d�rouler dans quelques ann�es dans une union europ�enne de plus en plus f�d�raliste (avec d�immenses r�gions plus ou moins autonomes comme le � Nord-�le de France �, la � Provence-Languedoc � ou la � Padanie � en Italie), est � peine une anticipation. Elle part de nombreux petits faits vrais, que chacun peut d�j� constater aujourd�hui comme l'augmentation de la violence dans les coll�ges de banlieue, le d�clin rapide � la fois en salaire, autorit� et consid�ration, de la cat�gorie sociale des enseignants, qui �tait, il y a cinquante ans encore, une des plus prestigieuses de la France r�publicaine. Simplement, j�ai pris un malin plaisir � d�crire ce d�clin avec le vocabulaire et les clich�s des reportages bien-pensants des grands hebdomadaires � y compris Le Nouvel Observateur � sur la prostitution. Question gal�re, ces derniers temps, le � plus beau m�tier du monde � n�est-il pas en train de rattraper � le plus vieux m�tier du monde � ?

Comment l�actualit� sociale et plus g�n�ralement la r�alit� influencent elles votre travail d�imagination ?

Dans ce livre, effectivement, la fiction � � la fois au sens de mim�sis et au sens d�imagination � est index�e sur la r�alit� politique et sociale. Si je choisis assez souvent l�anticipation � plusieurs des textes de ce recueil sont cens�s se passer en 2010, 2024 ou m�me en 2101� c�est tout simplement pour grossir, gr�ce � la loupe humoristique, des tendances de la soci�t� fran�aise d�aujourd�hui. L�un concerne, je viens de le dire, le statut de plus en plus d�grad� des enseignants, l�autre l�augmentation des comportements asociaux, explicable par l�accroissement des in�galit�s qui nous �loigne d�une certaine douceur de vivre. � chaque fois, je proc�de en parodiant un certain type de discours journalistique dominant, avec la bien-pensance que cela implique. Cela dit, mon terrain de jeu pr�f�r� reste l�histoire litt�raire, avant-gardes comprises. En inventant des personnages d��crivains plus ou moins fous, oubli�s ou rat�s, ou bien en faisant se rencontrer des contemporains comme Isidore Ducasse et Arthur Rimbaud, je me prom�ne avec d�lectation dans la g�ographie litt�raire, je ressuscite au passage Euripide, Juv�nal, Flaubert, les Goncourt, Sartre ou l�Oulipo, je rappelle qu�il n�y a pas de plus grand, pas de plus fin plaisir que celui de la musique des textes, de la causticit� des satires et de l�invention romanesque.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l��pisode Ducasse-Rimbaud ?

Ce sont pour moi deux des plus grands cr�ateurs de toutes les litt�ratures. Deux archanges noirs et solaires � la fois. Je m��tais depuis longtemps demand� s�ils auraient pu se rencontrer, puisqu�ils ont �t� contemporains. Ducasse n� en 1846 et mort en 1870 ;
Rimbaud n� en 1854 et mort en 1891. Et j�ai d�couvert que, contrairement � ce qu�ont pu imprudemment �crire les rares biographes qui se sont interrog�s sur une telle rencontre, elle a bel et bien �t� possible. Il y a eu un jour et, dans ce jour, une heure o� cela aurait pu se passer. Je l��tablis sans tricher. J�ai pour cela �t� jusqu�� faire tout le travail habituel des sp�cialistes ou des �rudits, consultant par exemple les archives de la SNCF pour le
mois d�ao�t 1870 et une th�se sur les retards des trains � cette p�riode. Le petit suppl�ment de plaisir (et de jeu), c�est que j�ai fabriqu� deux preuves pour rendre effective cette rencontre qui n�a �t� que possible. Je n�en dis pas plus. J�ajouterais seulement que
j�ai fait lire le r�sultat de cette �tude un peu pi�g�e � Jean-Jacques Lefr�re, le biographe actuel le plus complet et le plus fiable � la fois d�Arthur Rimbaud et d�Isidore Ducasse (c�est lui qui, il y a quelques ann�es, a donn� enfin un visage au second en retrouvant dans un grenier de Tarbes une photo de lui). Eh bien, il m�a fait l�honneur de me r�pondre : � C�est si bien ficel� qu�� la fin, j'y croyais presque. � Voil� tout ce que j�esp�re en publiant ce livre de fictions � plus ou moins savantes � plac�es sous le signe de Borg�s : qu�� la fin on y croie presque.

Propos recueillis par Charles Patin O'Coohoon


 
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