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F�te du livre : vus � la t�l�
Des auteurs comme s�il en pleuvait, align�s pour la parade
sous les lambris de l�h�tel de ville de Paris : c��tait la � f�te du
livre � organis�e par le � Figaro Magazine �.
Travail d�humilit� pour certains, d�luge de sourires et tendinite �
pr�voir pour les autres, cette foire aux bestiaux avait au moins le
m�rite de l�exhaustivit� : plus de deux cents auteurs invit�s,
depuis ceux que leur plume peine � exhumer de l�anonymat
jusqu�aux
t�tes chenues (Jean d�Ormesson, H�l�ne Carr�re d�Encausse)
en passant les � wannabees � prim�s de frais (Nina
Bouraoui�). Mais attention, c��tait la foire, certes, mais pas le
bordel : �crivains, �crivaillons, journalistes, chroniqueurs,
essayistes, historiens, philologues ou philosophes �taient bien
align�s dans les quatre trav�es dispos�es � cet effet. On ne
voyait qu�une t�te. Dans un
souci de rangement, les litt�rateurs �taient class�s par ordre
alphab�tique. Plus facile ainsi pour un public peu suspect
d�illettrisme, de trouver son idole, son f�tiche ou sa muse, et
de faire parapher l�objet de son admiration d�un � pour Josette,
amiti�s � ou d�un � achetez moi le prochain, je vous en supplie
�, en cas de tirages un peu limite. De Pascal-Rapha�l Ambrogi
� Dominique Wolton, pas de probl�me, il y en avait pour tous
les go�ts, des � bankable � (Bernard Werber) comme de purs
esth�tes. Au concours un rien cynique du plus grand
attroupement ce sont �videmment les sous-produits t�l�visuels
qui s�en sortent le mieux. Mais � c�t� de la haute stature de
Patrick de Carolis, du sourire
doucereux de PPDA, de la tr�s belle calvitie en forme de c�ur de
Pierre Bellemare ou des clignements de Pascal Sevran qui ne
manqu�rent pas d�attirer, tous fr�tillants, les m�m�s
permanent�es de frais et les curieux de tous poils, on vit
certains auteurs, le regard dans le vague, un bic aride � la main,
dans la position touchante de la moche en bo�te : celle � qui
garde le sac � ses copines �. Un rien m�prisant, le passant
soulevait le livre, jaugeant le cr�ateur d�un regard � l�aune de sa
cr�ation. Puis le reposait, un peu timide peut-�tre, un peu g�n�
s�rement, de ne rien conna�tre de ce qu�il tenait dans sa main ni
de ce qu�il dardait de ses yeux. Autant se rabattre sur une idole.
Une vraie. Une qui passe � la t�l�. Certains avaient
certainement h�te de retourner � la tranquillit� de leur combles
et � cette plume qui, un jour, les rendra c�l�bres. Ils vaudront
bien un attroupement. Laurent Simon
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