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Swimming Pool
Elle est un peu cul serr�. Les fringues emprunt�es � Patricia Highsmith, Ruth Rendell, Patricia Cornwell ou PD James. Comme toutes les romanci�res anglaises "traditionnelles", elle est un peu alcoolique. Un peu lesbienne. Sarah Morton, jou�e par Charlotte Rampling, est un peu (f)rigide. En face de Sarah, il y a Julie. Julie, elle, interpr�t�e par Ludivine Sagnier, est un peu cul ouvert. Les fringues emprunt�es � ces filles qui n'ont plus de pr�noms : Loana, Aliz�e ou Lorie. Comme toutes les jeunes glandeuses, elle est un peu alcoolique. Un peu lesbienne. Et dans une maison du Lub�ron appartenant � son �diteur anglais (Charles Dance), Sarah Morton s'exile pour �crire quand Julie, fille du propri�taire, vient d�ranger l'auteur. Passer des vacances. Un peu de soleil en France.
Swimming Pool, sixi�me long m�trage de Fran�ois Ozon, parle de cr�ation litt�raire. "Sarah Morton pour son travail a besoin de s'isoler, de s'enfermer dans une maison confortable, de faire un r�gime et de s'imposer des r�gles. Et soudain la r�alit� vient frapper � sa porte. Sa premi�re r�action est bien entendu de l'ordre du rejet, du repli sur soi. Puis elle d�cide de faire rentrer cette r�alit� dans son projet. T�t ou tard, l'artiste est oblig� de pactiser avec le r�el." Julie entre dans l'�uvre de Sarah alors que jusque-l�, Sarah ne le voulait pas. Morton branche son ordinateur, fait chauffer de l'eau, d�jeune en ville, d�croche des crucifix, regarde au dehors. "On rentre dans l'action du personnage, dans sa mani�re de travailler, le c�t� concret de l'�crivain qui a besoin d'�tre dans un cadre pr�cis avec des habitudes, ses manies." Rampling voit en la bimbo un danger � ses projets comme tout �crivain voit un danger dans les ruptures du quotidien. La devise d'un des proches du cin�aste "Qui s'y frotte s'y pique", r�sume l'affaire : rencontrer un romancier, c'est prendre le risque d'�tre racont�, et, inversement, un �crivain rencontrant quelqu'un prend le risque de devoir en parler. Et c'est pour cette raison, d'ailleurs, que les �crivains-cin�astes sont infr�quentables.
Ozon, lui-m�me, est infr�quentable. La filmographie du r�alisateur-sc�nariste cumule les objets f�tiches : grandes maisons (Sitcom, Sous le Sable, Huit Femmes), actrices f�tiches (trois collaborations avec Sagnier, deux pour Rampling), homosexualit� (int�grale), th�me de l'eau (tous sauf Huit Femmes) et crucifix (car on en voyait bel et bien avant Swimming Pool...). Obsession encore : la construction narrative autour du meurtre, dont l'exemple le plus flagrant est sans doute dans ce court-m�trage quasi-introuvable, Thomas reconstitu� dont le seul titre suffit � comprendre le sujet. Une oeuvre litt�raire, donc, et ce n'est pas un hasard si l'on retrouve au g�n�rique de cette piscine anglophone des noms de lettres : Emmanu�le Bernheim (dernier ouvrage paru Stallone chez Gallimard) ou encore Fran�ois Rivi�re (retrouvez son portrait ci-dessous). Son entourage infr�quentable se retrouve dans des f�tes infr�quentables. Une vie infr�quentable vitup�rant dans l'image, toujours l�ch�e, la frigidit� de l'�tre humain. Rappelons-nous la r�plique de la friponne Ludivine Sagnier � la nunuche Virignie Ledoyen dans Huit Femmes : "Frigide, �a veut dire que t'es froide comme un frigidaire." Ozon fait du cin�ma sexuel, vivant et litt�raire. Ozon tourne ce qu'il est � tourner. La vie belle, d�culpabilis�e et myst�rieuse. "Apr�s le film, chacun peut �crire � sa fa�on le livre de Sarah".
Swimming Pool, Fran�ois Ozon
Avec Charlotte Rampling et Ludivine Sagnier,
1h42, actuellement dans les salles
A noter : une version nov�lis�e du sc�nario para�t � L'Arche Editeur. Ariel Kenig
Portrait de Fran�ois Rivi�re
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