La littérature, nouvelle cible de la téléréalité
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Littérature et télévision ne font pas très bon ménage. Quelques adaptations sous forme de feuilletons formatés. Quelques émissions critiques, de plus en plus rares et souvent programmées tardivement, s'efforcent difficilement de promouvoir la création romanesque sur le petit écran... La réconciliation de ces deux supports passerait-elle par le jeu? C'est du moins ce que semble penser le concepteur de l'émission italienne Masterpiece, talent scrittori, diffusée en deuxième partie de soirée sur Rai 3. Le premier épisode a été diffusé avec succès le 17 novembre, présentant les 12 premiers candidats (70 au total ont finalement été retenus parmi les 5000 qui ont envoyé des manuscrits à la Rai). Un juy composé d'écrivains reconnus, parmi lesquels Giancarlo de Cataldo, auteur de Romanzo Criminale, évalue dans un premier temps le projet de chaque aspirant écrivain, avant que ce dernier ne passe par les différentes phases calilbrées pour ce type de talent show télédiffusé: écriture en direct, sour le regard des téléspectateurs, confessional pour livrer ses impressions, immersion et évaluation de son comportement au contact des autres candidats... La littérature sortira-t-elle grandie et requinquée d'un tel calibrage? Les bons sentiments des concepteurs sont intacts: ils visent sans complexe à revaloriser le "métier" insuffisamment connu d'écrivain. Ils se veulent également promoteur de la lecture dans un Italie où 46% des habitants ont déclaré avoir lu un livre dans le courant de l'année 2012.
Le défi est ainsi élevé pour le vainqueur de l'émission dont le roman sera publié par la maison d'édition Bompiani et tiré à 100.000 exemplaires: les vendre et les faire lire constituerait l'avenir de la littérature en Italie?
La bonne intention est sans doute là, mais la littérature en sortira-t-elle réellement grandie? Masterpiece ne contribuera-t-il pas qu'à réveiller la chimère selon laquelle un écrivain talentueux sommeille en chacun de nous? En attendant, la poste itailenne, convoyeuse des écrits aux maisons d'édition, en fera peut-être ses choux gras...