Alzheimer, l'histoire sans fin
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La maladie quitte peu à peu les cabinets médicaux pour rejoindre les cabinets d’écriture : en témoignent de nombreuses et pertinentes œuvres sur la maladie et ses cures.
La rencontre est si belle qu’on se demande pourquoi elle n’a pas eu lieu avant. Comment un art basé sur la mémoire et une maladie qui la pétrit jusqu’à l’effacer n’ont-ils pu jusqu’alors trouver de terrain d’entente ? C’est maintenant chose faite. Qu’elle soit le matériau du romancier ou juste un moyen de narration très pratique, Alzheimer perfuse petit à petit dans la littérature contemporaine. Ce n’est pas Antoine Bello qui nous contredira. Ce jeune et astucieux auteur, gorgé de techniques de narration anglo-saxonnes, a fait de la maladie le cœur de son Enquête sur la disparition d’Émilie Brunet (Éd. Gallimard), où un enquêteur atteint d’amnésie antérograde combat un très détestable neurologue, soupçonné d’avoir tué sa femme. Délicat et retors, le roman est un hommage non masqué à Agatha Christie : comment, pour l’enquêteur, suivre le fil d’une enquête alors que le souvenir de la veille n’existe que dans son carnet de notes ?
Mémoires
Olivia Rosenthal s’est, elle, attaquée au sujet de façon plus frontale dans On n’est pas là pour disparaître, variation sur Alzheimer qui passe par un fait divers sordide – un homme atteint de la maladie assassine sa femme –, la description de la vie des aidants ou même quelques éléments biographiques sur Aloïs Alzheimer. Le nom de ce neurologue allemand, qui a décrit pour la première fois la maladie au début du XXe, restera paradoxalement gravé dans les mémoires à tout jamais. Dernier angle possible : l’humour. C’est celui qu’a choisi Laurent Graff dans Les jours heureux, sarcasme assumé d’un jeune homme de 35 ans qui, après avoir acheté sa tombe entre de son plein gré en maison de retraite. Voilà pour ce petit tour de la question… en espérant n’avoir rien oublié.
Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet
Antoine Bello
Ed. Gallimard
17,50 € - 252 p.
On n'est pas là pour disparaître
Olivia Rosenthal
Ed. Verticales
215 p. - 16,50 €
Les jours heureux
Laurent Graff
Ed. Le dilettante
139 p. - 13,00 €
Last modified onjeudi, 21 juillet 2011 12:20
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