L’amour est un bouquet d’uppercut
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Retour tranchant de François Armanet, l’auteur et réalisateur de l’attachante Bande du Drugstore. Avec Kung fu, roman au parfum autobiographique, il revient sur sa génération, dix ans plus tard, au cœur des 7O's et du blouson noir. Iggy Pop a remplacé Otis Redding, pour les meilleures années ?
David Karradine en pull en shetland et mocassins Weston. Pour apprécier François Armanet, il faut avoir la nostalgie des vestes en tweed, accessoire fétiche du dandysme à la sixties. Pour apprécier Kung-fu,, il faut se remémorer David Karradine dans la série du même nom. Mais pas seulement…
Auteur, avec son frère, d’une œuvre référence sur le cinéma chinois de genre, Ciné Kung Fu (Ramsay) où il passe en revue les moines combattants, la Shaw Brothers, Bruce Lee, les héritiers noirs et blancs, les Ladies kung fu et Jackie Chan, François Armanet a une maîtrise certaine des arts martiaux et des positions du « léopard », du « dragon de l'est » et « du vieux tigre ». Mais il est surtout l’auteur d’une jeunesse qui s’initie.
La première scène de Kung-fu se déroule aujourd’hui. Un black se fait défoncer par un Beur dans le métro. Le narrateur reste immobile, lâche et paralysé et la France a changé. Il a 55 ans et pourtant il "touche" question art martial. Il y a quelques années, il serait certainement intervenu, alors il se replonge dans son passé, Ursula hier, qu’il a rencontrée dans un kibboutz pendant la guerre des Six jours et Louise aujourd’hui, qu’il vient de quitter. Il est dur d’aimer.
Tweed vs cuir
Que s’est-il passé en trente ans ? Le tweed a laissé sa place au cuir. Perfecto, T-shirt blanc et jean Lee Rider (rapiécé évidemment) sont désormais de rigueur. Les chars rouges n’ont pas envahi Paris. Le narrateur a quitté ses années lycée à gauche du trottoir prolétarien du 133 de l’avenue des Champs Elysées pour prendre en pleine tronche les années 70. Comme la pratique physique abolissait les différences de classes plus sûrement que le gauchisme, il fréquente les salles de boxes pour apprendre à encaisser et maîtriser ses émotions. Le dépaysement est partiel. Même morgue de la horde, même sentiment d’appartenance à une caste (…) même apologie de la terreur, même talent pour l’épuration.
Pour échapper au souvenir d’Ursula, cet amour qui le ronge, il rejoint, diplôme en poche, son ami Guy, pour suivre les leçons d’un grand maître Shaolin, jusqu’au fin fond de l’Asie : Kung fu (gongfu en pinyin). Littéralement « gong » : travail méritoire et « fu » : homme. Maîtrise et perfectionnement. Aguerri, il tâchera de retrouver la force d’affronter l’amour.
L’art d’Armanet réside dans son efficace capacité à revisiter ces seventies au son de Patti Smith et de ses chevaux, de Lou Reed… en nous entraînant des Halles à la Californie, de Montorgueil à la Chine. Toute une époque qui semble lointaine. Et pourtant…
Aujourd’hui le Drugstore a fait peau neuve et David Karradine est revenu dans deux films où il est pourchassé par Uma Thurman. Les temps ne changent pas tant et puis le tweed, il faut avouer que c’est quand même classe.
Charles Patin_O_Coohoon
Kung-fu
François Armanet
Ed. Grasset
143 p / 13 €
ISBN: 2246714613
David Karradine en pull en shetland et mocassins Weston. Pour apprécier François Armanet, il faut avoir la nostalgie des vestes en tweed, accessoire fétiche du dandysme à la sixties. Pour apprécier Kung-fu,, il faut se remémorer David Karradine dans la série du même nom. Mais pas seulement…
Auteur, avec son frère, d’une œuvre référence sur le cinéma chinois de genre, Ciné Kung Fu (Ramsay) où il passe en revue les moines combattants, la Shaw Brothers, Bruce Lee, les héritiers noirs et blancs, les Ladies kung fu et Jackie Chan, François Armanet a une maîtrise certaine des arts martiaux et des positions du « léopard », du « dragon de l'est » et « du vieux tigre ». Mais il est surtout l’auteur d’une jeunesse qui s’initie.
La première scène de Kung-fu se déroule aujourd’hui. Un black se fait défoncer par un Beur dans le métro. Le narrateur reste immobile, lâche et paralysé et la France a changé. Il a 55 ans et pourtant il "touche" question art martial. Il y a quelques années, il serait certainement intervenu, alors il se replonge dans son passé, Ursula hier, qu’il a rencontrée dans un kibboutz pendant la guerre des Six jours et Louise aujourd’hui, qu’il vient de quitter. Il est dur d’aimer.
Tweed vs cuir
Que s’est-il passé en trente ans ? Le tweed a laissé sa place au cuir. Perfecto, T-shirt blanc et jean Lee Rider (rapiécé évidemment) sont désormais de rigueur. Les chars rouges n’ont pas envahi Paris. Le narrateur a quitté ses années lycée à gauche du trottoir prolétarien du 133 de l’avenue des Champs Elysées pour prendre en pleine tronche les années 70. Comme la pratique physique abolissait les différences de classes plus sûrement que le gauchisme, il fréquente les salles de boxes pour apprendre à encaisser et maîtriser ses émotions. Le dépaysement est partiel. Même morgue de la horde, même sentiment d’appartenance à une caste (…) même apologie de la terreur, même talent pour l’épuration.
Pour échapper au souvenir d’Ursula, cet amour qui le ronge, il rejoint, diplôme en poche, son ami Guy, pour suivre les leçons d’un grand maître Shaolin, jusqu’au fin fond de l’Asie : Kung fu (gongfu en pinyin). Littéralement « gong » : travail méritoire et « fu » : homme. Maîtrise et perfectionnement. Aguerri, il tâchera de retrouver la force d’affronter l’amour.
L’art d’Armanet réside dans son efficace capacité à revisiter ces seventies au son de Patti Smith et de ses chevaux, de Lou Reed… en nous entraînant des Halles à la Californie, de Montorgueil à la Chine. Toute une époque qui semble lointaine. Et pourtant…
Aujourd’hui le Drugstore a fait peau neuve et David Karradine est revenu dans deux films où il est pourchassé par Uma Thurman. Les temps ne changent pas tant et puis le tweed, il faut avouer que c’est quand même classe.
Charles Patin_O_Coohoon
Kung-fu
François Armanet
Ed. Grasset
143 p / 13 €
ISBN: 2246714613
Last modified onjeudi, 18 juin 2009 23:46
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