Picouly, haut les prix !
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La rentrée littéraire achevée, nous avons demandé à Daniel Picouly, écrivain, journaliste et président de la douxième édition du prix RFO son sentiment sur la fonction de ces récompenses.
Zone : Vous venez de présider le prix RFO du livre, qu’est-ce qui vous a poussé à accepter cette fonction ?
Daniel Picouly : J’avais fait partie du jury auparavant. Par ailleurs j’anime sur RFO Tropisme une émission hebdomadaire consacrée à la littérature des pays d’outre-mer et des pays du Sud, laquelle me permet de rencontrer beaucoup d’auteurs. C’était pour moi une suite logique.
Je ne voyais pas de raison de refuser cette fonction. D’autant qu’il y avait, pour cette douzième édition du prix un très beau jury : Laure Adler, Paule Constant, Alain Mabanckou,…
L’attribution d’un prix est toujours accompagné de bruits divers : interrogations, soupçons et dénonciation de magouille. Vous qui connaissez les deux côtés puisque vous avez reçu le prix Renaudot en 1999, que pensez-vous de cet « état de fait » ?
Comme je vous l’ai dit, présider ce prix était une expérience très intéressante. Le jury étant composé de personnalités très fortes ni achetables ni influençables : des amoureux de la littérature qui vont jusqu’au bout de leurs idées et de leurs convictions. Les débats n'en étaient que plus animés et par là même passionnants. Je pense que tout ce qui se dit autour de l’attribution des prix est fiction. En ce qui concerne le prix RFO, la transparence est indubitable.
Les prix aident les écrivains à poursuivre leur travail d’écriture grâce aux bourses obtenues, mais qu’apportent-ils à la littérature ?
Vous vous trompez. Aucun des grands prix littéraires, le Goncourt, Le Renaudot, le Fémina… n’est doté d’une gratification. Auteurs et éditeurs sont rémunérés grâce au tirage. Quant aux bourses, si elles sont nombreuses, elles aident les écrivains de manière assez marginale. Il est difficile de subventionner l’activité d’écriture.
Les prix sont une singularité française. En effet, la France est un des seuls pays à couvrir autant l’actualité littéraire. Vous ne verrez nulle part ailleurs des Unes de journaux consacrées à un écrivain primé ou à des débats littéraires. La littérature ne laisse pas indifférente la société française. Ainsi, le public accorde sa confiance aux spécialistes. Et les prix ont le mérite d’amener les lecteurs vers des livres et des auteurs qu’ils ne liraient pas forcément.
Mais justement, ne pensez-vous pas que les prix ont tendance à orienter le choix des lecteurs et mettent leur curiosité en berne ?
Sans les prix, les lecteurs n’ont pas d’indications. Il faut avoir le temps et posséder les repères nécessaires pour faire son choix parmi les livres proposés dans les rayons des librairies. De surcroît, il est impossible de lire tous les livres de la rentrée littéraire, tant ils sont nombreux. Les prix permettent donc de baliser le parcours du lecteur et de le guider dans ses choix. Celui de la Fnac dont la sélection est réalisée par les adhérents et les libraires, en est le meilleur exemple. Certaines personnes ont besoin de points de repères, d’autres refusent, par principe, d’acheter les livres primés et préfèrent suivre leurs propres intuitions. Cela dépend des personnes.
Pourrait-on envisager la disparition des prix littéraires ?
Non. C’est du darwinisme : ne sert à rien que ce qui n’a pas de fonction. Or les prix littéraires en ont une. L’achat d’un livre est un acte sophistiqué et complexe. Enlever les récompenses reviendrait à ôter au lecteur des points de repères dont il a besoin. La subjectivité d’une sélection est classique, c’est une évidence. Pour autant, le lecteur reste fondamentalement libre. Les livres sont effectivement mis en avant dans les librairies. L’achalandage et la publicité influencent très certainement les lecteurs. Mais le libraire propose toujours une sélection d’ouvrages tout au long de l’année et pas seulement au moment de la rentrée littéraire. Il y aura toujours de très bons auteurs évincés d’un système violent qui n’est pas forcément équitable. Mais il n’en existe pas de plus juste.
Doreen Bodin
Daniel Picouly
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
Zone : Vous venez de présider le prix RFO du livre, qu’est-ce qui vous a poussé à accepter cette fonction ?
Daniel Picouly : J’avais fait partie du jury auparavant. Par ailleurs j’anime sur RFO Tropisme une émission hebdomadaire consacrée à la littérature des pays d’outre-mer et des pays du Sud, laquelle me permet de rencontrer beaucoup d’auteurs. C’était pour moi une suite logique.
Je ne voyais pas de raison de refuser cette fonction. D’autant qu’il y avait, pour cette douzième édition du prix un très beau jury : Laure Adler, Paule Constant, Alain Mabanckou,…
L’attribution d’un prix est toujours accompagné de bruits divers : interrogations, soupçons et dénonciation de magouille. Vous qui connaissez les deux côtés puisque vous avez reçu le prix Renaudot en 1999, que pensez-vous de cet « état de fait » ?
Comme je vous l’ai dit, présider ce prix était une expérience très intéressante. Le jury étant composé de personnalités très fortes ni achetables ni influençables : des amoureux de la littérature qui vont jusqu’au bout de leurs idées et de leurs convictions. Les débats n'en étaient que plus animés et par là même passionnants. Je pense que tout ce qui se dit autour de l’attribution des prix est fiction. En ce qui concerne le prix RFO, la transparence est indubitable.
Les prix aident les écrivains à poursuivre leur travail d’écriture grâce aux bourses obtenues, mais qu’apportent-ils à la littérature ?
Vous vous trompez. Aucun des grands prix littéraires, le Goncourt, Le Renaudot, le Fémina… n’est doté d’une gratification. Auteurs et éditeurs sont rémunérés grâce au tirage. Quant aux bourses, si elles sont nombreuses, elles aident les écrivains de manière assez marginale. Il est difficile de subventionner l’activité d’écriture.
Les prix sont une singularité française. En effet, la France est un des seuls pays à couvrir autant l’actualité littéraire. Vous ne verrez nulle part ailleurs des Unes de journaux consacrées à un écrivain primé ou à des débats littéraires. La littérature ne laisse pas indifférente la société française. Ainsi, le public accorde sa confiance aux spécialistes. Et les prix ont le mérite d’amener les lecteurs vers des livres et des auteurs qu’ils ne liraient pas forcément.
Mais justement, ne pensez-vous pas que les prix ont tendance à orienter le choix des lecteurs et mettent leur curiosité en berne ?
Sans les prix, les lecteurs n’ont pas d’indications. Il faut avoir le temps et posséder les repères nécessaires pour faire son choix parmi les livres proposés dans les rayons des librairies. De surcroît, il est impossible de lire tous les livres de la rentrée littéraire, tant ils sont nombreux. Les prix permettent donc de baliser le parcours du lecteur et de le guider dans ses choix. Celui de la Fnac dont la sélection est réalisée par les adhérents et les libraires, en est le meilleur exemple. Certaines personnes ont besoin de points de repères, d’autres refusent, par principe, d’acheter les livres primés et préfèrent suivre leurs propres intuitions. Cela dépend des personnes.
Pourrait-on envisager la disparition des prix littéraires ?
Non. C’est du darwinisme : ne sert à rien que ce qui n’a pas de fonction. Or les prix littéraires en ont une. L’achat d’un livre est un acte sophistiqué et complexe. Enlever les récompenses reviendrait à ôter au lecteur des points de repères dont il a besoin. La subjectivité d’une sélection est classique, c’est une évidence. Pour autant, le lecteur reste fondamentalement libre. Les livres sont effectivement mis en avant dans les librairies. L’achalandage et la publicité influencent très certainement les lecteurs. Mais le libraire propose toujours une sélection d’ouvrages tout au long de l’année et pas seulement au moment de la rentrée littéraire. Il y aura toujours de très bons auteurs évincés d’un système violent qui n’est pas forcément équitable. Mais il n’en existe pas de plus juste.
Doreen Bodin
Daniel Picouly
Ed.
0 p / 0 €
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Last modified onmercredi, 24 juin 2009 23:31
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