Salon du Livre 2003 : la commissaire d'exposition nous en parle
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Du 21 au 26 mars aura lieu le 23ème Salon du Livre. Après l'Italie, Paris reçoit comme invité d'honneur les Pays-Bas et la Flandre. Pour décrypter cet événement hors-norme et prestigieux, Taya de Reynies, commissaire de l'exposition nous parle du salon vu de l'intérieur.
Pouvez-vous nous définir votre rôle au sein du salon ?
Le salon est organisé pour le compte du Syndicat National de l'Edition [SNE, ndlr]. Il représente 50.000 m² de surface, 220.000 visiteurs, 300 animations, 3.000 dédicaces. Mon rôle consiste à coordonner l'événement dans son ensemble. C'est un travail à l'année et à temps plein, que je complète aussi par l'organisation du Salon du Livre de Jeunesse qui se déroule tous les ans à Montreuil. En réalité, le salon est en perpétuelle préparation. Dès qu'il se termine, nous annonçons le nom du prochain pays à l'honneur et nous nous occupons d'établir un bilan.
Justement, comment choisit-on le pays à l'honneur ?
Le choix s'effectue en partenariat entre le SNE et la commission internationale du syndicat. On cherche avant tout à ce qu'il y ait un intérêt à la fois pour le public et les professionnels. Nous accueillons chaque année une cinquantaine d'auteurs – cette année 56 – dans le domaine de la littérature, de la jeunesse, de la bande dessinée ou de l'histoire de l'art.
Quel est l'impact éditorial d'un tel salon ?
En 91, on comptait une quinzaine de titres traduits du néerlandais. En 2001, une quarantaine, et cette année, 70. On remarque une réelle implication des éditeurs et du pays reçu. Les retombées sont importantes, notamment au niveau médiatique : pour un pays, rares sont les occasions d'avoir sa culture à l'honneur pendant une semaine.
Comment travaillez-vous avec le pays reçu quant à la préparation de l'événement ? Quels sont vos interlocuteurs ?
Chaque année, nous travaillons différemment. Parfois, il y a une fondation dont l'objectif est de promouvoir la culture du pays, comme c'est le cas cette année. Après avoir travaillé les années précédentes pour les salons de Londres ou de Turin, la fondation pour la promotion de la littérature néerlandaise s'est occupée du Salon du Livre de Paris. Certaines fois, on est davantage en collaboration avec l'association des éditeurs et de temps en temps, ce sont les ministères de la culture qui s'en chargent. Quoiqu'il arrive, ces présences sont financées par les pouvoirs publics des pays invités, que ce soit le ministère de la culture, des affaires étrangères ou de la jeunesse : chaque pays a son fonctionnement. En ce qui concerne le financement du séjour des auteurs étrangers en France, il relève d'un partage entre la France - par l'intermédiaire du Centre National du Livre - et le pays à l'honneur.
Et pourquoi ne pas avoir invité l'Algérie alors que nous lui consacrons une année nationale ?
Nous choisissons le pays que nous recevrons au salon l'année suivante avant que l'Etat français ne se décide. De toute façon, les auteurs algériens seront très présents cette année, et rien n'empêche que l'Algérie soit l'invité d'honneur du salon pour les années qui viennent. En moyenne, 20 à 25 pays sont représentés. Le public, d'ailleurs, leur accorde une grande importance. Le Brésil, après avoir été reçu officiellement, ne s'était pas présenté l'année suivante pour des raisons financières, et le public nous en a fait le reproche. La semaine prochaine, nous pourrons compter sur la Grèce, par exemple, qui désirait affirmer "culturellement" sa présidence à la tête de l'Union Européenne.
Comment gérez-vous les crises qui peuvent survenir, comme ce fut le cas l'année dernière avec l'Italie ?
Disons que l'année dernière, ce fut un problème politique qui ne relevait pas de nos compétences. Le ministre de la culture a fait son travail en intervenant. Ceci ne nous regardait pas directement. Pour notre part, l'objectif de mettre en valeur la culture italienne a été atteint. Nous sommes confiants, d'autant plus qu'ils reviennent cette année avec des surfaces importantes.
Les éditeurs français, quant à eux, ne seront pas tous là ?
Notre but est de proposer la plus grande offre éditoriale possible. Nous accueillons cette année 400 éditeurs régionaux qui n'ont pas toujours beaucoup de place en librairie. Cela permet de faire de vraies découvertes. Globalement, tout le monde sera présent, à part quelques-uns qui n'ont pas forcément le temps ou l'argent. Toutefois, nous avons lancé il y a deux ans un tarif préférentiel pour ceux qui réalisaient un chiffre d'affaires inférieur à 500.000 euros. Nous nous devons de faciliter la venue de chacun. D'autres, enfin, n'incluent pas les salons dans leur stratégie commerciale, comme Dupuys ou les Humanoïdes et associés qui ne se rendent même pas à Angoulême. Nous ne pouvons pas les forcer !
A quelles nouveautés devons-nous attendre cette année ?
Le salon ne doit pas se résumer aux signatures d'auteurs. Il faut le faire vivre. Outre les activités qui nous sont proposées chaque année (débats, conférences...), nous aurons un espace cinéma et un atelier de colorisation de planches pour les enfants. Ce dernier public nous demande une grande implication : une personne s'occupe exclusivement de la programmation jeunesse et de l'information des classes pendant trois à quatre mois.
Et plus généralement, quel type de public se rend au salon ?
L'année dernière, le nombre de visiteurs a légèrement faibli à cause, notamment, des scolaires, limités en déplacement par les restrictions du plan Vigipirate. Une étude que nous avons réalisée sur un échantillon grand public de 600 personnes a montré que le salon recevait un public à 45 % masculin, avec une importante fréquentation des jeunes et des 35/45 ans. Les familles viennent le week-end et la nocturne est plus littéraire. Le public est très varié, même s'il est à 80 % parisien. Néanmoins, nous développons l'accueil de provinciaux, notamment par notre partenariat avec la SNCF, et nous arrivons à mobiliser le public du pays à l'honneur, surtout quand il n'est pas loin. Cette année, nous attendons beaucoup de belges.
Quant à leurs comportements, disposez-vous d'informations précises ?
La dépense moyenne s'élève à 70 euros. Il faut dire que certains ne se rendent pas souvent en librairie car ils se sentent un peu gênés. D'autres arrivent une heure à l'avance. Ils veulent avoir tout le temps possible pour choisir et découvrir des auteurs qu'ils ne connaissent pas.
Ariel Kenig
Taya de Reynes
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
Pouvez-vous nous définir votre rôle au sein du salon ?
Le salon est organisé pour le compte du Syndicat National de l'Edition [SNE, ndlr]. Il représente 50.000 m² de surface, 220.000 visiteurs, 300 animations, 3.000 dédicaces. Mon rôle consiste à coordonner l'événement dans son ensemble. C'est un travail à l'année et à temps plein, que je complète aussi par l'organisation du Salon du Livre de Jeunesse qui se déroule tous les ans à Montreuil. En réalité, le salon est en perpétuelle préparation. Dès qu'il se termine, nous annonçons le nom du prochain pays à l'honneur et nous nous occupons d'établir un bilan.
Justement, comment choisit-on le pays à l'honneur ?
Le choix s'effectue en partenariat entre le SNE et la commission internationale du syndicat. On cherche avant tout à ce qu'il y ait un intérêt à la fois pour le public et les professionnels. Nous accueillons chaque année une cinquantaine d'auteurs – cette année 56 – dans le domaine de la littérature, de la jeunesse, de la bande dessinée ou de l'histoire de l'art.
Quel est l'impact éditorial d'un tel salon ?
En 91, on comptait une quinzaine de titres traduits du néerlandais. En 2001, une quarantaine, et cette année, 70. On remarque une réelle implication des éditeurs et du pays reçu. Les retombées sont importantes, notamment au niveau médiatique : pour un pays, rares sont les occasions d'avoir sa culture à l'honneur pendant une semaine.
Comment travaillez-vous avec le pays reçu quant à la préparation de l'événement ? Quels sont vos interlocuteurs ?
Chaque année, nous travaillons différemment. Parfois, il y a une fondation dont l'objectif est de promouvoir la culture du pays, comme c'est le cas cette année. Après avoir travaillé les années précédentes pour les salons de Londres ou de Turin, la fondation pour la promotion de la littérature néerlandaise s'est occupée du Salon du Livre de Paris. Certaines fois, on est davantage en collaboration avec l'association des éditeurs et de temps en temps, ce sont les ministères de la culture qui s'en chargent. Quoiqu'il arrive, ces présences sont financées par les pouvoirs publics des pays invités, que ce soit le ministère de la culture, des affaires étrangères ou de la jeunesse : chaque pays a son fonctionnement. En ce qui concerne le financement du séjour des auteurs étrangers en France, il relève d'un partage entre la France - par l'intermédiaire du Centre National du Livre - et le pays à l'honneur.
Et pourquoi ne pas avoir invité l'Algérie alors que nous lui consacrons une année nationale ?
Nous choisissons le pays que nous recevrons au salon l'année suivante avant que l'Etat français ne se décide. De toute façon, les auteurs algériens seront très présents cette année, et rien n'empêche que l'Algérie soit l'invité d'honneur du salon pour les années qui viennent. En moyenne, 20 à 25 pays sont représentés. Le public, d'ailleurs, leur accorde une grande importance. Le Brésil, après avoir été reçu officiellement, ne s'était pas présenté l'année suivante pour des raisons financières, et le public nous en a fait le reproche. La semaine prochaine, nous pourrons compter sur la Grèce, par exemple, qui désirait affirmer "culturellement" sa présidence à la tête de l'Union Européenne.
Comment gérez-vous les crises qui peuvent survenir, comme ce fut le cas l'année dernière avec l'Italie ?
Disons que l'année dernière, ce fut un problème politique qui ne relevait pas de nos compétences. Le ministre de la culture a fait son travail en intervenant. Ceci ne nous regardait pas directement. Pour notre part, l'objectif de mettre en valeur la culture italienne a été atteint. Nous sommes confiants, d'autant plus qu'ils reviennent cette année avec des surfaces importantes.
Les éditeurs français, quant à eux, ne seront pas tous là ?
Notre but est de proposer la plus grande offre éditoriale possible. Nous accueillons cette année 400 éditeurs régionaux qui n'ont pas toujours beaucoup de place en librairie. Cela permet de faire de vraies découvertes. Globalement, tout le monde sera présent, à part quelques-uns qui n'ont pas forcément le temps ou l'argent. Toutefois, nous avons lancé il y a deux ans un tarif préférentiel pour ceux qui réalisaient un chiffre d'affaires inférieur à 500.000 euros. Nous nous devons de faciliter la venue de chacun. D'autres, enfin, n'incluent pas les salons dans leur stratégie commerciale, comme Dupuys ou les Humanoïdes et associés qui ne se rendent même pas à Angoulême. Nous ne pouvons pas les forcer !
A quelles nouveautés devons-nous attendre cette année ?
Le salon ne doit pas se résumer aux signatures d'auteurs. Il faut le faire vivre. Outre les activités qui nous sont proposées chaque année (débats, conférences...), nous aurons un espace cinéma et un atelier de colorisation de planches pour les enfants. Ce dernier public nous demande une grande implication : une personne s'occupe exclusivement de la programmation jeunesse et de l'information des classes pendant trois à quatre mois.
Et plus généralement, quel type de public se rend au salon ?
L'année dernière, le nombre de visiteurs a légèrement faibli à cause, notamment, des scolaires, limités en déplacement par les restrictions du plan Vigipirate. Une étude que nous avons réalisée sur un échantillon grand public de 600 personnes a montré que le salon recevait un public à 45 % masculin, avec une importante fréquentation des jeunes et des 35/45 ans. Les familles viennent le week-end et la nocturne est plus littéraire. Le public est très varié, même s'il est à 80 % parisien. Néanmoins, nous développons l'accueil de provinciaux, notamment par notre partenariat avec la SNCF, et nous arrivons à mobiliser le public du pays à l'honneur, surtout quand il n'est pas loin. Cette année, nous attendons beaucoup de belges.
Quant à leurs comportements, disposez-vous d'informations précises ?
La dépense moyenne s'élève à 70 euros. Il faut dire que certains ne se rendent pas souvent en librairie car ils se sentent un peu gênés. D'autres arrivent une heure à l'avance. Ils veulent avoir tout le temps possible pour choisir et découvrir des auteurs qu'ils ne connaissent pas.
Ariel Kenig
Taya de Reynes
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Last modified onsamedi, 16 mai 2009 15:26
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