Brouillons d'écrivains
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Qu'est-ce qu'un brouillon ?
De loin, ça ressemble à du papier chiffonné, une masse informe de collages, de ratures et de gribouillis. De près, c'est à peu près pareil.
Et pourtant, c'est là que se joue l'essentiel du processus de création. On y décèle le chemin qui a mené la pensée vers sa réalisation. Les balbutiements. Les hésitations. Les triomphes. Les effondrements.
C'est sur ce chemin que la Bibliothèque François Mitterrand nous emmène jusqu'au 17 juin. Les brouillons d'écrivains sont aujourd'hui élevés au rang d'objets fétiches, d'œuvres d'art. On y croise, dans une atmosphère feutrée, l'écriture de Pascal et de Perec. De Flaubert, de Vian, de Proust, de Sartre, de Claudel, de Ponge, de Valéry, de Balzac, et de tant d'autres. 200 manuscrits. Et des montages audio-vidéo : Perec nous explique la construction de son roman La vie, mode d'emploi ; Sartre nous parle du rôle de la philosophie dans sa pensée ; Jankélévitch s'interroge sur sa relation avec les étudiants, etc. C'est véritablement dans l'univers de la création que l'on est plongé.
Une anecdote qui donne le ton : on se trouve maintenant dans la deuxième partie de l'expo, et en face de nous, sur une table anodine, le brouillon de Proust qui cherche la dernière phrase de La Recherche.
Sa dernière phrase.
C'est une succession étrange de ratures en croix, griffonnées avec précipitation. Etranges ratures se succédant sur trois pages serrées pour aboutir enfin à la phrase recherchée. Suivie du mot FIN.
Proust, durant tout son manuscrit, n'a pratiquement jamais utilisé des ratures et préférait les collages méticuleux. On sent ici, pour ces derniers instants, une impatience, une volonté presque frénétique d'inscrire le dernier mot.
Son dernier mot.
Proust est mort quelques mois après ces trois pages. Et le brouillon, qui se trouve devant nous, nous parle de l'émotion des derniers instants. De l'émotion du mot FIN.
Pour chaque écrivain, on découvre une intimité dans l'écriture si proche de nous, si touchante. Mais le mieux est encore de s'y rendre. Car cette exposition est incontestablement exceptionnelle.
Florian Zeller
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
De loin, ça ressemble à du papier chiffonné, une masse informe de collages, de ratures et de gribouillis. De près, c'est à peu près pareil.
Et pourtant, c'est là que se joue l'essentiel du processus de création. On y décèle le chemin qui a mené la pensée vers sa réalisation. Les balbutiements. Les hésitations. Les triomphes. Les effondrements.
C'est sur ce chemin que la Bibliothèque François Mitterrand nous emmène jusqu'au 17 juin. Les brouillons d'écrivains sont aujourd'hui élevés au rang d'objets fétiches, d'œuvres d'art. On y croise, dans une atmosphère feutrée, l'écriture de Pascal et de Perec. De Flaubert, de Vian, de Proust, de Sartre, de Claudel, de Ponge, de Valéry, de Balzac, et de tant d'autres. 200 manuscrits. Et des montages audio-vidéo : Perec nous explique la construction de son roman La vie, mode d'emploi ; Sartre nous parle du rôle de la philosophie dans sa pensée ; Jankélévitch s'interroge sur sa relation avec les étudiants, etc. C'est véritablement dans l'univers de la création que l'on est plongé.
Une anecdote qui donne le ton : on se trouve maintenant dans la deuxième partie de l'expo, et en face de nous, sur une table anodine, le brouillon de Proust qui cherche la dernière phrase de La Recherche.
Sa dernière phrase.
C'est une succession étrange de ratures en croix, griffonnées avec précipitation. Etranges ratures se succédant sur trois pages serrées pour aboutir enfin à la phrase recherchée. Suivie du mot FIN.
Proust, durant tout son manuscrit, n'a pratiquement jamais utilisé des ratures et préférait les collages méticuleux. On sent ici, pour ces derniers instants, une impatience, une volonté presque frénétique d'inscrire le dernier mot.
Son dernier mot.
Proust est mort quelques mois après ces trois pages. Et le brouillon, qui se trouve devant nous, nous parle de l'émotion des derniers instants. De l'émotion du mot FIN.
Pour chaque écrivain, on découvre une intimité dans l'écriture si proche de nous, si touchante. Mais le mieux est encore de s'y rendre. Car cette exposition est incontestablement exceptionnelle.
Florian Zeller
Ed.
0 p / 0 €
ISBN:
Last modified ondimanche, 26 avril 2009 14:40
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