En panne d'idée cadeau à l'approche de Noël ? Suivez le guide... Beaux livres, romans ou essais : l’onirisme a le vent en poupe. Entre les banlieues embrasées, la crise de l’immobilier et la grippe aviaire, on comprend ce besoin d’ailleurs. Rêve, évasion et voyage la moindre occasion d’échappée belle est saisie au bond et ce sont souvent les cieux qui attirent. Quoique de genres très différents, Ciels, La sagesse des oiseaux (accompagné de L’univers est un rêve ) et Le Cercle de Meggido sont des ouvrages de mystère, de symbolisme et d’éther, qui s’entourent de brumes et de plumes pour mieux révéler la luminosité de l’univers. Des livres qui prouvent que les songes transcendent l’existence et que les cieux sont à la fois source d’une création artistique intarissable et outil de compréhension du sol foulé. Féru de pilotage et de photographie depuis toujours, quoi de plus naturel que ce soient les airs qui inspirent à Olivier Dassault ses plus beaux clichés ? Les voici réunis dans un beau-livre d’évasion, qui se donnait comme objectif de regarder le ciel depuis le ciel. Aubes et crépuscules, valses et tangos des nuages, vertiges des percées du soleil : ce sont autant de formes et de couleurs qui s’épousent pour attribuer au ciel des visages inattendus. Nébuleuses de vents et de lumière, au-dessus, en dessous et parmi les limbes, Olivier Dassault a su capter des images de rêve d’une intensité palpable. De son côté, André Velter (Prix Goncourt de la Poésie 1996, directeur de la collection Poésie chez Gallimard) a reçu comme mission d’accompagner ses photos de textes. Une envolée poétique grâce à laquelle on entre dans ce que l’exploration des airs, depuis l’aventure des pionniers de l’aéropostale, a suscité chez les artistes : une véritable révolution des perceptions, retransmises dans leurs œuvres picturales, littéraires et sonores. « Les nuages qui passent […] aimés plus que père et mère par l’homme énigmatique de Baudelaire, nous les voyons désormais plus bas que nous. Et c’est une autre perspective qui se déchaîne, d’autres rythmes qui s’éprouvent, d’autres révélations qui montent à la tête. On navigue en étirant le temps.» Erik Sablé pourrait faire partie de ces artistes, lui qui contemple et étudie les oiseaux depuis une trentaine d’années. C’est donc tout naturellement qu’il a établi certaines analogies entre la vie du ciel et celle de la Terre, entre l’homme, l’oiseau et le divin. La question sous-tendue par La sagesse des oiseaux est la suivante : l’oiseau n’est-il pas cette passerelle cherchée depuis toujours par l’homme pour rejoindre Dieu ? Dans nombre de croyances populaires et spirituelles, l’âme humaine n’est-elle pas dotée d’ailes ? Chez les Ahli-Hacqq, Dieu n’est-il pas un oiseau aux ailes d’or ?Parallèlement, Sablé souligne le jeu de miroir qui existe entre l’homme et le volatile. Et, de la parade amoureuse à la symbolique de l’œuf, en passant par les combats et le langage, l’oiseau se révèle être un homme autant qu’un Dieu ; tendre vers l’oiseau serait se rapprocher de l’essence divine. Un raisonnement poursuivi dans L’univers est un rêve. Sur le même principe de brefs chapitres, L’univers est un rêve se pose la question de savoir si l’existence ne serait pas d’une égale inconsistance que nos songes. Et donc, si Dieu n’est pas plus incarné que l’homme lui-même. Pour Nathalie Rheims, qui a choisi d’appeler son héroïne Maya – terme qui signifie illusion, dans la mystique indienne – rêve et réalité, humanité et divinité, sont également inséparables. On connaissait déjà à cet écrivain une certaine audace, elle qui a su, à travers ses premiers livres, inaugurer un chemin entre écriture de l’intime et roman. Lettre à une amoureuse morte, L’un pour l’autre ou encore Les fleurs du silence, exploraient le personnel sans pour autant basculer dans l’auto-fiction alors en vogue ; L’ange de la dernière heure et Lumière invisible à mes yeux témoignaient de son rapport étroit à l’au-delà. Une fois encore, la jeune femme ouvre des portes surprenantes. Le Cercle de Meggido est un thriller ésotérique haletant, qui a fait dire d’elle qu’elle était une Dan Brown à la française. Une comparaison sensée mais pauvre. Certes, tous les ingrédients semblent ici réunis : un site archéologique sur lequel certaines découvertes remettent en cause les fondements de la Bible, une secte de religieux mystérieux, une série de meurtres. Mais il y a dans ce roman bien davantage : des personnages terriblement bien campés, un suspense mêlé de magie (chaque meurtre est annoncé par texto la veille, et s’organise autour d’une logique zodiacale que les protagonistes devront déchiffrer), un message philosophique(tolérance, œcuménisme et déterminisme) ainsi qu’une écriture qui transporte. Vous avez du mal à choisir un cadeau livre pour Noël ? Surprenez vos proches et préférez, aux convenus La Terre vue du Ciel ou à Trois jours chez ma mère, Olivier Dassault, Erik Sablé et Nathalie Rheims. Jessica Nelson Ciels, Olivier Dassault, texte d’André Velter, éd. Cercle d’art La sagesse des oiseaux, Erik Sablé (+ L’univers est un rêve), éd. Zulma Le Cercle de Meggido, Nathalie Rheims, éd. Léo Scheer
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