Les Brèves
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01 Mai 2011 |
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![]() Lire ce roman qui, à première vue, s’apparente au genre du college novel, pourrait laisser à penser que l’auteur, à peine libérée de ses années d’université (Naomi Alderman est diplômée d’Oxford), choisit le cadre mythique du campus, parangon de la bonne éducation british, comme théâtre de ses premiers frémissements littéraires. Les longues discussions, alimentées par l’alcool et les joints, autour de questions essentielles comme la religion ou la sexualité, pourraient passer pour autant de lieux communs d’une première expérience littéraire. Mais ces thèmes - qu’elle abordait de façon singulière et apparemment plus sérieuse dans son premier roman, La désobéissance - constituent précisément la pierre angulaire de l’oeuvre de Naomi Alderman. Ayant grandi au sein de la communauté juive orthodoxe d’Hendon, elle se débat avec la question de l’ambiguïté sexuelle et du rapport extrêmement complexe qu’elle entretient avec la religion. Les années college James, le narrateur, entame ses études à Oxford. Inscrit en physique, il est bien entendu brillant : « je n’éprouvais aucun doute quant à mes capacités intellectuelles. Mes rêves étaient là, à portée de main : les amis influents, la maîtrise avec mention, le ruban bleu d’athlétisme. Et maintenant, je courais. Tout allait bien non ? » Mais il « tombe » justement très vite. En faisant son footing, il se blesse au genou. Et cela, dès la troisième semaine du premier trimestre. Les dés sont alors jetés. James n’obtiendra pas de bourse en athlétisme et il souffrira de cette blessure toute sa vie. Désormais tributaire des autres, il rencontre Jess, étudiante brillante elle aussi (évidemment) et talentueuse violoniste. À Oxford, tout le monde a une passion dans laquelle il excelle... Jess introduit James dans une petite bande prétendument au-dessus des ringards qui bachotent. Á la tête de ce petit groupe se trouve Mark, un dandy charismatique et exaspérant, homosexuel notoire et catholique fervent. Il mène une vie de rentier dans une immense maison juste à côté d’Oxford. Ne supportant pas la solitude, celui-ci convainc James, Jess, Franny, Simon et Emmanuella de venir vivre avec lui. Démarre alors une nouvelle vie faite de nuits très courtes et de discussions interminables. Mauvais genre est découpé en chapitres qui correspondent au « temps » d’Oxford (années, semaines, trimestres) qui sont encadrés par un autre temps, celui du présent, de l’après Oxford. Si elle tire peut-être un peu trop en longueur, la partie college novel à proprement parler, finit par subtilement laisser place à un récit intimiste d’une surprenante violence. Une fascinante danse de mort rythmée par des airs de brit pop. Dans La désobéissance, Dovid souffrait de migraines récurrentes. Dans Mauvais genre, le genou de James lui rappelle régulièrement qu’il ne vivra plus jamais sans ressentir la douleur. La souffrance est constamment présente pour rappeler à l’homme ce qui le hante. Ici, la question de la rédemption est peut-être posée de façon plus frontale. Notre morale intime est-elle compatible avec les dogmes de la religion ? Peut-il y avoir des sacrifices qui n’en appellent pas d’autres en retour ? Chez Naomi Alderman, la punition n’est jamais divine, simplement humaine. Les personnages se réfugient derrière leurs croyances pour ne pas affronter leur inconscient. Comme dans la tragédie antique, les personnages finissent toujours par se punir eux-mêmes de ce qu’ils appréhendent. Et ne réussissent finalement à ne s’émanciper que par la violence. Mauvais genre
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