Les Brèves
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25 Mar 2010 |
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« Et puis, je ne finis jamais les livres, tu le sais bien. Je finis ceux que j’écris, et plutôt mal merci, mais ceux que je lis, je m’en fous. J’aime bien ne pas savoir la fin. Les cinquante dernières pages de Belle du Seigneur, par exemple, ça me fait une raison de ne pas mourir, une distance avec le destin : aucun dieu n’aurait le cœur assez sec pour me rappeler à lui sans me laisser connaître le fin mot de cette histoire. » Bien le silence partout, c'est une histoire d’histoires. Celle d’un auteur amoureux, malheureux, qui se demande vraiment à quoi servent tous ces livres sur l’amour, toutes ces citations, si l’on est toujours aussi malheureux après les avoir lus. Mais il écrit quand même. C’est l’histoire d’un écrivain qui ne finit jamais les livres qu’il est en train de lire et qui n’a pas non plus envie de finir son histoire d’amour avec Lise. Mais elle finit quand même. C’est aussi l’histoire d’un amour mis en scène, de la scène et de l’amour tout court. Enfin, c’est l’histoire de la vie d’artiste, entre silence de la page blanche et bruit des gens autour, celle de Léo Ferré. Chose frappante chez Diastème : l’homme est plus à l’aise avec son verre de rouge qu’en tête-à-tête avec une journaliste….celui-là même qui a fait rire toute une génération de jeunes femmes avec ses conseils dans 20 ans et son fameux courrier des lectrices. A l’exercice gênant de l’interview, il préfère sans doute écrire, et on le comprend. D’ailleurs il ne fait que ça, raconte-t-il, même si, à la solitude totale et oppressante de l’écriture du roman, il préfère l’expérience de troupe, comme il la vit au théâtre ou au cinéma. Car Diastème est vraiment l’exemple typique de ces auteurs talentueux qui savent nous embarquer dans leur univers, quel que soit le support pour leurs mots. Il a composé deux chansons pour Sinclair, écrit pour le théâtre, pour le cinéma, réalisé, mis en scène… Derrière ce simili grand écart, c’est la conviction qui domine et le refus du compromis. Justement, dans la catégorie Justes, Diastème c’est plutôt le genre Kaliayev : « mourir pour l'idée, c'est la seule façon d'être à la hauteur de l'idée ». Alors qu’il s’agisse de théâtre (la Nuit du thermomètre, 107 ans…), de cinéma (le Bruit des gens autour) ou de littérature, son univers est marqué par le champ lexical des sentiments et du statut d’artiste. Une sorte de diadème brut. La vie d'artiste Dans Bien le silence partout, il revient sur la drôle de vie d’auteur : « je suis écrivain. J’écris des livres. Mais comme le monde entier s’en fout, des livres, j’écris des films, aussi, et puis des pièces. », dit son narrateur, apostrophant, un brin filou, son lecteur, « les gens, du coup, se rendent moins compte que j’écris la même chose ». Pourtant, s’il avoue que pour la première fois il a vraiment la sensation d’avoir trouvé son double littéraire, Bien le silence autour reste un roman et non autobiographique. Autodérision, oui, auto-inspiration, oui, mais autofiction, surtout pas, il déteste le terme. Et ne comptez pas sur lui pour céder aux questions trop personnelles. Il confie même ne pas comprendre cette obstination de certains à vouloir savoir si tel ou tel fait est vrai, même si, oui, le côté identification lui paraît compréhensible pour un romancier contemporain plaçant son action dans un cadre somme toute assez réel et proche de sa propre vie. On ne peut s’empêcher de prêter à Eric, le narrateur du livre les traits de son auteur, mais on n’insistera pas sur le sujet, car après tout qu’importe que l’ histoire soit vraie ou non, du moment qu’elle nous enivre. Et l’on pense à ces paroles de Léo Ferré « Et un peu triste toi qui sait, tu lui diras que je m’en fiche ». Mais on n’ose pas lui dire. Alors on se quitte ainsi. En apprenant une bonne nouvelle : Diastème travaillerait sur une opérette avec Alex Beaupain. Une future mélodie du bonheur pour un nouveau grand écart. Olivia Michel Diastème
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