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Nouvelles du Goncourt: Bernard Comment lauréat 2011
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Tout passe de Bernard Comment (Christian Bourgois éditeur) a obtenu le Goncourt de la nouvelle. L'accadémie ...

Le parfum des livres
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A l'heure où le débat sur le numérique envahit et affole le milieu de l'édition, le bibiophile - ...

Harry Potter, nouveau Satan?
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  Le diocèse catholique de Gliwice, en Pologne, a mis en garde ses fidèles contre la lecture ...

Un prix pas si discret
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La France compterait autant de prix littéraires que de jours de l'année, de villes ou de cours d'eau, ...

PPDA : des ventes plagiées ?
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  PPDA aussi bien que Hemingway ? Les chiffres des ventes de Hemingway, la vie jusqu’à l’excès ...

George Bush auteur de "crime novels"?
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Déplacer les volumes des mémoires de George Bush récemment parus dans la section "crime fiction" ...

palmarès des prix de saison
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Ainsi soient-ils. Les jurys des prix littéraires 2010 se sont (presque tous) prononcés et les lauréats ...

Un pont pour le Medicis
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C'est au tour du jury du prix Medicis de mettre au jour son palmarès de l'année 2010. A savoir: Maïlys ...

Mathias Enard : ceux qui l’aiment prendront le train

Le transsibérien, Mathias Enard l’a effectué il y a tout juste un an dans le cadre de l’année France-Russie, en compagnie de plusieurs autres écrivains et poètes français. Pour Zone Lire l'article

Faut-il lire Safran Foer ?

Carnivore, ichtyophage ou carnassier, pas question de changer d’assiette. Parce que Faut-il manger des animaux serait signé Jonathan Safran Foer ? Lire l'article

Pauline Klein en version originale

Mais qui est Alice Kahn ? Dans ce petit livre inclassable, entre récit, roman et fable, Pauline Klein élabore une variation fine et caustique autour du monde de l’art. Lire l'article

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14

Mar

2010

Polyphonies en héritage Imprimer
Écrit par Laurence Bourgeon   
Dans son deuxième roman, Jakuta Alikavazovic crée un décor-univers toujours à la limite de l'imaginaire et de la réalité, convoque fiction et réalité en s'attachant à donner voix à des êtres qui peinent parfois à affirmer une présence spectrale. Elle était pourtant réellement là un lundi soir dans un café près de Bastille, à Paris en France. Portrait.
La quatrième de couv'
" Une jeune femme, blonde depuis peu, entre au Londres-Louxor. Dans cet ancien cinéma des années 20 se retrouve la diaspora bosniaque de Paris. On y parle peu de la guerre, davantage d’affaires, et beaucoup des soeurs Vitch : Ariana et Esme. En 1992, sur l’injonction parentale, elles ont rejoint un oncle installé à Paris depuis plusieurs années. Quinze ans plus tard, Ariana est comptable, Esme est écrivain. L’une séduit les hommes, l’autre les comprend. Elles font partie des habitués du Londres-Louxor, mais, ces derniers temps, on y croise surtout Esme, à la recherche de son aînée partie sans explications. Cette disparition émeut la communauté entière et pousse chacun à abattre ses cartes dans un jeu déroutant : l’évocation d’un pays d’origine dont l’histoire s’est éparpillée au fil de versions multiples ou dégradées, de fragments et de mythes."

 

Une jeune femme, blonde depuis peu, entre au Londres-Louxor. Dans cet ancien cinéma des années 20 se retrouve la diaspora bosniaque de Paris. On y parle peu de la guerre, davantage d’affaires, et beaucoup des soeurs Vitch : Ariana et Esme. En 1992, sur l’injonction parentale, elles ont rejoint un oncle installé à Paris depuis plusieurs années. Quinze ans plus tard, Ariana est comptable, Esme est écrivain. L’une séduit les hommes, l’autre les comprend. Elles font partie des habitués du Londres-Louxor, mais, ces derniers temps, on y croise surtout Esme, à la recherche de son aînée partie sans explications. Cette disparition émeut la communauté entière et pousse chacun à abattre ses cartes dans un jeu déroutant : l’évocation d’un pays d’origine dont l’histoire s’est éparpillée au fil de versions multiples ou dégradées, de fragments et de mythe
Une jeune femme, blonde depuis peu, entre au Londres-Louxor. Dans cet ancien cinéma des années 20 se retrouve la diaspora bosniaque de Paris. On y parle peu de la guerre, davantage d’affaires, et beaucoup des soeurs Vitch : Ariana et Esme. En 1992, sur l’injonction parentale, elles ont rejoint un oncle installé à Paris depuis plusieurs années. Quinze ans plus tard, Ariana est comptable, Esme est écrivain. L’une séduit les hommes, l’autre les comprend. Elles font partie des habitués du Londres-Louxor, mais, ces derniers temps, on y croise surtout Esme, à la recherche de son aînée partie sans explications. Cette disparition émeut la communauté entière et pousse chacun à abattre ses cartes dans un jeu déroutant : l’évocation d’un pays d’origine dont l’histoire s’est éparpillée au fil de versions multiples ou dégradées, de fragments et de mythes.Pour Jakuta Alikavazovic, un livre se conçoit un peu comme un immeuble : on en fait le plan, on l’échafaude, il se construit et grandit au fil du temps. Ce qui tombe plutôt bien puisque Le Londres-Louxor, son nouveau roman, s’articule autour d’un lieu à l’architecture mythique : ancien cinéma à l’architecture "égyptisante" construit à Paris dans les années 1920, qui aurait servi de refuge aux immigrés croates ayant fui leur pays lors du conflit dans les années 90. L’ambiguïté quant à la véritable existence de ce lieu persiste au fil de la lecture et illustre à merveille la circulation permanente entre la fiction et le réel qui caractérise l’œuvre... voire même la personnalité de Jakuta.

Qu’on ne s’attende pas à entamer la lecture d’un récit de l’exil ou un témoignage factuel sur les meurtrissures du déracinement. Le questionnement est certes présent en filigrane. Mais ce que sonde et exprime Jakuta a plus à voir avec les traces, les ombres – elle dit elle-même avoir l’impression que tous ses livres pourraient être lus comme des histoires de fantômes – les « écarts » et une certaine forme d’oubli qui, sans être radical, peut permettre d’avancer. Un peu à l’image du processus d’écriture qu’elle explique : beaucoup de recherches et de documentations dont elle ne conserve au final que de grandes lignes ou quelques anecdotes, pour nourrir un récit aussi contemporain qu’onirique et surréaliste par moments.
Fiction et réalité toujours. Deux éléments qui semblent être chez elle les deux facettes d’un même univers entre lesquelles elle naviguerait. La fiction l’habite tellement qu’elle en cerne et dessine parfois elle-même difficilement les contours, ressentant le besoin, autant par honnêteté envers le lecteur que pour elle-même, d’adjoindre notes et prologue - qu’elle avoue avoir écrit après coup - afin d’ancrer son récit dans un semblant de réalité. La recherche effrénée autant que la fuite traversent ainsi ses romans tels les mouvements d’un balancier, que l’on pourrait voir osciller selon les tonalités, les tons et les rythmes des langues qui inspirent et guident alternativement l’écriture de Jakuta, contribuant à faire surgir par moments des images inattendues et pourtant empreintes d’un certain naturel car elles appartiennent à d’autres cultures.

L’art et la manière

Côté agenda, la quadrilingue Jakuta partage ses journées entre l’enseignement de l’anglais et l’écriture. Un emploi du temps astreignant qui l’oblige à beaucoup de sérieux mais surtout à faire preuve d’un certain recul par rapport à un milieu littéraire qui l’a très vite adopté. Preuve de cette curiosité : la communication, les passerelles entre les arts. Elle leur accorde une place non négligeable dans son roman. Sont ainsi successivement convoqués l’architecture bien sûr, qui lui offre un cadre et une structure mais aussi la peinture, à travers le vol de tableaux de la fondation Bührle. Le cinéma évidemment, puisque le lieu de son nouveau roman en est un, tout comme certains de ses personnages directement et ouvertement inspirés des héroïnes blondes et mystérieuses d’Hitchcock par exemple. On découvrira avec amusement la version Barbie de l’héroïne hitchcockienne. Et la littérature sous toutes ses formes.
Ce foisonnement d’influences qui affleurent n’alourdit toutefois jamais la lecture d’un livre qui pourrait sembler artificiel. Car elle sait aussi s’amuser avec un salutaire recul du milieu littéraire, des conventions et des travers qui le caractérisent. Elle invente ainsi un personnage de nègre-prête-nom incarné par une blonde platine diaphane sachant difficilement écrire. Ou encore un critique littéraire dont on ne saurait trop dire s’il est blasé ou usé par l’habitude au point qu’il semble incapable de rédiger une chronique constructive en dehors de la banale « bibliothèque idéale » dont il demande régulièrement aux écrivains de détailler leurs étagères. On évite donc de l’interroger sur ses livres préférés. Tout comme sur les films qui ont accompagné son écriture, même si les images sont nombreuses à surgir à la lecture de ses livres tant son écriture est visuelle. Jakuta préfère ne pas énumérer ses références afin de laisser libre cours à l’imagination du lecteur et de le laisser puiser dans sa propre panthéon personnel.

Louxor, j'adore

Dégagé de toutes obligations, l’enjeu pour Jakuta est donc plus ludique que critique. Et elle n’en est pas à son coup d’essai: deux livres pour la jeunesse à l’Ecole des loisirs en 2004 avant un recueil de nouvelles, Histoires contre nature (2006) et Corps volatils, en 2008, pour lequel elle a obtenu le prix Goncourt du premier roman. En parallèle, elle collabore à différents projets artistiques, aussi bien théâtraux que plastiques en plus de l’anglais qu’elle enseigne. La maison Jakuta n’est donc pas près de s’effondrer puisqu’elle a déjà en tête de nombreuses extensions. Elle travaille ainsi à un grand œuvre autour de l’effet Meissner, principe physique qui a établit la disparition du champ magnétique dans certaines conditions. Où l’on soupçonne qu’il sera encore certainement question de corporalité, d’équilibre, de la façon dont on peut trouver sa place dans le monde… Le Londres-Louxor a un moment été pensé comme une aile de ce bâtiment. Peut-être ne sera-t-il qu’une annexe. Elle y réfléchit encore. Nous l’attendons avec curiosité.

Laurence Bourgeon
Photo Nicolas Wintrebert

Le Londres-Louxor
Yakuta Alikavazovic
Editions de l’Olivier
16,50 €- 192 p.

 

 

 
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