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Futur presque parfait
| | Technosmose Mathieu Terence Gallimard
| Prix éditeur 15.00 euros
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Des lesbiennes culturistes, une ge�le high-tech� Le tout m�l� de romantisme totalitaire : entre le Panopticon, Sarkoland et Prison Break, voici le mutant Technosmose. La next-gen de la litt�rature de genre ?
C�est bien beau l�anticipation sociale. Ca peut permet de parler sans avoir l�air d�y toucher de sujets brulants, un petit saut temporel et le tour est jou�. Et puis, c�est �tonnamment tr�s � la mode depuis une paire d�ann�es chez nos �crivains p�tris d�actu sociales, flamm�ches trop �ph�m�res pour nourrir le long feu d�un roman. Technosmose assume plut�t cr�nement cette filiation, entre pop culture � le pitch du roman est celui d�un bon film d��vasion � et descendance stylistique ultranoble. Quelque part entre le romantisme � favoris du XIX�me si�cle, Stendhal � d�ailleurs cit� � en t�te de liste, et le � techno roman � � l�am�ricaine, pr�cis jusqu�au vertige anatomique. Intuitivement, on mesure d�j� l��cart presqu�abyssal qui s�pare ces influences. Heureusement Matthieu Terence fait preuve d�une habilet� certaine � la danse sur les pr�cipices, quitte � d�contenancer, ce qui est bien un moindre mal par les temps litt�raires qui courent. On suit donc parall�lement la d�tention d�Iris, une jeune femme emprisonn�e pour le meurtre de son mari et celle de l�assistant de l�architecte d�Atlin, la prison en question. Cela va de soi, sa condamnation cache un lourd secret qu�un soudain manque de sadisme nous emp�chera de d�voiler.
Binaire
Le parti pris de Terence est dual : une bonne narration � suspense et de l�introspection sentimentale, soit le meilleur des lettres de part et d�autre de l�Atlantique, dans le m�me opus. Pari gonfl�. Est-il r�ussi ? Oui, sous beaucoup d�aspects. Mais si le diable est parfois dans les d�tails, il est aussi souvent dans la structure. A trop cloisonner les deux histoires de Technosmose, Terence a perdu au passage une partie de la magie qui anime toute histoire. La c�sure entre les deux personnages principaux est un peu flagrante : � toi le suspense, � moi la rh�torique, auraient pu se dire les deux h�ros. Tant pis pour la magie narrative mais tant mieux pour le discours, int�ressant bien qu�un peu convenu. Face � la claustration volontaire ou non des esprits, l��chappatoire serait la litt�rature� et l�Amour, �videmment, sans lequel tout redeviendrait poussi�re. Bien que refusant ce suppl�ment de complexit�, Technosmose fonde � sa mani�re, comme les romans du crois� Maurice G. Dantec par exemple, les bases d�un discours de la r�sistance � la technologie. Iris-la-libraire-prisonni�re-de-son-amour contre le reste d�un monde bouffi de silicone. L��me humaine sera-t-elle plus forte que les sondes qui lui sont lanc�es (roulement de tambour) ? Plus fruste, moins politique mais aussi plus litt�raire que d�autre, Technosmose est une belle ode, un d�but de manifeste, un rien convenu mais parfaitement attachant. Laurent Simon
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