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Logiciel libre
| | Code Source William Gibson Au diable vauvert
| Prix éditeur 22.00 euros
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Avec Code Source William Gibson �dite le deuxi�me volume d�une trilogie qui ne dit pas encore son nom. Pour mieux comprendre le pr�sent, r�servez lui une partie de votre avenir.
On peut tout � fait vivre sans avoir lu un roman de William Gibson, certains s�en sortent m�me tr�s bien. Mais si le monde techno-parano�de dans lequel vous �voluez vous semble l�g�rement incompr�hensible voire �trangement inqui�tant, ouvrir un ouvrage comme Code Source corrigera cette l�g�re myopie. Habitu� de la p�r�grination en milieu technophile, Gibson est finalement un grand vulgarisateur. Ce qui ne l�emp�che pas d��tre parfaitement �litiste dans son usage tr�s � happy few � de l�art contemporain, des moyens de communication, des acronymes de la modernit�. De quoi faire jouir le geek moyen si ses muscles r�sorb�s par l�usage intensif de la souris lui permettent un jour de se saisir � nouveau d�un bouquin. Wifi, GPS� soyez � aware � de leur existence avant d�ouvrir le dernier Gibson sinon le risque de d�crochage violent tendra vers 1. Pour l�histoire, �a se passe, comme d�habitude outre atlantique, de fa�on parall�le, synchrone et entrecrois� : le choix des personnages en disant autant que leurs histoires respectives. L�h�ro�ne � entendre : le premier personnage dans l�ordre chronologique � est Hollis, ex-chanteuse d�un groupe de post-wave, ou quelque chose approchant, des ann�es 80. Elle enqu�te dans les mileux cyberartistiques pour un journal dont le titre est d�j� un programme Node, le n�ud. Il va en effet falloir en d�nouer pas mal parmi les autres personnages pour capter l�esprit de cette �uvre aux niveaux plus nombreux qu�un parking souterrain. Petit � digest � : Gibson nous apprend que les espaces ne sont plus o� le croit : la tendance actuelle serait plut�t d�ins�rer du � virtuel �, si tant est que ce mot ait un sens, dans la r�alit�. De l�� incr�menter �, comme disent les informaticiens et les fats. C�est tout le propos du livre et c�est bien le plus passionnant si l�on met de c�t� la trame d�enqu�te, de trahison, de barbouze et de piraterie num�rique tiss�e dans le reste du bouquin.
Modernit�, mode d�emploi
Code source, au-del� des clins d��il technophiles, est une �uvre journalistique, � reality-based � comme disent tr�s pragmatiquement les Am�ricains. Gibson apprend � voir parce qu�il sait ou regarder : la post humanit� est d�j� parmi nous, et vous en �tes. Simplement, entre un roman comme Code Source, et une ode � la branchitude made in Paris, le virtuel n�est pas forc�ment celui qu�on croit. D�ailleurs, parlons en : la dichotomie faite habituellement entre r�el et virtuel sera aussi dat�e dans vingt ans que la question de savoir si le train qui entre en gare de la Ciotat des fr�res Lumi�re � le premier film de l�histoire du cin�ma, pour les gar�ons-coiffeurs qui nous liraient � �tait un vrai ou pas. La r�ponse oui ou non ne convient tout simplement pas. Un roman de William Gibson, bien qu�il ait abandonn� les narrations amphigouriques et l��pilepsie syntaxique, pose le livre en tant que media dans ce qu�il a de plus moderne. La lecture n�est pas un mod�le d�pass� d�acc�s au monde, c�est m�me le seul qui permette � la fois une immersion profonde, comme un casque RV et un recul de bon aloi : il y aura toujours la distance entre le lecteur et le livre pour l�en extraire si besoin. L�image ordonne, le mot perfuse. La r�alit� virtuelle est donc au bout de la ligne. Si l�on excepte une couverture abominable badigeonn�e d�un iPod rose d�j� dat�, le dernier Gibson sera parmi les premiers au paradis du livre. Laurent Simon
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