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Je ne mourrai pas vierge!
| | Mort d'un super h�ros Anthony MacCarten Jacqueline Chambon
| Prix éditeur 22.00 euros
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Mort d�un super h�ros, une trag�die-com�die anglaise dr�le et explosive qui marie les arts en pla�ant au c�ur du r�cit un adolescent malade condamn�, amateur et dessinateur de comics.
Il �tait une fois Donald Delpe, un adolescent de quatorze ans. Il ne quitte jamais ses Vans, encore moins son I-pod. Atteint d�un cancer, il est plut�t solitaire. En col�re, il veut en d�coudre avec la vie. � premi�re vue, cette histoire pourrait ressembler � l�un de ces navets m�lodramatiques que la cha�ne M6 se complait � programmer. Rien � voir cependant, bien que le sujet du roman - la perte d�un enfant atteint d�un cancer � puisse sembler de mauvais go�t. Car c�est bien de cela dont parle Anthony McCarten. Donald, le fils cadet de la famille Delpe alterne s�jours prolong�s � l�h�pital et cocktail de soins agressifs, chimioth�rapie et m�dicaments � la clef. Une �p�e de Damocl�s est suspendue au-dessus de sa t�te et de celle de toute la famille : tous vivent dans l�expectative de la mort du jeune gar�on. Cerise sur le g�teau, les parents de Donald le font suivre par un psychiatre pour qu�il retrouve go�t � la vie et se batte contre le cancer. Rien de folichon a priori !
H�ros, art et th�rapie
Ce livre se r�v�le pourtant particuli�rement dr�le. Anthony MacCarten n�a pas �crit un roman. Il tourne un film sur une sc�ne de th��tre et projette des planches de bandes dessin�es. Avant de passer au genre romanesque l�auteur a �crit l��quivalent de onze pi�ces . Il est donc profond�ment marqu� par le th��tre. Mais il a aussi r�alis� des films de cin�ma. Dans Mort d�un super h�ros, il r�unit ces trois arts avec brio, y ins�rant de la bande dessin�e. Le roman est ainsi construit en deux actes et les chapitres sont remplac�s par des plans s�quences, eux-m�mes entrecoup�s par des sc�nes enti�res d�une bande dessin�e qu��crit quotidiennement le jeune Donald. Pareille forme donne � l�histoire un caract�re visuel ind�niable. � la lecture, les images d�filent dans l�esprit ainsi que les sons. Le r�cit est rythm� et explosif. Outre la forme, l��criture aussi est pleine de v�locit� : des phrases courtes, imag�es et des expressions pleines d�humour qui collent parfaitement � la jeunesse du personnage et � sa personnalit�.
La force du livre r�side dans l��toffe du h�ros mais aussi et surtout dans la finesse et l�humour de son auteur. Ce dernier n�a pas son pareil pour faire de cette trag�die une com�die savoureuse. L�adolescent ne veut pas mourir sans avoir perdu sa virginit� ; ce qu�il consid�re comme la honte supr�me. La suite est rocambolesque�
Moralit�.
La forme et le fond se fondent tels des �mes s�urs. Tout malade qu�il est, Donald n�en garde pas moins l�esprit alerte. C�est un gar�on intelligent, perspicace, � l�esprit fantasque. Mais c�est surtout un adolescent de quatorze ans avec le langage et les pr�occupations de rigueur � cet �ge. Sans jamais �tre caricatural, l�auteur parvient � d�crire son personnage et � retranscrire ses pens�es avec une justesse troublante. Pour se d�charger de ses angoisses, l�adolescent a invent� une bande dessin�e qui a pour super h�ros un d�nomm� Miracle Man, sorte de projection fantasm�e de lui-m�me. Anthony MacCarten l�a �crite dans son int�gralit� et la diss�mine dans le roman. Les fans de comics - vous savez, la bonne vielle collection Marvel - reconna�tront la filiation. L�association des arts produit un effet d�tonnant. L�auteur r�ussit � faire d�un sujet scabreux une histoire dr�le et �mouvante sans pathos ni �reality show �. Il �crit une tranche de vie, qui, bien que tragique, est en r�alit� pleine de souffle. Un roman, fort probablement autobiographique puisqu�il s�ouvre sur la d�dicace � � mes fils �, fort, tr�s fort. Doreen Bodin
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