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La Dolce vita
| | Festino ! Festino ! Elodie Issartel Editions L�o Scheer
| Prix éditeur 17.00 euros
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Voyage d�jant� conduit par une h�ro�ne tout droit sortie
du Destin de Lisa dans un d�cor baroque du cin�ma italien des
ann�es 1950.
Festino est le pr�nom �ponyme du patriarche de la famille Caselli.
Personnage fantasque et malade, il est l�ancien chef op�rateur des
plus grands noms du cin�ma italien des ann�es 1950-60 (Visconti,
Pasolini). En ad�quation parfaite avec son nom, il aime la danse, la
musique, les femmes, bref la f�te. Il vit � Paris dans une maison
indescriptible avec sa fille, Mathilde, et ses deux petites-filles,
Henriette et H�l�ne. L�ambiance de la maison tient plus du d�cor de
cin�ma que du lieu d�habitation. La m�re ne compte plus les miroirs
de sa chambre et H�l�ne s�affale sur un canap� vestige du d�cor du
Gu�pard. Mais du cin�ma, c�est �galement le montage dont
l�auteur emprunte les proc�d�s. Le roman se construit � travers les
diff�rentes voix des personnages. Ces voix se succ�dent, acc�l�rent,
puis finissent par s�entrem�ler � la fin du r�cit jusqu�� devenir
quasi indiff�renciables. Par un proc�d� habile et encore une fois
cin�matographique, l�auteur nous plonge au c�ur de cette famille.
H�l�ne tourne un film. Et se mue en chef op�rateur de l�auteur. Sa
volont� de filmer le quotidien l��loigne du cin�ma baroque de son
grand-p�re et l�inscrit dans l�h�r�dit� d�un Chabrol. Gr�ce � cette
intimit� improvis�e, nous d�couvrons une m�re drogu�e pour �chapper
au temps qui passe et sa fille, anorexique � la mode, qui se fait
vomir pour entrer dans son jean Diesel. Toutes deux sont en qu�te
d�un conformisme dont les conventions et les exigences sont celles
d�une soci�t� plus du tout anachronique.
Festino : un roman social ?
Mais sous les apparences que cette famille ne r�ussit bien entendu
pas � pr�server � et l�ironie du roman est bien l� - il y a une toute
autre r�alit�. Celle du monde qui l�entoure. Cette r�alit� commence
avec la fugue du fils, Sagamore. Personne ne sait o� il est, mais les
th�ories oscillent entre mendicit�, suicide ou overdose. Menac�es
d�exclusion, la femme de m�nage africaine et sa fille viennent
s�installer dans cette maison de fous. � travers le prisme du
discours totalement d�cal� d�Henriette, on d�couvre la cit� voisine
et ses habitants. Culpabilit� sociale ou d�lire d�une adolescente
paum�e, Henriette introduit la cit� dans son univers. Et c�est l�,
contre toute attente, que le roman prend la forme d�une critique
sociale. La confrontation entre deux mondes permet � l�auteur
d�aborder les cons�quences de la marginalisation de ses personnages.
Dans ce premier roman cohabitent tr�s habilement un univers
fantasmatique et une r�alit� plut�t glauque. L�humour du r�cit est
grin�ant et met mal � l�aise. Les r�f�rences, peut-�tre un peu trop
nombreuses, alourdissent l�g�rement la narration. Mais l�auteur
r�ussit un tour de force en d�crivant � travers des voix et des
th�mes tr�s diff�rents la croissance de l�exclusion dans notre
soci�t�. Ce n�est certainement pas un hasard si �lodie Issartel �tait
cette ann�e l�une des invit�s de la f�te de l�Huma. Camille Paulian
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