|  |  | Aria N. 
 |  |  | Son absence Justine AUGIER
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      | Prix éditeur 16.00 euros
 
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 Son absence, un premier roman volatil, qu�on lit distraitement jusqu�au moment o� on r�alise qu�on est pris dans ses filets jusqu�au cou. 
 De l�auteur, on ne saura rien ou presque : Justine Augier a 30 ans,
 elle vit � J�rusalem. Comme pour ses personnages, elle donne d�elle
 une image d�sincarn�e, sans traits saillants. On fera donc sans.
 
 Pygmalion
 
 Il n�est pas �vident de rendre en mots l�atmosph�re sinueuse et
 faussement innocente de ce roman o�, croit-on, il ne se passe pas
 grand-chose. On �voquera cependant le narrateur, vieil homme plut�t
 misanthrope, amoureux de son appartement parisien et de sa solitude,
 qu�il ne peuple qu�� l�occasion de son m�tier : �crivain public, il
 s�est sp�cialis� � dans les r�cits de vie de personnes parties de
 morts violentes � et s�approprie donc leurs vies, le temps d�une
 r�daction. Le grain de sable dans ce rouage paisible se
 mat�rialisera par une nouvelle vie � �crire, celle d�Aria N., 24 ans
 au moment de sa disparition, partie sans laisser d�adresse. Tr�s
 vite, la mise en ab�me romanesque op�re : le narrateur trouve et
 d�roule les mots pour raconter cette jeune existence que l�on
 pourrait qualifier d�assez banale et au lecteur de d�nouer avec lui
 les fils. La vraie sp�cificit� d�Aria, c�est son pouvoir de s�duction
 sur les hommes, auquel le narrateur n��chappera bien s�r pas. Le
 cr�ateur r�ve d�sormais de partir � la recherche de sa cr�ature�
 L� est l�originalit� de ce roman m�lancolique : la possibilit� pour
 ce personnage �crivain de rencontrer l�h�ro�ne qu�il vient
 d�imaginer, puisqu�elle existe de fait en chair et en os, il lui
 suffirait d�en retrouver la trace. Un luxe que ne peuvent s�offrir
 nos �crivains r�els ! Et pourtant, quel artiste ne s�est pas r�v�
 donnant vie � son �uvre ?
 
 La vie, roman(s)
 Une part de ce livre explore la question de la cr�ation en ce cas
 pr�cis, l�entrelacs in�vitable des faits connus de la personne r�elle
 dont on doit retracer la vie, et les fantasmes qu�on ne peut
 s�emp�cher d�y mettre. Le vieux narrateur en fait d�ailleurs le
 pr�alable � l�existence d�Aria qu�il �crit : � (�) je tenais � ces
 mots d�introduction pour que vous, les proches d�Aria, compreniez que
 malgr� les engagements que j�ai pris, nos plumes se sont m�l�es,
 l�histoire qui suit s�est enroul�e � la mienne, et � celle que je
 n��crirai jamais. � .
 On aime les chemins qu�emprunte cette r�flexion, et on appr�cie
 surtout l��criture qui la met au jour, cette fa�on d�licate qu��
 Justine Augier de poser les mots, les sentiments, avec un amour de la
 forme sinc�re et justement d�nu� de pose. Les premiers romans
 souffrent g�n�ralement d�un double d�faut : soit ils sont construits
 autour d�une histoire intrigante, avec un ton souvent comique tentant
 de faire oublier la platitude du style, soit au contraire leurs
 auteurs se regardent �crire, poussant parfois la complexit� de la
 forme aux d�pens de la compr�hension. C�est donc avec bonheur qu�on
 d�couvre ici une plume r�ussissant ce difficile �quilibre litt�raire
 et qui, sans pr�tendre � l�excellence, vous porte au moins avec
 �l�gance jusqu�� la derni�re page.
 Ma�a Gabily 
 
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