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Carnets de voyage
| | Cargo m�lancolie Alexandre Bergamini Zulma
| Prix éditeur 9.00 euros
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Un jeune homme en qu�te de sens se lance dans un p�riple incertain... Dans Cargo m�lancolie, Alexandre Bergamini ne l�sine pas sur la po�sie et nous livre un carnet de bord unique, bouleversant de v�rit�.
Il y a des �crits qui ne se r�sument pas� Mais qui se lisent, se parcourent, et qui se r�fl�chissent comme un voyage dont on essaierait de distinguer les limites. Il y a des r�cits qui naissent comme des romans, et puis qui prennent une toute autre forme, en dehors des genres �tablis. Il y a des auteurs diff�rents, aussi ; des �crivains dont l�intention de base est de se rattacher au r�el, de cr�er du sens, de faire corps�
En somme, Cargo m�lancolie est une �uvre comme on en trouve peu. Quant � Alexandre Bergamini, il est un peu l�auteur que l�on d�couvre un jour et que l�on n�oublie jamais tout � fait : car la premi�re lecture a cr�� comme une adh�rence, une empreinte.
Avec son premier roman, Retourner l�inf�me, on avait fait intrusion dans un univers violent et presque sale, mais o� le sens du sordide aidait � d�couvrir la beaut�, cach�e sous un voile de po�sie. Dans cette �uvre premi�re, les courts chapitres pouvaient tout aussi bien �tre pris pour des strophes� On avait aim� cette dualit�, cette double recherche qui inclinait � la r�flexion et � l�introspection. L��uvre nous parlait, intimement� et on avait laiss� le po�te s�adresser � notre part d�ombre.
C�est de cette ambigu�t� savamment ma�tris�e qu�il est de nouveau question : tel un carnet de voyage aux nuances grises, le Cargo m�lancolie de Bergamini trimballe un narrateur sensible et comme d�sorient�, malgr� des voies toutes trac�es. La Pologne, la Lituanie, l�Egypte, l�Arabie saoudite� Le premier voyage se fait en solitaire, comme une qu�te aux contours flous. Le narrateur a perdu son fr�re, qui s�est suicid�, et la tendance � destination ailleurs � du jeune homme a des relents de fuites assum�es : plut�t que de stagner et de sombrer, finalement, on cherche � d�taler pour ne pas pourrir dans la froide r�alit�.
Les sens en �veil, les images pleuvent ; les prises de sons s�accompagnent de frissons, et le bateau avance, tarissant la douleur, la rendant moins obs�dante.
L'errance et les souvenirs
Dans ce d�dale de visites et de rencontres, le temps s��tire jusqu�� donner le tournis : les lieux eux-m�mes perdent de leur pr�cision, et le narrateur semble partout � la fois� Petit miracle des mots et des tournures, le r�cit n�est jamais lin�aire ; on sent la manipulation du langage au service de l�histoire, plus qu�une simple envie de magnifier.
Lorsque le second voyage commence, on se trouve d�j� dans la seconde partie du livre : et c�est cette fois en compagnie d�une photographe que le narrateur poursuit sa qu�te� Avec, toujours, ces incursions de petites strophes au sein m�me du r�cit. La Norv�ge appara�t, ses fjords, ses reliefs. Morceaux de vie, tableaux de rencontres� Les esquisses s�encha�nent, accompagn�es de cette sensation de renaissance. � Clart� de ce que je suis, pense le narrateur. Je ne m�en remettrai jamais. � Mais la froide lucidit� norv�gienne laisse place, peu � peu, au sentiment diffus d�avoir effectu� une transition� Et finalement, de la m�lancolie � l�acceptation de la mort dans la vie, on acc�de � une forme de renouveau. Car l�errance a toujours une fin. M�me si �a fait mal... Julien Canaux
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