Beau comme un camion
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Quand le grand Houellebecq tâte du ver, il continue de faire du Houellebecq. Ce Dernier rivage est configuré par les grands classiques, mélancolie en bandoulière.
On va chercher l’épiphanie où elle se trouve… et dans le cas de Michel Houellebecq, elle se réfugie dans la banalité la plus crasse. Mise en scène surjouée d’une mélancolie qui traverse toute l’œuvre de l’écrivain comme une rivière souterraine, force est d’admettre que ce recueil n’existerait certainement pas s’il n’était pas signé Houellebecq, auteur à succès des Particules élémentaires. Étonnamment respectueux des canons classiques (alexandrin, rime…), le célèbre écrivain a pondu un caprice à son image, faisant cohabiter le nul et l’immense dans la même phrase. Ce qui nous vaut à la fois des envolées post-romantiques du style « Par la mort du plus pur / Toute joie est invalidée / […] Il faut quelques secondes / Pour effacer un monde », des réparties bien rap « Tu te cherches un sex-friend / Vieille cougar fatiguée / You’re approaching the end, / Vieil oiseau mazouté » ou des saillies disons… houellebecquiennes, comme « les hommes cherchent uniquement à se faire sucer la queue / Autant d’heures dans la journée que possible / Par autant de jolies filles que possible ». Au fond, rien ne change dans la galaxie houellebecquienne : ceux qui aiment tiqueront parfois et ceux qui le détestent trouveront dans cette Configuration du dernier rivage à coup sûr quelques nouvelles raisons de le détester.
Configuration du dernier rivage
Michel Houellebecq
Ed. Flammarion - 96 p. / 15 euros