Le roi Stephen King
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Dans Nuit noire, étoiles mortes, le maître de l’horreur décline en quatre nouvelles le côté plus réaliste de son art. L’occasion de revenir sur un écrivain mésestimé mais fondamental.
Edgar Allan Poe peut être fier de lui. Plus de 160 ans après sa mort, son œuvre imprègne encore l’imaginaire. Ce n’est pas Stephen King qui dira l’inverse : la première nouvelle de son dernier recueil Nuit noire, étoiles mortes, sobrement intitulée 1922 est pétrie de l’influence de Poe. Un meurtre en huis clos dans une ferme isolée et une malédiction à la clef, rien que de très classique dans la littérature fantastique mais le talent de King saisit toujours le lecteur aux tripes… Les trois autres mini-romans qui composent son dernier opus baignent dans l’atmosphère très réaliste de ce début de xxie siècle, abordant en particulier le thème de la revanche après un viol (Grand chauffeur) ou, encore plus en vogue, celui des serial killers (Bon ménage). La toute dernière rejoint un des grands thèmes du maître de la frousse littéraire : le pacte avec le diable. À quel prix se débarrasser d’un cancer galopant ? Réponse dans Extension claire, novella implacable mais, tout compte fait, moins réussie que ses trois acolytes.
Géant de papier
Avec 50 romans et près de 200 nouvelles, sans compter les adaptations cinématographiques ou télévisuelles, Stephen King s’est imposé comme l’écrivain contemporain par excellence, et a grandement marqué la seconde partie du xxe siècle. Plus discret ces dernières années, malgré sa prolixité, l’heure est certainement venue de dresser un premier bilan… même s’il faudra certainement une génération avant que les critiques se rendent à l’évidence : si Edgar Allan Poe et Guy de Maupassant s’étaient réincarnés, ils auraient certainement choisi le grand corps malade du géant de Bangore. Après avoir tâté de l'autofiction dans L’Histoire de Lisey et même de l'anticipation dans Dôme, son immense roman de 2009, Stephen King commence-t-il à toucher les murs de son génie ? Le nombre d’adaptations cinéma ou télé n’est certes pas en décroissance mais elles n’ont pas le retentissement qu’ont eu La Ligne verte (1999) ou Les Évadés (1994).
Si ses romans sont un peu passés de mode, le grand King a déjà prouvé sa capacité à se renouveler, depuis son premier roman Carrie en 1974. Pour relancer la ferveur, rien ne vaudrait une série de qualité. Peut-être Haven, une libre adaptation de son roman Colorado Kid, actuellement en production, permettra-t-elle son retour en grâce auprès des lecteurs, lesquels ne sont pas près de le lâcher. ❙
Nuit noire, étoiles mortes,
Albin Michel, 450 p., 23,20 €.