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Chroniques

Après trois ans d'absence discrète, Jean-Paul Dubois revient d'entre les mots avec une histoire futile et dramatique d'ascenseur et de concours canins.

Jean-Paul Dubois fait partie de ces auteurs à la mécanique bien rodée. Le personnage principal, désabusé comme il se doit, se trouve aux prises avec, pêle-mêle, un mariage en soins palliatifs, une fille aimante mais décédée, des fils ingrats mais bien vivants et des troubles anxieux a priori insolubles... Les plus férus de Dubois remarqueront que Le cas Sneijder aurait d'ailleurs pu tout aussi bien se titrer Les accomodements raisonnables, son roman de 2008, tant la géographie intime de Paul Sneijder, le cas dont il sera question 220 pages durant, semble plane et sans aspérités. De hauteurs, le roman n'en manque pourtant pas mais elles sont plutôt de celles qui fichent le vertige. Paul Sneijder est en effet le survivant d'un accident plus qu'improbable : la chute d'un ascenseur dans une tour de Montreal lui enlève sa fille à l'orée d'une réconciliation et cet organe vital qu'est la joie de vivre. Statistiquement miraculé, Paul Sneijder ressort de ce cataclysme puzzled, à la fois émietté et sidéré par sa chance, sa malchance et la litanie des années qui lui restent à vivre sans raison aucune. 

Géographie des plaines

À quoi se raccrocher quand on se trouve à une telle distance de la société des hommes ? En les faisant évoluer dans les banlieues pavillonnaires canadiennes – neige profonde, conformisme ouaté - l'auteur d'Une vie française (prix femina, prix Fnac) a choisi l'engourdissement pour ses personnages. Difficile en effet de concevoir des passions mordantes dans des environnements couleur taupe... reste au Cas Sneijder un art consommé du désespoir. En vrai malgré-nous de l'humour, Jean-Paul Dubois rend les névroses de son "héros" moins sordides, voire carrément drôles à coups de digressions sur les concours canins auxquels Paul Sneijder participe en tant que handler, le type au bout de la laisse du top model canin. " L'ombre de ton ombre, l'ombre de ton chien... ", chantait Brel. L'environnement est propice à quelques portraits bien sentis qui permettent de (re)découvrir les petits automatismes de Dubois, un auteur à tics comme John Irving. On ménagera les effets de l'auteur en n'en racontant pas plus : sous des dehors mornes, jusqu'à la couverture noir et blanc, le roman contient tout de même quelques péripéties qui, à défaut d'élévation, emporteront le lecteur d'un bout à l'autre de ce voyage sans transport.

Le cas Sneijder
Jean-Paul Dubois
Ed. de l'Olivier
220 pages - 18 euros

 

Last modified onjeudi, 03 novembre 2011 20:59 Read 2360 times

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