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Jason au pays des merveilles
| | Le fond des for�ts David Mitchell L'Olivier
| Prix éditeur 22.00 euros
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Le summum du style est de ne pas en avoir� ou de pouvoir tous les embrasser. David Mitchell rompt avec les fresques pluricentenaires pour livrer le tr�s personnel Le fond des for�ts, fantastique dans tous les sens du terme. D�cid�ment, Mitchell a des mots qui vont tr�s bien ensemble.
David Mitchell ne fait rien comme tout le monde et le fait mieux. Il �crit un premier roman (Ecrits fant�mes) qui le projette direct au Walhalla litt�raire, un troisi�me (Cartographie des nuages) qui en est six � la fois et, pour boucler la boucle, un quatri�me roman (Le fond des for�ts) qui ressemble � une premi�re �uvre. Reste le point d�interrogation de son deuxi�me opus (Number9dreams), pour l�instant non traduit. Ce Poulidor du Booker prize � trois fois de suite dans la � short list � � a r�ussi un tour de force : intelligent, virtuose et distrayant, ses romans sont dans le monde anglo-saxon des succ�s public ET critique, sorte de conjonction astrale aussi rare et pr�cieuse que dans notre Hexagone litt�raire. Pourtant, � bien y r�fl�chir, le cas Mitchell n�est pas myst�rieux, il en est m�me navrant de simplicit�. Cet homme a du talent et en use sans vanit�. C�est connu, les grands chefs n�ont pas de secrets.
Une page de pubert�.
Alors David Mitchell devance les questions dans Le fond des for�ts, l�histoire d�un ado cacochyme, Jason Taylor, qui grandit dans une banlieue anglaise au d�but des ann�es 80 o� les potes sortent la barre � mines d�s qu�ils entendent le mot � culture �. Pas facile d�y �tre n� po�te et b�gue. Et c�est tout le sel de ce Bildungsroman � l��re du fluo et des jeans � �lastique. C�est entendu : Jason Taylor est David Mitchell et le d�faut d��locution de son h�ros en dit long sur la plume de son auteur dont l�enfance socialement prostr�e en a fait un ventriloque g�nial, capable d�insuffler la vie � des personnages pr�sents, pass�s, futurs, japonais, musiciens ou prolos� Les premi�res cr�ations de ce rejeton d�artistes furent des cartes de pays imaginaires dont il inventait les peuples, les langages et la g�opolitique. Black Swan Green en est maintenant la capitale. Laurent Simon
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