Tournez Manège
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Ce polar équestre de Rodrigo Rey Rosa ne tient pas toutes ses promesses mais finit comme à la parade.
« Je pense avoir lu tous vos livres. J’aime votre manière d’écrire. Mais il me semble que vous ne vous êtes jamais pleinement attelé à notre réalité. Vous pourriez vous y mettre à présent, je crois. » Interpellé après un incendie venu subitement interrompre le 88e anniversaire du patriarche local dans un haras abritant les plus beaux chevaux andalous, le narrateur, écrivain lui aussi, est convaincu de tenir une histoire. Il mène donc son enquête avec l’aide de l’inconnu qui l’aura abordé après qu’un étalon soit retrouvé carbonisé au fond des écuries. Histoire dans l’histoire, le « thriller passionnant » annoncé par l’éditeur se révèle d’une écriture aussi monotone que l’intrigue est laborieuse. Le point de départ de Manège aurait pourtant pu être matière à réflexions passionnantes, lui qui prend la réalité à contre-pied : avoir risqué sa vie à plusieurs reprises, le protagoniste décide finalement de ne pas écrire son livre. L’objet que le lecteur tient entre ses mains est donc un roman qui ne sera jamais écrit ou qui ne l’a jamais été. Ancré en outre dans un milieu propice à l’aventure, que ce soit celui des grands propriétaires terriens ou le cadre guatémaltèque, il promettait un bon moment. Mais le protagoniste comme l’auteur s’embourbent dans un drame familial qui vire au grandiloquent dans une scène finale au faux air de règlement de compte mafieux. C’est alors que, contre toute attente, la surprise s’immisce dans les dernières lignes. La chute aura été longue mais belle.
Manège
Rodrigo Rey Rosa
Traduit de l’espagnol par Claude Nathalie Thomas
Éditions Gallimard
162 p. – 14,90 €