Jordi Punti, le mousquetaire catalan
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Invité avec une vingtaine d'autres auteurs barcelonais au salon du livre de Paris, le catalan Jordi Puntí, dont le roman Bagages perdus vient de paraître en France, dévoile avec un enthousiasme communicatif les coulisses de son écriture et la place qu'il occupe dans le champ littéraire. Verbatim roboratif donc, en compagnie de ce primo-romancier qui n'en est pas à ses tous premiers pas dans l'écriture. Où il est question, entre autres, de fraternité, de filiation, d'Europe, de déménagement international et de musique populaire, de valises perdues et retrouvées autour de quatre frères qui s'ignoraient, tous quatre prénommés Christophe, réunis autour d'une rocambolesque quête du père.
Vous n'en êtes pas tout à fait à vos débuts en matière d'écriture puisque, avant d'être romancier, vous êtes journaliste...
Oui. J'écris depuis cinq ans dans un quotidien de Barcelone, El Periodico. J'y publie chaque samedi une chronique culturelle, dans laquelle je peux parler de l'œuvre que je veux, et le lundi une chronique qui relève plus de l'opinion, en lien avec l'actualité, sans que ce soit calibré ou formaté pour autant. Auparavant, j'ai été pendant huit ans à El País, où j'étais l'éditeur du supplément culturel hebdomadaire en catalan.
Vous avez également écrit deux recueils de nouvelles [parus en France au Serpent à plumes]. Comment êtes-vous passé à l'écriture d'un roman ? Les nouvelles vous ont-elles servi de terrain d'entraînement avant une forme plus longue ?
Ce qui est très important pour moi est de trouver la meilleure façon de l'écrire (le point de vue, la longueur). Dans mon deuxième recueil de nouvelles, je m'étais aperçu que j'avais tendance à écrire des histoires de plus en plus longues. Et j'avais beaucoup de mal à y mettre un point final. Or, les nouvelles les plus courtes sont souvent les meilleures. J'ai donc décidé d'écrire un roman, pour pouvoir ouvrir en grand les fenêtres que je ne faisais qu'entrouvrir jusqu'à présent. Mais il fallait que l'histoire que j'avais décidé de raconter fonctionne sur une forme plus longue. Au bout d'un an et demi d'écriture, la tâche m'a paru compliquée parce qu'il y avait beaucoup de personnages, de temps, de lieux. J'aurais pu faire un roman plus court en coupant tout ce qui n'était pas nécessaire, mais étant donné qu'il s'agissait de mon premier roman, j'ai décidé d'y passer le temps qu'il faudrait - autrement dit sept ans. Au final, j'en suis satisfait.
Mais avez-vous eu d'emblée l'envie d'écrire un roman ou bien est-ce le sujet, son ampleur, qui vous a fait choisir une forme plus longue ?
J'en avais l'envie, mais c'est évidemment le sujet qui l'a permis. Son origine est double. Il est lié d'une part à ce que je vis, et d'autre part à ce que je lis. En effet, il est intéressant de remarquer que la littérature catalane actuelle parle beaucoup de Barcelone, de la Catalogne, mais peu de gens voyagent. C'est une littérature assez fermée, autoréférentielle, ce qui est assez étrange car le premier roman de la littérature catalane, au XVe siècle est un roman de voyage. Cela m'a frappé, je me suis demandé si ce manque de mouvement était lié à une idiosyncrasie de la culture catalane, au fait que le peuple soit petit, et j'ai eu envie d'écrire un roman qui s'ouvre sur l'extérieur.
Pour en venir à ma vie, il y avait un moment où ma femme, qui est moitié brésilienne, moitié allemande, vivait en Allemagne, à Munich. Lorsqu'elle est venue s'installer à Barcelone, nous avons fait un déménagement qui a été assuré par trois Turcs allemands. Ils étaient passés par la France et l'Italie et se dirigeaient vers Barcelone et Madrid. En parlant avec eux, je me suis aperçu qu'ils avaient une vie très curieuse : très dure parce qu'ils travaillent et voyagent beaucoup. En même temps, ils semblaient aborder la vie avec une légèreté très spéciale, précisément parce qu'ils sont toujours sur la route, en mouvement. Ils étaient très fiers de ce qu'ils faisaient : « On voyage beaucoup et on connaît tout de l'Europe ». En partant, ils m'ont demandé de leur indiquer l'emplacement du club de football de Barcelone, simplement pour passer le voir. J'ai ainsi compris leur mode de voyage : voir la tour Eiffel derrière leur pare-brise, observer le Colisée de Rome en roulant à proximité. En rentrant chez moi, j'ai écrit cette phrase : « est-il possible d'écrire un roman sur des déménageurs ? ». Peu à peu, je me suis dit que, oui, c'était possible, parce que c'est justement l'idée du mouvement qui m'intéresse.
Pour en revenir à mes lectures, il faut dire que j'avais étudié la philologie médiévale ; j'aime beaucoup les histoires de chevaliers, comme celles de Chrétien de Troie. J'ai souhaité créer ce mouvement en recourant au schème de la littérature médiévale selon lequel le chevalier enfourche son cheval, part à l'aventure et se trouve confronté à un tas de choses qu'il n'attendait pas. Aussi, lorsque j'ai vu ces déménageurs, ils me sont apparus comme des chevaliers modernes : ils montent dans un cheval, leur voiture que j'appelle le Pegasus, et toutes sortes de choses leur arrivent lorsqu'ils roulent. C'est à ce moment-là que les choses ont commencé à se débrouiller.
Dans vos recueils de nouvelles, les histoires que vous dérouliez semblaient davantage ancrées dans un temps contemporain. Dans ce roman, vous partez certes d'un événement présent, mais vous effectuez sans cesse des va-et-vient qui nous plongent dans le passé de l'Espagne. Est-ce aussi ce souci d'embrasser l'histoire espagnole qui a déterminé le choix d'une forme littéraire plus longue ?
Oui. L'instinct « fabulateur », ce désir de raconter des histoires, compte beaucoup pour moi. J'avais envie de raconter comment était l'ambiance dans la Barcelone franquiste - j'avais huit ans quand Franco est mort - et le contraste avec cette Europe révolutionnaire qui nous entourait. Il m'a semblé que les déménageurs pouvaient être en contact avec ces deux mondes. Il ne pouvait pas s'agir d'un contact engagé, parce que les déménageurs avaient beaucoup de travail et ne pouvaient prendre part aux luttes en cours, mais ils en étaient témoins. C'était une bonne façon d'en rendre compte parce qu'une part importante de la littérature concerne la façon que l'on a de voir les choses. Leur point de vue un peu distancié m'a paru intéressant. C'est ainsi que j'ai décidé d'imbriquer ces deux dimensions : cette Barcelone grise, dans laquelle les gens n'aimaient pas sortir, et une Europe ouverte, en pleine transformation.
La perception de cette différence tient-elle à des souvenirs personnels ou cela remonte-t-il à des récits que vous ont faits vos grands-parents ?...
Ce sont des souvenirs tout à fait personnels parce que Franco est mort en 1975 mais le franquisme a régné jusqu'au début des années 80. J'allais dans une école privée tenue par des religieux. Tout était régi par le point de vue national espagnol. Il n'y avait aucun professeur de catalan par exemple. La vision qu'ils donnaient de l'Amérique du Sud était complètement coloniale, disant que les Espagnols s'étaient rendus dans ces pays pour leur apporter la culture. Aujourd'hui, de tels propos seraient immédiatement qualifiés de xénophobes. Mais à cette époque c'était tout à fait normal.
L'importance de la temporalité est au cœur du texte. Sans cesse, les quatre frères s'interrogent sur l'interpénétration du passé avec le présent et le futur. Est-ce une façon de questionner notre vision occidentale, linéaire, du temps ?
Je pense surtout avoir été guidé par une phrase de T.S. Elliott, qui dit à peu près que « le présent et le passé sont déjà contenus dans le futur ». Ainsi, si les quatre frères ne savaient pas qu'ils avaient des frères, ils le savaient néanmoins, et ne le réalisent qu'au futur. Découvrant qu'ils n'étaient pas fils uniques, ils commencent à jouer, décident de se mettre sur la piste de leur père de façon quasi ludique. Une façon de partager les jeux auxquels ils n'ont pas joué ensemble au cours de leur enfance. Une façon aussi de récupérer le passé.
Au fil de votre construction narrative, vous convoquez ouvertement différents genres littéraires en combinant à la fois fresque historique, histoires sentimentales et certains ressorts du roman policier, et tout en étant hyperconscient de certaines conventions littéraires trop attendues, comme des pièges qu'il faudrait éviter et avec lesquels vous jouez. Souhaitiez-vous rattacher votre roman à un genre littéraire précis, ou simplement construire votre histoire avec différents outils qui se trouvent être littéraires ?
J'aime l'idée de jouer avec les genres littéraires. Je pense aussi beaucoup au lecteur lorsque j'écris, parce qu'il me semble que son intérêt doit se gagner à chaque paragraphe. Je me suis donc efforcé d'introduire quelques éléments de suspense pour le tenir en haleine et faire en sorte qu'il aille jusqu'au bout - parce que je crois vraiment que ce livre gagne à être lu en entier. Inversement, vu le temps nécessairement investi par le lecteur pour parvenir au bout du livre, il est important pour moi de ne pas le décevoir. J'aime l'idée de convoquer ces genres, de jouer avec leurs conventions aux limites des clichés qu'ils véhiculent sans jamais y céder. Je pense que le succès du livre en catalan vient largement du fait qu'il peut satisfaire beaucoup de lecteurs en même temps : l'amateur d'aventures en même temps que celui d'histoire ou d'intrigue plus sentimentale.
Le motif de la disparition, de la dissimulation est central. Est-ce une façon d'introduire un moteur un peu policier dans votre roman ?
C'est un élément très important pour moi en effet. Mais qui a plutôt à voir avec l'idée que chacun s'efforce de trouver un lieu où s'enraciner. Certaines personnes n'en ont cependant pas besoin. C'est le cas de Gabriel, que je compare à un moment à un requin, quelqu'un qui ne peut pas rester tranquille à moins de mourir. Je crois que ces gens - un peu comme les déménageurs - abordent la vie avec légèreté. Ils sont capables de vivre dans tous les lieux. Mais ils souffrent aussi, car l'idée de ne pas avoir de lieu où s'enraciner est troublante. C'est un trauma que l'on doit apprendre à convertir en quelque chose de positif. C'est la raison pour laquelle j'ai cherché à cumuler ces idées du domicile et du mouvement. Les quatre Christophe ont hérité ça du mode de vie de leur père. Ils le découvrent peu à peu au fil du roman, se rendent compte que ça fait partie de leur culture et que cela a à voir avec le fait que leur père sans cesse apparaissait et disparaissait...
Un autre motif important, lié au mouvement est celui du bagage. Il est évidemment lié à la profession des déménageurs, mais évoque aussi la valise du magicien, l'instrument de contrebande qu'il était sous Franco...
En effet. Lorsqu'on fait une valise, on y met sa vie. Aussi, quand les déménageurs volent un paquet ou une valise, je le vois un peu comme s'ils volaient non pas les objets en tant que tels mais leur âme, les tranches de vie des gens qui possédaient ces objets... C'est un peu comme si Gabriel était le vampire des autres. Il n'a pas une vie propre, il vit dans une pension.
Si ce sont surtout les hommes qui ont la parole dans ce roman, les femmes y occupent une place centrale. Vous en donnez une image positive - elles sont jeunes, libres, indépendantes et ouvertes d'esprit - cependant surtout valable pour les femmes étrangères que rencontre Gabriel. En Espagne, la seule qui est indépendante est orpheline, sans famille ni parents. Est-ce une façon de critiquer la pesanteur de la tradition familiale et religieuse en Espagne ?
Complètement. Les quatre femmes de Gabriel vivent des situations difficiles mais sont en avance sur leur temps. Je voulais souligner le contraste entre une vie familiale traditionnelle et ces femmes qui aiment l'aventure, cette autre vie. Parce que même dans l'Allemagne de cette époque il n'était pas évident de vivre et d'élever son enfant seule. Elles sont surtout « positives » dans le sens où elles sont actives. Elles ont fait un choix, par opposition à Gabriel qui est un personnage totalement passif, il se laisse faire, ne prend aucune décision.
Le politique constitue également un sous-texte important car la période abordée était marquée par le franquisme en Espagne, Mai 68 en France etc... Le fait que Gabriel ait un fils dans chaque pays semblerait presque former l'allégorie d'une Europe idéale, où l'on circule librement, avec une bonne entente entre les peuples...
Ce à quoi j'ai pensé n'était pas tellement lié à la vision de l'Europe globale, mais plutôt à l'idée que l'on connaît mal son voisin. Dans Une certaine idée de l'Europe, George Steiner déplore la disparition des cafés, lieux de rencontres et de conversation, en Europe. Pour lui, c'est lié, au changement de l'Europe. Il a raison. À Paris, ils demeurent nombreux, mais à Barcelone, ils ont presque disparu, sous l'influence du tourisme, les Starbucks mis à part. Mon projet d'écriture initial était de raconter les différences et les similitudes entre ces quatre frères qui sont très semblables, du fait qu'ils ont un père commun, mais qui ont un passé différent puisqu'ils ont chacun une mère différente. Il s'agissait ainsi de raconter l'Europe, en insistant sur l'idée qu'elle n'est pas uniforme.
On trouve chez vous un attachement à la topographie, l'attention précise portée à la description des lieux. Ce souci de précision rejoint-il une préoccupation qui consisterait à ancrer votre texte dans le réel plutôt que de le laisser flotter comme une fantaisie littéraire ?
J'ai fait beaucoup de recherches. Google map m'a beaucoup aidé... Surtout, j'ai vécu dans tous les lieux qui apparaissent dans le roman : à Francfort, où habitent mes beaux-parents, et où je retourne assez souvent. J'ai vécu quatre mois à Londres au moment où j'étais en train d'écrire. À Paris, j'avais habité un mois près du Père Lachaise. Je m'étais aussi promené dans le quartier de la Contrescarpe, j'y avais pris des photos. Et j'y suis revenu en week-end pour faire des repérages. Mais quelque soit le travail de documentation, qui est indéniable, j'essaye toujours qu'il ne soit pas flagrant, qu'il n'alourdisse pas le texte. C'est assurément un texte réaliste. Je l'ai d'ailleurs longtemps vécu comme une chose réelle. Proposant régulièrement à ma femme d'aller se promener jusqu'à la pension où habitait Gabriel - qui n'a pourtant jamais existé...
Vous êtes journaliste mais les références à la presse des faits divers ou aux émissions de première partie de soirée à la télévision semblent toujours associées à des moments de doute ou de désarroi dans le roman. Portez-vous un regard si noir sur les medias ?
Je n'avais pas pensé à cet aspect, mais c'est intéressant. Ce que je pense à coup sûr, c'est que la présence d'une culture populaire est souhaitable. Le cinéma, la musique, m'ont beaucoup influencé. Pour quelqu'un qui mène une vie austère, c'est fondamental. La télévision à cette époque a constitué une petite révolution parce que c'était une fenêtre à travers laquelle on pouvait des choses qui se passaient au-delà de la frontière. Quant à la musique, elle m'accompagne toujours. Et m'a procuré de petits moments de bonheur... Ainsi, le jour où j'ai découvert que le chanteur d'Aline s'appelait Christophe - le nom de ses quatre héros dans différentes langues - je me suis dit que c'était parfait. Je connaissais la chanson pour l'avoir apprise en cours de français, mais ignorait le nom du chanteur...
Quel est votre rapport à la langue catalane ?
Je parle aussi bien catalan que castillan mais il est vrai que j'ai toujours écrit en catalan. Je crois que c'est quelque chose qu'on ne décide pas. Mes parents m'ont toujours parlé catalan, c'est la langue que je maîtrise donc le mieux. Si je m'apercevais que je ne la dominais plus, peut-être que je changerais. Mais, pour moi, ce n'est pas une question romantique ou idéologique. C'est un choix purement pratique : je souhaite écrire le mieux possible. Le débat autour de l'identité catalane vous semble-t-il important, pertinent ? Je suis catalan et c'est important pour moi. Mais c'est un moment très compliqué aujourd'hui : il y a plus d'indépendantistes catalans parce qu'il y a aussi beaucoup plus de nationalistes espagnols. Je crois qu'il faudrait faire une distinction entre les indépendantistes idéologiques, culturels, et ceux qui cherchent l'indépendance économique. Quand ça va bien, quand l'économie fonctionne, personne ne s'intéresse à ces enjeux. Mais en tant de crise, on se demande forcément pourquoi la pression fiscale exercée sur la Catalogne par le reste du pays est si forte alors que cette région rencontre le même type de difficultés. Ce qui est dangereux est le moment où l'identité collective prend le pas sur l'identité individuelle. Aussi, lorsqu'on me demande si je souhaite l'indépendance, je réponds que je pourrais peut-être m'en satisfaire, notamment parce qu'en tant qu'auteur catalan, j'aurais certainement une autre visibilité dans le monde. Une langue sans un État derrière est difficile à faire valoir. En même temps, je ne souhaite pas l'indépendance à n'importe quel prix. En ce moment, les partis qui promeuvent l'indépendance sont des partis conservateurs, qui militent pour des lois répressives, rétrogrades, qui augmenteraient les inégalités entre les riches et les pauvres. Ceci ne m'intéresse pas. Je souhaite la justice sociale en premier lieu. Après, seulement, on pourra discuter de savoir si l'on souhaite ou non être indépendant.
Au-delà de ces considérations politiques, avez-vous l'impression qu'il y a une identité culturelle catalane un peu distincte de celle du reste de l'Espagne ?
Il est difficile de répondre à la question de l'influence des écrivains catalans ou castillans les uns sur les autres. Il y a des auteurs catalans qui ne lisent que des auteurs catalans, des auteurs espagnols qui ne lisent que des auteurs espagnols parce qu'ils ont une espèce de complexe de supériorité. Mais il y a aussi bon nombre d'auteurs qui écrivent en catalan et en espagnol, qui vivent à Barcelone, et se mélangent. Pour ma part, par exemple, je connais bien Enrique Vila-Matas et je sais qu'il m'a lu parce que nous en avons parlé. Il y aussi Ignacio Martínez de Pisón, un auteur aragonais qui vit à Barcelone. Ou encore certains auteurs sud-américains, comme Júan Gabriel Vasquez, qui est colombien et s'est installé à Barcelone. Ce n'est donc pas un critère. Et je crois que la décision des programmateurs du Salon du livre cette année de mélanger les auteurs barcelonais entre ceux qui écrivent en castillan et ceux qui écrivent en catalan est très bonne. Parce qu'au fond, l'idée de Barcelone qu'on montre à travers les livres n'a rien à voir avec la langue. Elle a plus à voir avec les rues, les gens, l'idiosyncrasie locale.
Cette première expérience romanesque vous a-t-elle donné l'envie d'en écrire d'autres ?
Oui, je suis en train d'écrire un nouveau roman, mais je pense que ça va me prendre encore de nombreuses années, car je suis assez lent et c'est un projet qui me semble long. D'autant plus que dans l'immédiat, j'ai écrit une vingtaine de pages mais je vais devoir m'interrompre pour aller présenter ce roman aux États-Unis. C'est très émouvant pour moi qu'il sorte quasiment de façon simultanée en France, en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis. L'avantage pour moi heureusement est que je parviens à écrire n'importe où. Cela doit tenir au fait que mes parents travaillaient dans une usine de textile. J'allais les y rejoindre à la sortie de l'école et je restais y faire mes devoirs au milieu des bruits des machines...
Bagages perdus
Jordi Puntí
Traduit du catalan par Edmond Baillard
Éditions J-C. Lattès
536 P. - 22€