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Mais qui est Alice Kahn ? Dans ce petit livre inclassable, entre récit, roman et fable, Pauline Klein élabore une variation fine et caustique autour du monde de l’art. Lire l'article

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09

Mar

2010

This charming woman
Écrit par Julien Canaux   
« Take me out tonight… » La voix de Morrissey, le chanteur des Smiths, m’accompagne alors que j’entre dans l’Entrepotes, ce chouette café au sous-sol décoré façon « métro parisien ». Je m’apprête à rencontrer Barbara Israël, qui m’avait fait vibrer avec Pop Heart et qui a achevé de me séduire avec Nos vies rêvées, petit bijou de sensibilité.
La quatrième de Couv'
" Vivre sa vie, être soi-même, demande un courage que beaucoup de personnes n'ont pas. Il est plus commode de renoncer à ses rêves. Après le deuil, l'esprit est au repos. L'image de ce que ça aurait pu être feint de s'estomper. Mais c'est faux, tu sais. Je pense qu'un jour, alors qu'on vit dans la quiétude de l'oubli, croyant avoir perdu l'adresse du cimetière de ses promesses les plus intimes, tout nous revient en mémoire avec la force d'un boomerang. Et ça fait plus mal encore que de n'avoir rien tenté. " Comment faire bifurquer cette vie, rêvée depuis si longtemps, sans avoir le sentiment de se trahir soi-même ? Avec humour et émotion, ce roman retrace l'adieu à la jeunesse, à travers une romantique histoire d'amour, dont Betty, l'héroïne, rêve depuis qu'elle a quinze ans."

 

En fait, j’ai envie de lui dire des tas de choses, à Barbara : que je suis moi aussi fan des Smiths, et surtout, que ses romans sont un peu ceux que j’aurais aimé écrire. Il est des auteurs, comme ça, dont on aime écouter la musique : celle de Barbara est pop et mélancolique à la fois…« La pop, c’est à la fois profond et léger, sucré et amer… Un peu hard et super drôle, dit Barbara Israël. Ce qui m’intéresse, c’est de mêler des choses un peu pointues à des choses plus populaires. Je suis vraiment comme ça : je peux très bien me plonger dans La Recherche, puis tomber sur « La Ferme » à la télé. La vie, c’est tout ça : je ne peux pas m’enfermer dans quoi que ce soit… »
La discussion est fluide et enthousiaste, Barbara sourit devant mes questions parfois hasardeuses. Je commence par Morrissey, qui est une icône pour elle aussi : un chanteur à la sensibilité douce-amère et au charme mélancolique… « Je suis une fan depuis mes 14 ans, en fait… J’ai découvert Morrissey à l’époque des Smiths, dans les années 80. Mais je n’aurais jamais voulu le rencontrer.» Il y a des rêves que l’on préfère ne pas briser… Barbara me parle avec douceur de ce chanteur charismatique, qui plane sur ses romans comme une référence pop absolue ; et je découvre peu à peu une jeune femme ouverte et authentique, à la sensibilité non dissimulée.
Barbara est une auteure passionnée, qui écrit en « apnée » ; elle est aussi DJ occasionnelle et réalisatrice de documentaires… Une triple casquette qui nourrit sa petite musique intérieure, en somme, et qui l’a poussée à publier trois romans : Pop heart, puis Miss Saturne et Nos vies rêvées. Peut-on parler de trilogie ? Les romans sont si indépendants les uns des autres… Mais tellement liés aussi, dans leur composition : les personnages, sur trois générations, y sont très différents, ont des âges bien distincts, ici à l’adolescence, là à l’orée de la quarantaine... Mais ils posent tous une même question : peut-on réellement arriver à être soi ? Peut-on parvenir à ne pas trop se mentir, au fil du temps, et à réaliser un tant soit peu ses rêves ? Pour Barbara, c’est très clair : « Mes personnages se disent que le romantisme, ça meurt… Mais ils se disent aussi que se transcender, créer sa vie, c’est aussi dépasser et éradiquer ce qu’on veut nous imposer

Une vie comme une œuvre d’art

Nos vies rêvées, son dernier roman, est très ancré dans cette quête d’identité, dans la recherche de soi : son héroïne, Betty, a 35 ans passés et se sent broyée dans une société normative, entre un quotidien merdique de vendeuse de chaussures et des rêves contrariés de chanteuse rock. Elle écrit des chansons, souvent sur un coin de table, et elle aimerait être heureuse… Mais elle aime Alex, surtout, et aimer Alex sans être avec lui, c’est perturbant. Betty est à la fois une jeune femme populaire et une pop star en devenir : pop dans les deux cas, comme dans son approche de la vie.
J’évoque alors mes propres questionnements, face au temps qui passe, et Barbara me sourit avec bienveillance : « Ce sont des questions qui se posent : la société nous impose un certain schéma. Mais donner un sens à sa vie, est-ce réellement perpétuer une lignée ? Non, ce qui donne du sens, c’est se placer dans l’éternité... Pas forcément former un couple, comme le voudrait Betty, mais trouver des gens qui nous ressemblent, et grandir avec eux, en essayant de perdre le moins de temps possible dans des travaux alimentaires… Et puis la vie c’est écrire, écouter de la musique : car on est alors en lévitation, on ne sait plus où on est ; on est dans le morceau, on épouse la sensation. C’est la contemplation contre l’action. Même si ce n’est pas forcément une vérité absolue… Pourquoi ne pas faire de sa vie une œuvre d’art ?»

There’s a light that never goes out…

Pour les héros de Barbara, comme pour Barbara elle-même, l’essentiel serait donc d’aller vers la sensation, vers ce qui nous touche au plus profond… On en revient à Morrissey : ce chanteur qui a vieilli, inexorablement, et que l’on sent désormais dans un après…. « J’ai moi-même la nostalgie et la mélancolie chevillée au corps, me confie Barbara. Je cours après cette sensation, je vibre pour elle
Amoureux des personnages qu’elle a créés, j’évoque notamment à Barbara celui de Rose, la jeune travestie qui arpente le roman Miss Saturne tel un ange déchu. Et Barbara me parle de ses années à Nice, quand elle fréquentait un milieu plutôt « underground » : « Je ne parle pas de ces personnages par voyeurisme, mais parce que j’ai grandi avec eux… Ce sont des gens qui m’attirent. Si je suis peut-être parfois dans la caricature ou le cliché, ce n’est jamais que pour parler des gens de l’ombre, ces gens qu’on ne voit jamais, qui traversent la vie dans le noir, comme s’ils n’existaient pas autrement. D’ailleurs, on peut très bien montrer des gens brillants dans une détresse absolue… Moi, je ne parle ni des « beautiful people » ni de l’inverse, mais de personnages lambda qui vivent des choses, qui prennent des chemins de traverse… Une vie digne, pour moi, n’est pas forcément une vie réussie : cela peut-être, par exemple, une « loose » qui est allée au bout de sa poésie.»
En quittant Barbara, un peu plus tard dans la nuit, je repense à notre rencontre. Je cherche alors un titre pour mon papier, et je repense à « This charming man », la chanson qui avait ouvert le concert de Morrissey à Paris en novembre dernier : j’y étais, Barbara y était aussi… Peut-être nous étions-nous croisés ? Je souris et me dis que oui, il y a bien une lumière qui ne meurt jamais…

Julien Canaux
Photo Laurent Simon

Nos vies rêvées
Barbara Israël
Ed. Flammarion
17 €

 
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