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Après le Goncourt des lycéens et le Goncourt du premier roman, la sélection du Goncourt de la nouvelle ...

PPDA : des ventes plagiées ?
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Déplacer les volumes des mémoires de George Bush récemment parus dans la section "crime fiction" ...

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C'est au tour du jury du prix Medicis de mettre au jour son palmarès de l'année 2010. A savoir: Maïlys ...

Faut-il lire Safran Foer ?

Carnivore, ichtyophage ou carnassier, pas question de changer d’assiette. Parce que Faut-il manger des animaux serait signé Jonathan Safran Foer ? Lire l'article

Et New-York Reverdy

Du néant sort peut-être la vérité...Thomas Reverdy se penche sur le destin de plusieurs personnages, morts une première fois le 11 septembre. Lire l'article

Pauline Klein en version originale

Mais qui est Alice Kahn ? Dans ce petit livre inclassable, entre récit, roman et fable, Pauline Klein élabore une variation fine et caustique autour du monde de l’art. Lire l'article

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21

Jui

2010

Juliette Jourdan, muse moderne
Écrit par Julien Canaux   
On dit souvent qu’un parfum est un secret bien gardé, une empreinte personnelle que l’on laisse sur les gens… C’est la première chose qui me saisit quand je rencontre Juliette Jourdan : son parfum, effluve doux et léger qui ne me quittera pas tout au long de l’entretien. Quelques trois heures et un café gourmand plus tard, je suis frappé par autre chose : Juliette s’est réellement confiée… Sur elle-même, sur la « problématique transsexuelle » en France, et sur la littérature surtout. Portrait d’une belle personne et d’une romancière que l’on est fier d’avoir rencontré…
Le Séraphin est un restaurant parisien cosy et douillet ; quand on a passé plus d’une heure dans les bouchons, on peut s’y sentir très vite à l'aise… Face à moi, discrète et souriante, Juliette Jourdan me parle de son dernier roman, Accord parental souhaitable (contenu explicite), qui est librement téléchargeable en attendant de trouver un éditeur. Son premier livre, Le Choix de Juliette, avait pourtant vu le jour chez Le Dilettante… Qu’à cela ne tienne ! En dehors de l’« objet livre », Juliette me l’affirme : elle ne rejette pas les nouvelles technologies, bien au contraire. Les systèmes de publication en ligne américains, par exemple, la passionnent. Alors quoi ? Les éditeurs français seraient-ils frileux face au thème de la transidentité ? En dehors des sentiers battus et rebattus, il y a pourtant des chapitres à écrire sur la question… Et Juliette Jourdan a prouvé qu’on peut parler des trans sans sombrer dans les clichés.
Sauf que ce n’est même pas une histoire de publication à tout prix. Juliette Jourdan écrit surtout pour que des lecteurs se manifestent… Peu importe le support, finalement, pourvu qu’il y ait un retour : « Je crois qu’on attend beaucoup, en fait… On attend vraiment d’être lu. Ça n’a pas de sens de chiffrer, mais on espère qu’il y aura un assez grand nombre de personnes qui auront envie d’échanger, de nous écrire… C’est amorcer un débat, une discussion. Ce qui me gêne, dans le téléchargement libre, c’est que ce n’est pas facile à lire : certaines personnes n’aiment pas forcément se confronter à un écran d’ordinateur... Mais j’ai eu beaucoup de retours ! Des retours très positifs, qui m’ont beaucoup touchée. »

Une littérature trans ?
Juliette est tourangelle : dans son premier roman, elle faisait d’ailleurs de Tours la « Mecque » des transsexuelles. Le Choix de Juliette était en cela un livre pionnier, lors de sa parution : enfin une fiction sur la transidentité qui ne soit pas un témoignage ou une autobiographie ! Avec une véritable intrigue, un style très soigné, et une galerie foisonnante de personnages. Alors… militante, Juliette Jourdan ? Se sent-elle appartenir à une cause ? « Aujourd’hui, au moins, tout le monde sait ce que c’est, me dit-elle. On en parle chez Mireille Dumas, chez Cauet, dans les films de Pedro Almodovar… L’image n’est pas à 100% négative, elle est contrastée. Même si l’on n’échappe toujours pas à certains stéréotypes, qui touchent à la prostitution, à la toxicomanie ou au sida… et à toute la pornographie, très largement diffusée sur Internet. »
Nous discutons alors de la communauté trans française, des théories « queer » plutôt fumeuses de certain(e)s spécialistes auto-proclamé(e)s, des personnalités publiques, des avancées récentes en matière de (pseudo) dé-psychiatrisation… Je soulève une question : peut-on dire que la transidentité remet en cause les fondements de notre société ? « En fait, les personnes transsexuelles ne remettent pas en question le binarisme homme / femme de la société… Au contraire, il s’agit pour elles de trouver leur place dans la bonne case. Elles n’ont donc qu’un désir : être dans le groupe des femmes… Ou vice versa ! Et chacun devrait être libre de s’auto-définir. »
J’écoute Juliette, et je me demande si la littérature trans de fiction ne pourrait pas être une réponse réelle à beaucoup de questionnements… « Tout est parti d’une intuition, plus que d’une volonté, me dit Juliette. Je ne voulais pas partir dans le roman à thèse, en voulant « démontrer » ; en revanche, je me suis dit que j’allais donner la parole à des personnages, leur permettre de s’exprimer même s’ils ont parfois des discours auxquels je n’adhère pas…»
Amours et combats
Chez Juliette Jourdan, l’envie d’écrire peut venir puis repartir ; parfois, elle est irrépressible. Notre auteure est prolifique, et son perfectionnisme la pousse à écrire puis réécrire, à tout relire, à corriger… Ses deux romans existants ont été rédigés ainsi : dans un véritable don de soi, « et dans une certaine douleur existentielle : parce que ça ne sert à rien d’écrire de la fiction si on ne s’implique pas soi-même dans ce que l’on écrit. » Alors Juliette écrit sur l’amour et la féminité, sur les relations interpersonnelles et les combats de tous les jours. Qu’est-ce qu’être une femme dans notre société contemporaine ? En dehors de la maternité, et d’une belle citation de Simone de Beauvoir qui dit qu’on ne naît pas femme mais qu’on le devient… Y a-t-il place pour autre chose ? Dans ses deux romans, des problématiques toutes féminines – voire féministes – viennent compléter la trame fictionnelle : on retrouve ainsi les thématiques du viol, du cancer du sein, de la féminité contrariée par les diktats du corps parfait… La féminité se vit tour à tour comme un bonheur ou une malédiction, et souvent comme un poids : car tel Big Brother, l’hétéro-patriarcat n’est jamais loin…
Mais Juliette Jourdan est définitivement discrète sur la question de l’activisme : pour elle, rien n’est plus efficace que la douceur pour parvenir à ses fins. D’ailleurs, elle est farouchement opposée à toutes les formes existantes de communautarisme, et rien ne l’agace plus que les gens qui souhaitent imposer leur vision sans écouter les autres : « Il existe des clivages sociologiques, idéologiques et religieux dans cette « communauté »… Si elle existe. Je suis contre les ghettos. Et il est difficile de trouver des porte-paroles tant les controverses et les conflits entre les personnes sont nombreux. Ce n’est pas simple de faire une analyse de tout cela, mais il faudrait parvenir à une unité de réflexion, avec une petite base commune de revendications… »
Le Séraphin se referme peu à peu sur nos échanges, et je finis par prendre congé de Juliette Jourdan… Sans avoir osé lui demander le nom de son parfum. Il y a des rencontres, comme ça, qui se font effluves de douceur et qui continuent de vous inspirer longtemps après…









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