Qu'y a-t-il de plus désespérant qu'une réunion de parents d'élèves ? Peut-être l'assurance de devoir assister à une multitude d'autres, des années durant, parce qu'une aventure sans lendemains vous a collé un polichinelle dans le tiroir. Cette situation, c'est celle de Bonnie, entre deux âges, entre deux hommes, entre deux gosses : A 39 ans et avec un mari aux abonnés lointains en tournée sud américaine, la vie n'a rien de facile, ni d'attrayant. La solution est pourtant à portée de table de nuit. Un verre d'eau, une pilule, un shot de sérotonine plus tard et la majorité des problèmes s'éloignent comme un train dans la nuit. La nuit. C'est précisément ce qui amène Bonnie à consulter puis ingérer tant de pharmacologie. La pauvresse ne dort pas, ne dort plus. En dernier recours, cela l'amène à consulter à l'hôpital pour une polysomnographie. L'interne n'a rien de séducteur, il l'abandonne même pendant la nuit où il est sensé la surveiller. C'est le deuxième comparse de cette intrigue qui se noue au rythme d'un python sous Haldol : Ian Ogelvie. L'inventeur d'une molécule majuscule au nom un rien emphatique de dobadulax. Inutilité sourde
Citer Forrest Gump en exergue d'une chronique de roman doit inquiéter sur le dit livre. Voici pourtant une citation de Forrest Gump : "La vie est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber "
Nuits insomniaques
Robert Cohen
Ed. Joelle Losfeld
464 p. - 25 euros
Qu'y a-t-il de plus désespérant qu'une réunion de parents d'élèves ? Peut-être l'assurance de devoir assister à une multitude d'autres, des années durant, parce qu'une aventure sans lendemains vous a collé un polichinelle dans le tiroir. Cette situation, c'est celle de Bonnie, entre deux âges, entre deux hommes, entre deux gosses : à 39 ans et avec un mari aux abonnés lointains en tournée sud américaine, la vie n'a rien de facile, ni d'attrayant. La solution est pourtant à portée de table de nuit. Un verre d'eau, une pilule, un shot de sérotonine plus tard et la majorité des problèmes s'éloignent comme un train dans la nuit. La nuit. C'est précisément ce qui amène Bonnie à consulter puis ingérer tant de pharmacologie. La pauvresse ne dort pas, ne dort plus. En dernier recours, cela l'amène à consulter à l'hôpital pour une polysomnographie. L'interne n'a rien de séducteur, il l'abandonne même pendant la nuit où il est sensé la surveiller. C'est le deuxième comparse de cette intrigue qui se noue au rythme d'un python sous Haldol : Ian Ogelvie. L'inventeur d'une molécule majuscule au nom un rien emphatique de dobadulax.
Inutilité sourde
Pas un laxatif, non mais une sorte de super antidépresseur, un cocktail magique pour tous les obsessionnels, les déprimés, les anxieux, les hystériques du petit monde trop stressé dans lequel habite Bonnie. Quand deux solitudes se rencontrent... Le style rhapsodique de Robert Cohen, dont c'est le deuxième roman traduit en france après Ici et maintenant, et les thèmes très portés sur la chose cérébrale font furieusement penser à du Tim Powers, en moins baroque. Dans la vraie vie - IRL, en VO - Robert Cohen est enseignant de littérature anglaise et américaine au Middlebury College dans le Vermont. Autant dire que les affres d'universitaires - son héroïne Bonnie est l'heureuse auteure d'un thèse inachevée sur Thoreau, un auteur peu crucial -, ça le connait. Nuits insomniaques baigne dans une torpeur intello très côte Est, tous les personnages cultivés et diplomés, ayant l'absolue certitude d'être inutile à la marche du monde. La satire est brillante mais, pour reprendre l'introduction de notre ami Forrest, se languit parfois dans une surdescription des états d'âmes de Bonnie un peu trop fine pour ne pas être un poil répétitif. Reste une satire fine de notre société baignée de pharmacologie, qui vaut tout de même le détour.
Nuits insomniaques
Robert Cohen
Ed. Joelle Losfeld
464 p. - 25 euros
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