Deuxième sélection de l'été. Zone-littéraire vous fait découvrir la suite de tous les autres livres qu'elle a aimé pendant l'année écoulée. Pour pouvoir faire la part belle à un maximum d'ouvrages, voici une petite compilation valant le détour. Queer as Code Un petit phénomène de société. Dans le monde entier, on s’est arraché le code de Da Vinci. Traduit en 44 langues, soit 46 millions de lecteurs ! Un film, 280 millions de dollars de recettes, 4 millions d'entrées en France. Un filon qui a donc "plutôt" marché. Et des avatars de s'engouffrer dans la sucess story, jusqu'au dernier du nom, le Gay Vinci Code. Bienvenue dans un monde où l’homosexualité règne… et où être hétéro c'est "old". Charlus Glandon est un éminent sémiologue gay. Seul ombre aux icônes, son neveu, Cédric, journaliste à Tutêt est hétérosexuel. Et çà, sa famille ne lui pardonne pas. A la recherche d’eux-mêmes et d'aventure, ils mènent l'enquête sur la mort de Gédéon de Vaugoubert, conservateur du Musée des Arts et traditions homosexuels. Leurs recherches vont les conduire tout droit sur la piste d'un des plus grands mystères de tous les temps : "le secret du Grand Piquet" ! Démarre alors la résolution d'une énigme autour des paroles d'une chanson de Dalida. Cette "folle" aventure n’est pourtant pas sans danger, car ils sont poursuivis par la toute-puissante confrérie de la « Vieille Tente », tandis qu'une redoutable drag-queen tueuse des saunas qui est lancée sur leurs pas… Pascal Fioretto, négro-journaliste, signe ainsi un livre certes codé gay, mais qui au final nous régale d'une bonne paire...de sourires. Gay Vinci Code, Pascal Fioretto Chiflet&Cie;, 205 pages, 15€ Resident Evil Auteur d’une quinzaine d’ouvrages aux Etats-Unis, Percival Everett fut justement remarqué en 2004 lors de la sortie en France de son roman, Effacement, qui fustigeait avec intelligence et cynisme la condition afro-américaine. Cette fois, c’est entre autres au fanatisme religieux, à l’omnipotence militaire, à la surpuissance des médias, qu’il s’attaque, via l’épopée du survivor, Ted Larue. Alors qu’il s’apprêtait à se suicider (pitch : couple bancal, carrière ratée), l’honorable professeur Théodore Larue perd littéralement la tête dans un accident de voiture. Bien. C’est pendant l’enterrement que l’affaire se corse : voilà notre décapité qui se lève tranquillement de son cercueil, devenant ainsi le premier ressuscité officiel depuis Jésus-Christ ! Panique logique s’ensuit, suivie d’une redoutable mais évidente renommée pour notre héros qui se passerait bien de l’intérêt national pour sa petite personne. Occupé d’abord à essayer de sauver ce qui reste de sa famille, le-très-normal-bien-que-mort Ted Larue est bientôt enlevé et livré à tous ceux que sa résurrection fascine, intéresse ou effraie. Une passionnante chasse au mort vivant, occasion d’évoquer une Amérique loufoque et plutôt flippante, mais aussi conte philosophique sur la condition existentielle. Perceval Everett a mérité sa place parmi les auteurs américains à lire aujourd’hui. Désert américain, Perceval Everett. Actes Sud, 319 pages, 22 euros. Le tourbillon de la vie Ca commence comme une banale variation sentimentale sur le thème de l’infidélité masculine et ses incidences sur le couple : un soir, Ann Hidden, compositrice de musique contemporaine, surprend son mari en train de prodiguer une chaleureuse étreinte à une inconnue. D’abord abattue et déboussolée, mais épaulée par un ami d’enfance providentiellement resurgi dans ce moment critique, elle renverse rapidement la situation en décidant de quitter son conjoint de façon aussi abrupte que radicale. Vente de sa maison, transformation physique, destruction de toute trace de son ancienne vie commune, comme pour faire table rase d’un passé qui ne serait que manque. Mais à force de jeter, c’est la substance même de son existence et sa raison d’être qu’elle dilapide. En proie à une telle perdition, c’est dans une délocalisation géographique plus accrue qu’elle trouvera un ressort, à défaut de réelle solution, à ce mouvement de sa vie. Comme Stromboli pour Ingrid Bergman chez Rossellini, l’île d’Ischia et sa villa offrent à Ann un moment d’épiphanie qui lui ouvrent la voix d’une renaissance physique et intellectuelle. Expérimentant différents modes de vie, différentes formes de couples, voire même de petites communautés, elle se retrouve pourtant inexorablement confrontée à sa solitude. Au fil des chapitres rythmés par les doutes, les rencontres, les saisons et les années, se dégage une voix qui dévoile la vulnérabilité et l’indécision de cette femme artiste qui peine visiblement à trouver sa place dans le monde et qui survit pourtant à tous ceux qui l’entourent. De l’art d’accommoder la solitude, l’angoisse créatrice et de composer avec une certaine inaptitude au bonheur : aucune morale ni philosophie simpliste de la part de Pascal Quignard, mais beaucoup de justesse et de talent. Il est rare de lire les interrogations et les questionnements féminins aussi finement captés et exprimés, qui plus est sous une plume masculine. Villa Amalia, Pascal Quignard Gallimard, 298 pages, 18,5 €
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