Rencontre avec Véra Michalski |
Mais qui est Véra Michalski ? Propriétaire de la Librairie polonaise, fondatrice des Éditions Noir sur Blanc, on la connaît mieux depuis qu’elle a " sauvé " de la faillite les Editions Phébus en 1998, et plus récemment, racheté les Éditions Buchet-Chastel. Éditions au catalogue ultra prestigieux (Henri Miller, Lawrence Durrell) mais qui ne publiaient plus rien depuis des années ; un retour donc très attendu à la mesure de l’intérêt suscité par cette belle maison. Quel est le bilan de cette première rentrée ? Très bon ; nous avions parié sur des premiers romans et tout s’est très bien passé. La presse nous a suivis. Marie-Hélène Lafon vient d’obtenir le Renaudot des lycéens. Et, il y a un fait qui ne trompe pas : nous recevons beaucoup plus de manuscrits ! On a écrit sur vous que vos faisiez vos emplettes au gré des opportunités… comptez-vous racheter Grasset qui a souffert ces derniers temps ? Non ! Il faut laisser ce genre de commentaires à ceux qui les font ; acheter ou investir dans une maison d’édition n’est pas une mince affaire. Si nous décidons d’acheter, nous voulons tout faire pour " relancer " la maison. Pour Phébus dont la situation était catastrophique quand on l’a reprise, tout comme pour Buchet-Chastel, c’est, au-delà de l’opportunité, une vraie motivation pour l’esprit de ces maisons qui nous a séduits. Quelles sont vos priorités pour Buchet-Chastel ? Les deux priorités sont très claires. Rééditer correctement le fonds exceptionnel de la maison ; nous préparons par exemple une nouvelle édition du Quatuor d’Alexandrie de Lawrence Durrell. Et l’autre priorité est de lui redonner un souffle littéraire avec l’espoir de faire découvrir de nouveaux talents ; c’est ce que nous avons fait en Pologne. Nous avons publié, entre autres, Cendrars, Bukowski, Henry Miller ou Paul Auster. Quelle est la situation littéraire en Pologne ? J’ai entendu dire que Beigbeder avait eu le Goncourt polonais pour 29,9 zlotys ? Oui, c’est vrai. Mais ce n’est pas le même impact ! C’est un prix organisé par l’Institut Français de Cracovie ; le jury est composé d’étudiants. Actuellement, Umberto Eco est numéro un avec un livre qui sortira, je crois, en février en France. Parmi vos prochaines publications, j’ai entendu parler d’un projet ambitieux ? Oui, c’est une entreprise de Michel Vittoz dont le terme générique sera La Conversation des morts : il sera composé de sept romans composés de 7x7 chapitres, avec 7 personnages principaux. Le Seuil, notre diffuseur, y croit ! ! Mais ils ont tellement de livres à défendre. Oui, mais vous les chouchoutez en publiant peu. Les éditeurs qui enchaînent les collections, ça n’a aucun intérêt ; il faut sans cesse les alimenter, et pas forcément avec des textes de qualité. Et les libraires sont surchargés. Vous connaissez le problème… vous gérez la librairie polonaise ? Oui, on l’a rachetée il y a un peu plus de dix ans, elle était au bord du gouffre. Décidément ! Vous allez de chevets en chevets ! Si Zone-litteraire capote, je vous appelle ! Hum… Oui, pour la librairie, on a essayé de lui redonner le prestige qu’elle avait eu. Nous organisons par exemple une rencontre avec le fils de Balthus. Pour la Correspondance ? Oui, Buchet-Chastel vient d’éditer la correspondance amoureuse de Balthus. À propos d’amour, vous faites tout à deux avec votre mari, Jan ? Oui, tout est décidé à deux. En revanche, il s’occupe plus de la Pologne. Quel est l’auteur que vous aimeriez publier ? (Silence)… C’est difficile de dire le nom d’un auteur publié ailleurs… ça fait mal ! Une vraie éditrice sensible ; cela doit être votre côté suisso-polonais ! Vous écrivez ? Non, à part une thèse que je n’ai jamais finie… par manque de temps. Ah… je vous laisse alors… ce fut un vrai plaisir.
David Foenkinos
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