"Et si c’était vrai ?" pourrions-nous nous exclamer, à l’instar du titre d’un roman dont l’intrigue intéressa naguère (et sans suite) des actrices et des réalisateurs américains... Ici, il n’est point question d’Hollywood : le prétexte dépasse la force des intérêts, mercantiles ou autres. Nous avons affaire à un roman, qu’il soit adaptable ou non au cinéma n’entre pas en jeu dans son approche. Peut-être même que sa forme narrative difficilement adaptable le rend encore plus viable, et intrigant. Ce roman, aussi court que dense, apparemment d’espionnage, en cache un autre en ses pages (ce que vous pourrez lire partout ailleurs, puisque tel est le cas). C’est un roman qui défend les autres romans, les vrais. Car il n’est pas de bons ou de mauvais romans, il en est des vrais et des faux. Ce classement binaire semble très arbitraire, voire manichéen dans son aspect le plus détestable. Cependant, il est une gamme très vaste entre l’un et l’autre pôle, et il n’est pas inutile de le préciser pour la clarté de notre propos. Il ne s’agit donc pas d’être péremptoire, mais le plus près possible du message transmis par le livre de Philippe Vasset. Un vrai roman serait, par exemple, une histoire où prévaudrait l’alchimie entre le fond et la forme, dans un souci d’intégrité et d’originalité le plus évident. Un vrai roman, aussi, proposerait une fiction qui pourrait élever spirituellement le lecteur, dans le soin d’une écriture intelligente et généreuse. Un vrai roman, enfin, quel que soit son ton, devrait se lire comme une nécessité d’être pour n’importe quelle personne un peu avertie. Il devrait exister en lui-même pour lui-même, pas seulement pour nous divertir gentiment, du réel notamment, mais nous y faire replonger, dans ce fichu réel, avec plus de confiance, de courage, d’assurance et tout autre sentiment vivifiant une volonté optimiste et pacifique, afin de nous pourvoir d’un autre regard, enrichi. Mais on ne cherche plus à enrichir les regards à notre époque, n’est-ce pas ? Tout cela évidemment se veut écrit au conditionnel du bon sens et n’engage que ceux qui veulent bien y croire. Cela dit, dans un supermarché, en passant devant les présentoirs de cassettes vidéo et de DVD, il est recommandé de bien observer le type de jaquettes illustrant chaque produit, euh, pardon, de chaque film. Eh oui, il y a bien une tactique de familiarisation… L’originalité ne doit être qu’apparente, la vraie nouveauté risquerait de dérouter le consommateur. Celui qui consomme est un qu’on somme, surtout, d’acheter, de plus en plus aveuglément, tout le monde le sait, ou croit le savoir. Et les amateurs d’art, au sens fort du terme ? Ceux qui aiment l’art, tout autant que l’effort de l’invention, la perspicacité des trouvailles, le soin apporté à une création qui respecte leur désir de s’y perdre ou s’y retrouver ? Ceux qui veulent être surpris par leur capacité d’étonnement, et ne pas être pris (in)directement pour des cons ? Ils acquiesceront à la lecture de ce livre qui en rappelle d’autres, entre autres par le vertige de son ultime chapitre : 1984, Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes... Ils acquiesceront et se presseront de faire passer le message : il est bon d’enrichir les regards afin de magnifier ce qu’ils renferment : notre âme, tout simplement. Avant que le Diable finisse par nous l’acheter, avec la plus sournoise des clairvoyances. Richard DALLA ROSA
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Exemplaire de démonstration Philippe Vasset Ed. Fayard 140 p / 12 € ISBN: 2213614563
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