Déjà juillet ! L'année littéraire s'achève et on se dit qu'on a lu de belles choses dont on n'a jamais eu le temps de parler. Cet été, Zone-littéraire se rattrape et vous fait découvrir tous les autres livres qu'elle a aimé. Pour pouvoir faire la part belle à un maximum d'ouvrages, voici une petite sélection valant le détour. L’écrivain est un homme comme les autres La très belle collection Denoël Graphic a trouvé un nouveau trésor en la personne d’Edward Sorel, caricaturiste mondialement connu, dont elle publie Vies littéraires, à l’occasion du Salon du livre. Ces vies littéraires selon Edward Sorel sont en effet de véritables bijoux d’intelligence et d’ironie, le tout teinté d’une perfide cruauté à l’égard des grands écrivains fustigés. Sorel expédie en neuf cases exactement leur existence, choisissant d’en mettre en exergue les éléments les moins reluisants possible, et accentue leur côté gênant en ôtant tout contexte qui aurait pu les atténuer. Ca s’appelle de la satire, et c’est par principe injuste. Sont ainsi brocardées la proximité de Jung avec les nazis, les tendances voyeuristes de Proust, les obsessions sexuelles de Tolstoï, etc. Quant aux dessins, entre BD et cartoon, leur aspect flou, griffonné, l’écriture malhabile, portent à croire à une désinvolture volontaire, qui cache en réalité un travail méticuleux. Remarquable recueil, Vies littéraires nous fait espérer l’existence prochaine de Vies Picturales ! Vies littéraires, Edward Sorel. Editions Denoël Graphic, 112 pages, 20 euros. Le monde selon Ponti On était habitué à voir Claude Ponti signer des livres pour enfants. Son troisième roman prouve que même chez les grands, il ne perd pas sa débordante imagination, au cœur de son inspiration. C’est de fait une amusante galerie de personnages qui habite un immeuble de la rue Dellastrada, au métro Saint-Paul : entre autres, la vieille aigrie Mlle Clapeau, présidente de la copropriété qui déteste les locataires et les espionne pour dénoncer tout ce qui serait motif d’expulsion ; l’écrivain Freutin, qui fait endosser ses vices à son double minable, Menu Fretin ; Hortense et Hyacinthe, deux jeunes sœurs qui manipulent les pensées d’autrui ; les Lemours qui élèvent secrètement Love-Love, énorme peluche servant à donner de la tendresse et bien sûr, Edgar, héros un peu perdu qui aimerait comprendre pourquoi une femme fantôme vient le visiter régulièrement. Dans un Paris loufoque, affolé par des explosions de chiens, des hallucinations collectives, des adultes changés en cocons perchés aux lampadaires, Claude Ponti nous emmène à la recherche de la clé du plus étrange des univers. Le Monde et inversement, Claude Ponti Editions de l’Olivier, 296 pages, 20 euros. Chercher le vent Ca commence par un zinc au repos dans un hangar, ça finit par un atterrissage : entre les deux, un décollage raté, des vies bouleversées, tout à reconstruire, à commencer par soi. Le deuxième roman du montréalais Guillaume Vigneault a le punch d’un film de Tarantino, moins la violence, et la finesse d’un Woody Allen réussi. Jack peut tout faire : piloter un avion, être le photographe à la mode, jouer aux échecs, faire des puzzle, rater sa vie. Car l’avion, la photo, depuis l’accident, c’est fini. Place au divorce avec Monica, aux journées vides et pesantes, aux cuites et aux clopes. Du fond de son trou, Jack a quand même une bonne idée : enlever son ex beau-frère maniaco-dépressif de l’hôpital et l’emmener avec lui sur la route, « chercher le vent ». Deux épaves dérivant ensemble ont-elle plus de chance de trouver un rivage ? Talentueuse illustration du principe selon lequel notre pire ennemi, c’est nous-même, Chercher le vent est un roman attachant et témoigne de la vitalité d’une littérature québécoise à découvrir. Chercher le vent , Guillaume Vigneault. Editions du Seuil, 268 pages, 18 euros. Mère morte On avait laissé Pierre Vavasseur quittant sa femme, on le retrouve trois ans plus tard enterrant sa mère. Mathieu va sur ses 50 ans, il est reporter-photographe, coule des jours heureux et las avec Anne, sa femme qu’il trompe de corps, mais non d’esprit. Quelques jours avant un reportage en Chine, il apprend sans tristesse la mort de sa mère. Ils ne se sont jamais entendus, jamais compris, jamais cherchés non plus. L’enterrement sera l’occasion d’une longue réminiscence filée sur la relation manquée entre ce fils et sa mère, mettant en exergue la question des liens filiaux, des idéaux de l’enfance, de l’existence divine. Tour à tour grave et poétique, légère ou mélancolique, la plume de Vavasseur se promène sans plan de route, sans destination lisible, et finit par surprendre. Ce troisième roman, Putain d’Adèle, étonne par sa maturité : Vavasseur est comme le bon vin, il se bonifie avec l’âge… Putain d’Adèle, Pierre Vavasseur Editions J-C Lattès, 175 pages, 13 euros.
Maïa Gabily
Shorts Cuts Sélection Ed. 0 p / 0 € ISBN:
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