Telle une ode au drame et à la beauté, Vénus et Adam (Ed. Galaade) est de ces romans « à l’ancienne » qui se lisent avec plaisir… Et qui s’emparent de vous. Dans la chaleur de l’Ogre à plumes, Alain Foix dévoile les moteurs de son écriture… Un polar, vraiment ? Pas tout à fait. Selon lui, Vénus et Adam relèverait plus de la « quête » que de l’« enquête »... Car il n’est pas un grand lecteur de romans policiers. Lui, c’est Alain Foix : un auteur qui se définirait bien comme un « philosophe danseur », et que tout semble intéresser... Et pour cause : sa carrière a emprunté les ramifications artistiques les plus diverses. Au fil de ses rencontres, surtout. Dramaturge, directeur de théâtres, prof de philo, réalisateur de documentaires, assistant en chorégraphie... Il semble avoir embrassé toutes les passions. Une vie comme un roman, pourrait-on dire – à ceci près que l’homme ne s’embarrasse pas des conventions, et qu’il serait plutôt de ceux qui suivent leur inspiration. Coûte que coûte. «J’écris souvent avec de la musique dans la tête… confie t-il. Le rythme des phrases peut venir comme ça, avec les sonorités. J’écris de la musique, en fait, mais c’est involontaire... » Multi-artiste, certainement : et on sait que les écrivains se servent de tout ce qu’ils ont... Mais plutôt que de se poser ce genre de questions, Alain Foix préfère rester en mouvement. « En fait, je suis plus un réactif qu’un actif. » Première, seconde... Au détour de certaines phrases, au carrefour de certains mots, c’est souvent le danseur qui parle : « Je pense en fait que mon écriture a été affûtée quand j’étais critique de danse... Ecrire les mouvements sur le papier, ressaisir le sens des gestes – ça aussi, ça m’a beaucoup aidé. Espace insaisissable que celui de la danse... Où le corps deviendrait presque un non-corps, finalement. Il y a un vrai rapport paradoxal. Je pense que tout, la danse y comprit, se construit autour d’un vide à combler. » Pour l’écrivain, la danse et l’écriture sont très vite devenues intrinsèquement liées. Un peu comme si elles n’avaient jamais été démêlées l’une de l’autre… Une écriture qui est tout de même venue sur le tard : car toute sa vie, Alain Foix l’a consacrée à accompagner des artistes, à travers le financement de leurs projets ou la mise en forme de leurs idées. « Mais je crois que l’écriture reste la chose la plus évidente pour moi. Je n’ai jamais été à fond dans l’écriture, et je pense que je ne me suis jamais vraiment "vu" artiste... Je ne me suis jamais posé comme créateur, car j’ai toujours aidé d’autres artistes. Je sais les comprendre, travailler sur leurs matières. J’aime entrer dans le matériau de l’œuvre, comprendre l’intention générale de l’artiste... L’écriture, elle, est venue quand j’ai compris que des choses devaient vraiment sortir de moi. Elle est devenue comme le flot qui a fait céder le barrage..." Une nécessité qui n’a pourtant jamais flirté avec la douleur. « Je peux écrire toute la journée, et j’écris très vite. Ça n’a jamais été une souffrance ou une torture : je prends un grand plaisir à écrire, je danse ! » Pentartiste Une danse qui l’a poussé, en 2001, à fonder et diriger le Quai des arts, une association « qui a pour objet la production et le conseil artistique et culturel. L’intérêt de cette structure, c’est de faire se rencontrer des compositeurs, des gens de théâtre, des artistes du multimédia... Mon rôle est de les mettre en relation, et de les amener à créer des projets ensemble. » Les actions se sont alors multipliées, en banlieue principalement, et dans la Seine Saint-Denis en particulier – où le jeune prof de français et d’histoire, au tout début, avait déjà fait ses armes... Car les jeunes du 9-3 sont tout simplement des jeunes – si, si –, et Alain Foix les a toujours côtoyés : d’abord en tant qu’enseignant, puis en tant qu’intervenant dans des collèges, à travers la création de projets culturels et pédagogiques : « Les élèves se montrent souvent très imaginatifs, rigoureux, et même talentueux… Ils sont totalement passionnés ! » C’est bien simple : Alain Foix semble avoir signé un pacte avec la jeunesse, et ses projets en cours ne peuvent qu’en attester. Entre autres, on aura bientôt le plaisir de lire Je danse donc je suis («quel pied de nez à Descartes!»), un ouvrage de philosophie qui amènera les adolescents à se questionner sur différents concepts, tout autour de la danse... Sans oublier Marianne et le fantôme de l’île aux esclaves, une pièce de théâtre musical qui sera également produite sous forme de livre-disque. En somme, Alain Foix continue de se diversifier... Et la poésie, dans tout ça ? Car s’il devait bien manquer une casquette, ce serait bien celle de poète... « Je ne suis pas un grand lecteur de poésie. Mais elle est là, elle s’insinue : elle est dans la musique, les sons et les mots. La danse, c’est aussi la poésie du mouvement. » La danse serait-elle au centre de tout ? La poésie, elle, est en tous cas bien présente dans ce Vénus et Adam aux accents tragiques et... ésotériques. "Ça renvoie au monde de mon enfance, en Guadeloupe : j’aime m’intéresser à l’altérité." On vous le disait : un philosophe danseur... Julien Canaux Photo: Sebastien Dolidon
Julien Canaux
Alain Foix Ed. 0 p / 0 € ISBN:
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