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L�odyss�e de Monsieur Tanner
| | Vous plaisantez, monsieur Tanner Jean-Paul Dubois L�Olivier
| Prix éditeur 16.00 euros
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Depuis sa sortie en janvier, on lisait partout que le dernier
Dubois �tait hilarant. 200 pages plus tard, on confirme. Mais on
aurait aim� plus.
A l�automne 2004, Une vie fran�aise, dernier et excellent
opus de l�animal Dubois, raflait successivement le prix du
roman Fnac et le Femina. Succ�s et r�compenses m�rit�es. Un
an et demi plus tard, on a l�impression qu�il s�est un peu,oh,
juste un petit peu, endormi sur ses lauriers.
Les douze travaux de Tanner
Comme Monsieur Tanner le dit lui-m�me au d�but du roman,
personne probablement � part lui, n�aurait de nos jours accept�
d�h�riter d�une immense et inconfortable maison campagnarde.
Quand en plus elle se r�v�le �tre une quasi ruine, que fait-on ?
Des travaux ! Tel est le point de d�part de cette v�ritable odyss�e
du b�timent dont le h�ros, aussi infortun� que son anc�tre
Ulysse, se mesurera � bien des obstacles avant d�arriver � son
Ithaque personnelle : la r�fection totale de sa demeure.
L�imagination de Jean-Paul Dubois va en effet se d�cha�ner aux
d�pends du pauvre Monsieur Tanner : des apprentis couvreurs
usant du jardin de leur client comme chenil personnel et qui
provoqueront par leur nullit� professionnelle la destruction de la
maison, des �lectriciens russes fervents catholiques c�l�brant
des messes entre deux branchements, du plombier sautillant,
complet sosie du regrett� Louis de Fun�s, ou du peintre en
b�timent, ayant rat� sa vocation d�artiste et qui, � d�faut de
talent, en a gard� les caprices, rien ne sera �pargn� � l�innocent
et probablement trop coulant, propri�taire. On ne d�voilera pas
les meilleurs anecdotes de cette galerie de personnages
loufoques qui vont investir successivement la maison de
Monsieur Tanner, faisant dire � ce dernier : � dans la
corporation, ce devait �tre un rite initiatique, une sorte de
p�lerinage. On allait chez Tanner comme l�on se rendait � La
Mecque ou � Compostelle. Et seuls les plus m�ritants, les plus
atteints aussi, les plus cingl�s surtout, avaient le droit d�effectuer
ce p�riple. � La dr�lerie de ces m�saventures n�a d��gale
que le talent de celui qui les raconte.
Dans la jungle, terrible jungle�
La jungle o� �volue Monsieur Tanner est de fait autrement plus
sauvage que celle servant parfois de d�cor aux documentaires
animaliers qu�il r�alisait. On utilisera de fait l�imparfait car
d�sormais ne compte plus que le chantier o� � vous n��tiez
plus qu�une sorte d�insecte vou� � la construction ou � la
r�habilitation de la ruche, un animal industrieux d�barrass� de
tout souci de plaisir et de reproduction, gros frelon b�tisseur,
transpirant, fatiguant mais jamais ne bandant � . Et oui, les
travaux, �a vous tue m�me une libido !
Mais voici aussi la limite de ce pourtant tr�s plaisant roman, qui
ne se consacre qu�� la description des fameux travaux. Bien s�r,
la folie semblant s�abattre sur tous les intervenants de ce
chantier nous fait souvent rire aux �clats, et l�on passe un tr�s
agr�able moment de lecture, mais l�ensemble manque un peu
de profondeur, d�un propos v�ritable. On pourra dire qu�on est
de mauvaise foi, que l�usage d�un style vraiment dr�le et sans
cynisme est l�apanage de quelques happy few dont il est bon
d�entendre encore la voix au milieu de trop nombreux romans se
prenant au s�rieux. C�est vrai. Mais au sujet d�un roman de
Jean-Paul Dubois, on se sentait aussi le droit d��tre plus
exigeant. Et de souhaiter qu�il soit plus que simplement
distrayant. Ma�a Gabily
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