La derni�re femme Jean-Paul Enthoven Grasset

Prix éditeur 16.00 euros

Apr�s avoir excell� avec Les enfants de saturne,
Enthoven, �diteur, chroniqueur au Point, homme de lettres
profond�ment, revient avec cet essai romanesque, mi roman
historique, mi encyclop�die du d�sir, mi encyclop�die de la
femme.

Comment n�y avions nous pas pens� plus t�t ? Un homme se
raconte, nous raconte, expose l� universalit� des attractions
�l�mentaires qui r�gissent le d�sir en prenant comme objets
d�analyses des femmes, toutes hors normes, toutes ma�tresses
et victimes du d�sir avec un grand D. Celui qui foudroie tout sur
son passage et finit par foudroyer son propre Dieu, qui l�a
engendr� : la femme. Cet homme � femmes, oserais je dire cet
aimant � femmes hors paires, s�illustre en nous contant les
splendeurs et les d�cadences de neuf femmes qu�il a crois�es,
manqu�es, ador�es, imagin�es. Qui y a-t-il de commun entre
toutes ces femmes qui ne se sont pas concert�es pour �tre
toutes les muses pr�cieuses d�un auteur magistral et exquis ?

Ces femmes sont des femmes glorieuses, des femmes
tueuses, des femmes malheureuses, jouisseuses, toutes � la
fois dot�es des meilleurs d�fauts et des meilleures qualit�s,
des femmes totales, de celles qu�on ne peut que convoiter,
mais qui finirent toutes dans des contr�es de la d�ch�ance,
victimes de l�Amour et du temps. Toutes ayant exerc� leur
pouvoir sur des hommes de lettres, des hommes foudroy�s par
leur m�lange de gr�ce vertigineuse et de f�lures, de charmes.
Toutes ayant eu � composer avec une existence ravageuse,
une explosion des sens, elles ont toutes pein� � faire face � leur
plus grand ennemi, le temps qui fait son �uvre, imperturbable,
le seul qui ne succombe pas � ce d�sir, le seul dont la fatalit�
soit sup�rieure � celle de ce d�sir fou. Toutes, sauf la Derni�re
femme de ce tableau, et nous ne pouvons qu�esp�rer le
meilleur de tous les exc�s de passion et de m�lancolie pour
l�avenir qui s�offre � elle, � eux.
Car ce dernier portrait, qui nous en dit finalement plus sur le
narrateur-auteur, que sur la femme elle-m�me, se cl�t sur une
promesse d�union entre les � mains royales � d�une femme
endormie, et celle, brillantes, d�un �crivain m�lancolique et
profond�ment amoureux de la vie.

Jean-Paul Enthoven nous embarque avec ce nouvel essai sur le
chemin de nos amours, et des siennes. Il flotte sur cette galerie
de portraits une douce odeur de madeleine. Il ne convoque que
des femmes exceptionnelles, aux normes repouss�es voir
explos�es, parmi lesquelles on peut trouver de nombreuses
parcelles de sa premi�re femme litt�raire, Aurore. C�est dire
combien il est capital, aux yeux de cet �crivain, d�analyser les
femmes ind�m�lables pour comprendre ses propres
inclinations.

Comme il est doux d�apprendre sa propre vie au travers de
l��criture et de l�analyse pr�cieuses de Jean- Paul Enthoven. S�il
se livre prodigieusement � l�int�rieur de ces portraits romanc�s,
de ces d�finitions de femmes absolues, il nous donne aussi �
voir tous les hommes dans leur pluriel vuln�rable. Dans un
style parfait, rare, il nous r�v�le, derri�re le masque, la v�rit� sur
les questions du d�sir, subit ou suscit�, de l�amour avou� ou
inavouable, et du temps qui �uvre en magistral ind�pendant.
Et si cet essai se termine sur la Derni�re femme, r�elle, vivante,
mais toute aussi d�routante et prometteuse, nous esp�rons,
monsieur Enthoven, que ce ne soit pas notre dernier plaisir
litt�raire � vos cot�s.

Olivia Michel