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Rira bien qui rira le dernier
| | Dr Mukti Will Self Editions de l' Olivier
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Will self entraine son lecteur une fois de plus dans un univers borderline entre un r�el d�capant et une �criture v�tue de tendances fantastiques et humoristiques. Comme � son habitude, Self bouleverse l'univers psychiatrique londonien et efface � coup de troubles m�dicaux les fronti�res entre extr�me normalit� et absolue folie.
Londres,son m�tro, ses n�vros�s, et en arri�re plan,les diversit�s de milieux, de religions et de croyances qui s'y cotoient: Une saisissante contemporan�it� nous ram�ne de suite � la notion de probabilit�.
C'est dans une narration surprenante que nous p�n�trons avec le Dr Mukti. Avec ou sans lui. Nous perdons vite le fil. Self, derri�re ses phrases habilement cyniques, justement dos�es, nous offre un r�cit d�rangeant comme � ses habitudes.
La m�canique �selfienne� est en place. Un grand psychiatre juif, le Dr Zack Busner, et un � modeste � psychiatre indien,le Dr Shiva Mukti, se tiennent par la barbichette. Tout commence par ce qui ressemble � un l�ger affront. Et le tout finit dans les affres � science-fictionnesques � de l'imagination de l'auteur. A moins que �a ne soit celle du Dr Mukti.
Avec ce nouveau roman, Self se ballade parmi les vices de ses personnages, psychiatres s�rieux, s�rieusement attaqu�s. La folie envahit encore une fois le monde scientifique. Le Dr Busner, d�j� crois� dans � La Th�orie Quantitative de la D�mence � envoie comme premier missile, un patient surnomm� � cr�osote man � au Dr Mukti pour un second examen. Le Grand Dr Busner titille les sens du plus modeste Dr Mukti. On p�n�tre dans un guerre larv�e, puis karcheris�e entre deux fous qui se renvoient des balles humaines pour assouvir leur bataille de l'absurde. Le fantastique croise tout de m�me le r�alisme et c'est alors que nos papilles s'affolent.
Funambule sur la folie ordinaire
La rivalit� qui anime les deux docteurs maboules engage le lecteur sur le fil de la v�rit� de la faune humaine qui cohabite sans se comprendre. Une guerre anim�e par des fondements peu explicit�s par le narrateur mais qui transpirent absolument. Savoir de quel c�t� se place l'auteur ne nous importe peu. Nous voyons simplement des ressentiments tr�s profonds entre un homme que l'auto-satisfaction rend dingue et un homme que l'apathie et le poids des origines rendent parano�aque. Ces hommes cens�s r�soudre les folies humaines tombent banalement dans une cruaut� et une �nigme � base de complot sioniste sans grand raisonnement et de haine cauchemardesque.
Self nous invite �galement subtilement � r�fl�chir sur le faux-semblant de la sociabilit� actuelle � travers la figure du path�tique ami-ennemi qui ne trouve pas d'autre moyen pour se croire vivant que d'op�rer une transmutation vers la folie de cet autre qui vit sous ses yeux avec qui il entretient depuis des ann�es une � d�testation mutuelle � non avou�e.
Une distance s'installe entre l'intimit� des personnages et l'universalit� du propos, ce qui donne � Self toutes les armes pour satisfaire le lecteur � qui l'�criture d�jant�e n'est pas suffisante. Malheureusement, ce propos de type nihilisme scandaleux devient de plus en plus banalis�, et ce roman ne provoque pas l' effet d'une bombe comme ont pu le faire les sorties de La th�orie quantitative de la d�mence ou des Grands Singes.
Apr�s avoir surmont� la fin du roman, qui d�gringole vers l'hallucination acide, nous refermons les pages ,remettons nos neurones en places. Ce roman, gouvern� par les d�it�s ravageuses, N�m�sis et David, nous offre une peinture couleur sang de ce monde qui marche sur la t�te, dans lequel les fous s'av�rent moins d�rang�s que les docteurs, pauvres petits bonhommes victimes de leurs ambitions maladives et de leurs convictions sectaires.
L'�criture de Self reste un plaisir, entre bordel bien agenc�, soup�on d'humour cinglant et phras� brillant. Olivia Michel
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